Vu le film Le Chien des Baskerville (1958) avec Peter Cushing Christopher Lee André Morell Maria Landi David Oxley John Le Mesurier Sam Kydd Miles Malleson
Au cœur du Londres brumeux du XIXe siècle, un aristocrate meurt dans des circonstances troubles. La légende d’un chien démoniaque rôdant dans la lande hante les esprits. Le docteur Mortimer fait appel au célèbre détective Sherlock Holmes pour veiller sur Sir Henry Baskerville, héritier du défunt. Holmes, accompagné de son fidèle Watson, se rend dans le Devonshire, où les landes sinistres, les hurlements nocturnes, les empreintes de chien géant et les secrets de famille forment un décor propice à l’effroi. Adapté du plus célèbre roman de Sir Arthur Conan Doyle, Le Chien des Baskerville n'est pas seulement une intrigue policière, mais aussi une immersion dans l'angoisse gothique.
Le film de Terence Fisher, produit par les mythiques studios Hammer, est un sommet du cinéma de genre. Ado, je me souviens être resté littéralement scotché au fauteuil rouge du Brady, fasciné, glacé, hypnotisé. Fisher, véritable maître de l’horreur victorienne, ne se contente pas de mettre en scène une enquête : il bâtit une atmosphère. Brume épaisse, vent hurlant dans les branchages, silhouettes menaçantes dans les couloirs, tout concourt à faire de ce film une œuvre quasi cauchemardesque, un théâtre de l’épouvante enveloppé dans l’élégance british.
Christopher Lee, loin de son rôle iconique de Dracula, incarne ici un Sir Henry à la fois noble et vulnérable, cible idéale de la malédiction. Peter Cushing, lui, campe un Sherlock Holmes racé, sec, méthodique, un peu arrogant parfois, mais toujours captivant. Leur duo incarne à lui seul la quintessence de la Hammer : entre raffinement et tension, entre classicisme et étrangeté. Rarement le détective aura été joué avec autant de précision, de nerf, et de présence.
Ce qui frappe ici, c’est le soin apporté à l’ambiance : l’architecture du manoir Baskerville, son escalier sinueux, ses murs ornés de portraits et de tapisseries sombres, deviennent presque un personnage à part entière. La lande elle-même est une entité vivante, inquiétante, faussement déserte. La musique, tantôt stridente, tantôt rampante, enveloppe chaque scène d’un voile d’angoisse. Fisher joue avec les ombres, mais sans jamais verser dans l’obscurité totale : on voit tout, mais on tremble quand même. Le macabre est là, palpable, mais sans surenchère.
Le film se démarque aussi par sa lisibilité. L’intrigue, pourtant retorse chez Conan Doyle, est rendue ici fluide et accessible. Chaque personnage secondaire – domestique à la mine trouble, paysan taciturne, héritière silencieuse – ajoute sa pierre à l’édifice du suspense. Tout semble fonctionner comme une horloge anglaise, réglée pour faire monter l’angoisse jusqu’à l’apparition finale du chien – superbe effet visuel pour l’époque, digne des meilleurs effets Hammer.
Le Chien des Baskerville de Terence Fisher n’est pas seulement une adaptation réussie, c’est une œuvre d’art gothique. Elle mélange le mystère littéraire, l’épouvante classique et une mise en scène élégante, presque baroque. À la fois récit policier, conte de malédiction et théâtre d’ombres, le film conserve un charme puissant, indémodable.
Ce n’est pas une simple relecture du roman, c’est une véritable transmutation par le cinéma. La Hammer y insuffle sa patte, et Fisher y pose la quintessence de son style : raffiné, inquiétant, mais toujours lisible. À ceux qui n’ont pas encore vu ce film, je dirais ceci : entrez dans la lande, suivez les traces sur la tourbe, mais gardez une bougie à la main… et votre souffle.
NOTE : 15.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Terence Fisher[]
- Les assistants du réalisateur : Peverall et Hugh Harlow
- Scénario : Peter Bryan, d’après le roman éponyme d’Arthur Conan Doyle[]
- Production : Michael Carreras, Anthony Hinds, Anthony Nelson Keys et Kenneth Hyman
- Société de production : Hammer Film Productions[3]
- Musique : James Bernard]
- Photographie : Jack Asher[]
- Les opérateurs de la caméra (cadreur) : Len Harris
- Format : Couleur Technicolor au 1.66:1 – Son : monophonique (RCA Sound Recording System) sur 35 mm.
- Ingénieur du son enregistrement : Jock May et les prises du son : Jim Perry
- Montage : Alfred Cox
- Décors : Bernard Robinson
- Costumes : Molly Arbuthnot
- Peter Cushing[] (VF : Jacques Beauchey) : Sherlock Holmes
- André Morell[] (VF : Jacques Berlioz) : le docteur Watson
- Christopher Lee[] (VF : Bernard Dhéran) : Sir Henry Baskerville
- Marla Landi (en) (VF : Nadine Alari) : Cecile Stapleton
- David Oxley : Sir Hugo Baskerville (VF Bernard Dhéran)
- Francis De Wolff (VF : Paul Bonifas) : le docteur Mortimer
- Miles Malleson (VF : Camille Guérini) : Bishop Frankland
- Ewen Solon (VF : Stéphane Audel) : Stapleton
- John Le Mesurier (VF : Pierre Leproux) : Barrymore
- Helen Goss (en) (VF : Hélène Tossy) : Mme Barrymore
- Sam Kydd (VF : Jean Daurand) : Perkins
- Michael Hawkins : Lord Caphill
- Judi Moyens : la bonne
- Michael Mulcaster : le prisonnier
- David Birks : le serviteur

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