Jacques Duby une figure discrète et talentueuse du cinéma et théâtre français
Jacques Duby, né le 7 mai 1922 à Toulouse et mort le 15 février 2012 à Paris, fut un acteur français au charme singulier. Connu pour ses rôles de personnages naïfs ou fragiles, il a marqué le théâtre, le cinéma et la télévision pendant cinq décennies.
Fils d’un médecin toulousain, Jacques Charles Stanislas Duby rêve d’être vétérinaire. Mais sa timidité maladive le fait échouer au bac. Son père, critique dramatique, l’inscrit au conservatoire d’art dramatique de Toulouse pour vaincre ce trait.
Après deux mois de cours, Duby gagne en assurance et abandonne son rêve de vétérinaire pour devenir comédien. Il monte à Paris, intègre le Conservatoire national sous la tutelle de Pierre Dux et forge son talent.
Marié à la comédienne Renée Sallabert (1923-2012), Duby a deux filles, Henriette (1943) et Isabelle (1951). Discret, il évite les projecteurs hors scène. Le couple traverse la guerre, Duby se cachant à Paris pour échapper au STO.
Duby brille surtout sur les planches. Il fonde en 1945 la compagnie Le Grenier de Toulouse avec Maurice Sarrazin. Il excelle dans des pièces de Marcel Aymé (Clérambard, 1954), Félicien Marceau (L’Œuf, 1956) ou Jean Anouilh.
Son flegme et son humour subtil lui valent le surnom d’« Alec Guinness français » par le critique Robert Tréno en 1956, comparant son jeu à celui de Buster Keaton pour son rôle dans L’Œuf.
Dès les années 50, Duby s’impose comme un second rôle incontournable. Il joue le mari cocu dans Thérèse Raquin (1953) de Marcel Carné, aux côtés de Simone Signoret et Raf Vallone.
Acteur fétiche de Julien Duvivier, il tourne dans L’Homme à l’imperméable (1956), Pot-Bouille (1957) et Boulevard (1960). Il travaille aussi avec André Cayatte (Le Dossier noir, 1955) et Henri Verneuil (Le Clan des Siciliens, 1969).
Duby incarne des personnages variés, souvent fragiles ou loufoques : le jockey dans Courte tête (1956), l’artiste homosexuel dans Boulevard (1960), ou l’agent immobilier dans Le Coup de sirocco (1979).
Dans les années 80, il gagne en popularité avec le rôle du maire Paul Cruchon dans la série Maguy (1985-1994), aux côtés de Rosy Varte. Il apparaît aussi dans Claudine, Maigret et Catherine.
Sa diction vive le mène à enregistrer des œuvres pour Disney, des poèmes (comme Les Colchiques d’Apollinaire) et des émissions radiophoniques. Il narre aussi L’Île au trésor en audiobook en 2011.
En 1968, Duby tourne une pub pour Boursin, répétant le nom de la marque 18 fois. Ce spot, l’un des premiers diffusés à l’ORTF, reste célèbre et marque les esprits.
Amoureux de la poésie, Duby aimait lire et déclamer des vers. Sa passion pour le théâtre reflétait son attachement à la langue française. Il restait attaché à Toulouse, où il revenait souvent.
Sa timidité, bien que surmontée, le rendait parfois distant. Certains collègues le trouvaient réservé, voire effacé en dehors des plateaux, ce qui limitait peut-être sa notoriété.
Lors du tournage de Thérèse Raquin, Duby, impressionné par Signoret, bafouillait ses répliques. Elle l’a aidé à se détendre en partageant un verre après les prises, révélant sa générosité.
À partir des années 70, ses rôles au cinéma se raréfient, mais il reste actif au théâtre (Au théâtre ce soir) et à la télévision. Sa dernière apparition est dans Je reste ! (2003) de Diane Kurys.
Retiré des écrans après 2003, Duby vit une retraite discrète à Paris avec sa femme. Il se consacre à sa famille et à la lecture, évitant les mondanités. Il meurt en 2012, trois mois avant ses 90 ans.
Jacques Duby laisse une filmographie riche (plus de 100 films) et un souvenir d’acteur sensible, capable d’incarner des rôles complexes avec finesse. Sa voix et son jeu théâtral restent mémorables.
À sa mort, peu de médias lui rendent hommage, au grand dam des fans. Pourtant, son travail, de Thérèse Raquin à Maguy, continue d’inspirer les amateurs de cinéma et théâtre français.
Jacques Duby, par sa modestie et son talent, incarne une époque dorée du cinéma français. Second rôle par excellence, il a su, avec délicatesse, faire briller les autres tout en laissant sa marque.
- 1951 : Trois femmes d'André Michel : Antoine Boitelle
- 1952 : Casque d'Or de Jacques Becker : l'un des hommes du groupe d'amis (non crédité)
- 1953 : Thérèse Raquin de Marcel Carné : Camille Raquin
- 1953 : Avant le déluge d'André Cayatte : un manifestant
- 1954 : Huis clos de Jacqueline Audry : le mari de Florence
- 1954 : Les Impures de Pierre Chevalier : Fernand, le pianiste
- 1954 : Escale à Orly de Jean Dréville : le scénariste
- 1955 : Frou-frou d'Augusto Genina : le chasseur du restaurant russe
- 1955 : Le Dossier noir d'André Cayatte : Flavier
- 1955 : Les salauds vont en enfer de Robert Hossein : Georges Bagot
- 1955 : Rencontre à Paris de Georges Lampin : le pasteur
- 1956 : C'est arrivé à Aden de Michel Boisrond : Gremilly
- 1956 : Mitsou de Jacqueline Audry : Raphaël
- 1956 : L'Homme à l'imperméable de Julien Duvivier : Maurice Langlois
- 1956 : Courte Tête de Norbert Carbonnaux : Amédée / Teddy Morton
- 1957 : Pot-Bouille de Julien Duvivier : Auguste Vabre
- 1958 : Prisons de femmes de Maurice Cloche : René
- 1958 : Christine de Pierre Gaspard-Huit : Joseph Binder
- 1960 : Une gueule comme la mienne de Frédéric Dard : Jacques Médina
- 1960 : La Française et l'Amour, skech L'Enfance d'Henri Decoin : M. Victor
- 1960 : Boulevard de Julien Duvivier : Giuseppe Amato, un peintre
- 1964 : Requiem pour un caïd de Maurice Cloche : Dominique
- 1966 : Le Plus Vieux Métier du monde, sketch Aujourd'hui de Claude Autant-Lara : le gendarme
- 1969 : Le Clan des siciliens d'Henri Verneuil : Rovel
- 1969 : Gonflés à bloc (Monte Carlo or Bust!) de Ken Annakin : un gendarme à moto
- 1970 : Qui ? de Léonard Keigel : l'invité
- 1970 : Les Novices de Guy Casaril : le chauffeur d'ambulance
- 1973 : Piaf de Guy Casaril : Julien
- 1974 : Vos gueules, les mouettes ! de Robert Dhéry : le gardien du phare
- 1974 : Un linceul n'a pas de poches de Jean-Pierre Mocky : Eckmann
- 1975 : Soldat Duroc, ça va être ta fête de Michel Gérard : Walter Diemann
- 1975 : Le Faux-cul de Roger Hanin : le croque-mort
- 1978 : Le Coup de sirocco d'Alexandre Arcady : un agent immobilier
- 1989 : Feu sur le candidat d'Agnès Delarive : Jacky Larivière
- 1990 : Lacenaire de Francis Girod : Marmignat
- 2003 : Je reste ! de Diane Kurys : le voisin du dessous

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire