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jeudi 19 juin 2025

14.80 - MON AVIS SUR LE FILM LE CHACAL DE FRED ZINNEMAN (1973)


 Vu le film le Chacal de Fred Zinneman (1973) avec Edward Fox Michael Lonsdale Olga Georges Picot Delphine Seyrig Adrien Cayla-Legrand Michel Auclair Tonny Briton Derek Jacobi Jean Sorel Philippe Léotard 

(Plusieurs scènes d’escalier dans le film, mais celle que je retiendrai, c’est celle de la fin du film, dans cet immeuble ou le tueur a pris position, tout d’abord quand il monte les marches avec ses béquilles et surtout Lebel qui doit les monter quatre à quatre où le temps est compté avant que le tueur tire) 

En août 1962, après une tentative ratée d'assassinat du général de Gaulle, l'OAS accuse le coup. A la tête de l'organisation, le colonel Rodin décide d'engager dès lors un tueur professionnel sans attache ni lien avec le monde extérieur, et c'est en échange de 500.000 dollars qu'il trouve l'homme de la situation, 'le Chacal'. Pour déjouer ce complot, l'inspecteur Lebel mène l'enquête et tente le tout pour le tout afin de démasquer le nouvel agent de l'OAS 

Adaptation du roman de Frederick Forsyth, lui-même inspiré par l’attentat raté du Petit-Clamart contre de Gaulle en 1962, le film imagine une contre-histoire glaçante : et si l’OAS, humiliée par l’échec, avait engagé un tueur professionnel, solitaire, méticuleux, pour réussir là où les activistes ont échoué ? 

Ce qui frappe d’emblée, c’est la sécheresse du récit. Pas de romantisme de la cause perdue, pas d’explication psychologique : Le Chacal avance comme une horloge suisse, à la fois dans la planification du tueur que dans l’enquête pour le retrouver. Le suspense ne repose pas, comme sur le « s’il va réussir », mais sur le comment on peut arrêter un fantôme. Et même s’il y a des grosses ficelles ou des coups de bol (le type qui reconnaît le Chacal dans un hôtel, sérieusement ?), on est tellement pris par la narration rigoureuse que ça fonctionne. 

Edward Fox incarne un tueur clinique, élégant, glacial, sans passé — une sorte d’ancêtre du Terminator, mais british. Ce n’est pas un méchant de bande dessinée, c’est pire : un professionnel payé pour tuer, sans haine, sans plaisir, sans remords. Un tueur d’élite que le film ne cherche ni à glorifier ni à condamner, mais à observer avec fascination. 

Michel Lonsdale en Lebel, flic besogneux, méthodique, discret, incarne une figure anti-spectaculaire de l’enquêteur. Pas un héros flamboyant, mais un fonctionnaire de l’intelligence, qui finit par resserrer l’étau. L’efficacité finale de la police, semble presque miraculeuse tant on la montre à la peine. Mais cette forme de lenteur bureaucratique finit par triompher — et c’est une leçon politique en soi. 

Ce qui fait la saveur du film, c’est justement qu’on ne comprend pas tout. Qui est vraiment derrière ? Pourquoi à ce moment-là ? On ne sait pas, ou à peine. Comme dans les grands films de complot (on pense à Z ou Les Trois jours du Condor), le mystère est un moteur narratif plus qu’un sujet d’explication. Et au fond, ce n’est pas grave : la mécanique dramatique fonctionne, et le spectateur est embarqué dans cette course entre deux intelligences, deux logiques. 

 

Le Chacal est un modèle d’efficacité narrative, à l’ancienne, tendu comme un arc. On sait que l’attentat n’aura pas lieu (et Zinnemann ne joue jamais la carte du suspense artificiel), mais ce n’est pas le but. Ce qui importe, c’est l’obsession du détail, la précision du geste, et cette confrontation à distance entre un homme sans visage et une machine policière lente mais inexorable. Un film qui ne cherche pas à expliquer l’Histoire, mais à raconter une version crédible de ce qu’elle aurait pu être — et qui, cinématographiquement, frappe juste. 

NOTE : 14.80

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