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vendredi 13 juin 2025

13.20 - MON AVIS SUR LE FILM ANGELIQUE MARQUISE DES ANGES DE BERNARD BORDERIE (1964)


 Vu le film Angélique Marquise des Anges de Bernard Borderie (1964) avec Michelle Mercier Robert Hossein Guillamo Gemma Jean Rochefort Claude Giraud Jacques Toja Jacques Castelot Charles Régnier Madeleine Lebeau Philippe Lemaire François Maistre Jean Pierre Castaldi 

Fille du baron de Sancé de Monteloup, élevée très librement, Angélique côtoie les jeunes gens de son âge, notamment Nicolas, son ami d'enfance, qu'elle ne laisse pas indifférent. Afin de parfaire son éducation, son père la confie à son cousin et voisin le marquis du Plessis. Raillée par le fils de celui-ci, qui l'appelle la « marquise à la triste robe », Angélique, en fuyant, entre malencontreusement dans la chambre du Prince de Condé et y surprend le complot d'empoisonnement qui se trame contre le Roi Louis XIV, son frère et Mazarin, et dont Fouquet est l'un des instigateurs. 

Une tornade rousse, un siècle de feu et une épopée de cape et d'épée. Voilà comment on pourrait résumer le souffle romanesque d’Angélique, Marquise des Anges, film d’aventures emblématique des années 60, qui fit chavirer des millions de spectateurs et lança une des plus grandes sagas populaires du cinéma français. 

Nous sommes au XVIIe siècle, en pleine monarchie de Louis XIV. La jeune Angélique de Sancé de Monteloup, noble désargentée mais fougueuse et entêtée, est contrainte d’épouser un mystérieux seigneur : Joffrey de Peyrac, homme savant, riche, plus âgé, balafré, soupçonné de sorcellerie, qu’elle méprise… avant de découvrir sa grandeur d’âme. Du rejet à la passion, le parcours amoureux d’Angélique s’écrit au rythme d’un monde en mutation, dans lequel la beauté, la science, la religion, la cour et les complots s’entrechoquent. 

L’histoire prend rapidement une tournure dramatique lorsque Joffrey, malgré ses qualités, est accusé par l’Inquisition et victime d’un procès injuste. Condamné, brûlé vif, il laisse Angélique seule et révoltée. Dès lors, sa trajectoire devient celle d’une femme libre, qui se bat dans un monde d’hommes pour survivre, protéger ses enfants et poursuivre la trace de son amour disparu. Elle traverse les bas-fonds de Paris, fréquente les cabarets, s’acoquine avec des brigands, résiste aux avances de nobles corrompus, puis revient triomphante à la cour du roi. 

Michèle Mercier, en Angélique, crève l’écran. Elle incarne avec sensualité et panache une héroïne qui refuse d’être une simple proie dans un monde féodal. Elle est à la fois farouche, courageuse, passionnée et lumineuse. Ses longs cheveux roux, sa silhouette élancée, ses regards pleins de feu sont devenus une icône. Rarement une actrice aura autant habité son rôle. À tel point qu’elle y sera presque enfermée, tant Angélique a éclipsé tous les autres rôles de sa carrière. 

Autour d’elle, la galerie de personnages est tout aussi flamboyante : 
Robert Hossein campe un Joffrey de Peyrac ténébreux, à la croisée entre le gentilhomme éclairé et le héros romantique. 
Giuliano Gemma incarne le charmant voleur Calembredaine, premier amour d’enfance devenu bandit de grand chemin, qui incarne la légèreté face à la gravité de Peyrac. 
Et l’on croise toute une cohorte de visages familiers du cinéma français : Claude Giraud, Jean Rochefort, Jacques Toja, jusqu’à le Roi Soleil lui-même, Louis XIV, dans une cour saturée de luxe et de duplicité. 

Le film est un festival de décors somptueux, de costumes chatoyants, de cavalcades échevelées, de duels épiques, de passions contrariées et de tragédies flamboyantes. Il y a du Dumas, du Rochefort, du Corneille, du cinéma populaire dans sa plus belle définition. Tout est pensé pour offrir au public l’évasion totale, le souffle de l’aventure, avec un style assumé, presque baroque. 

Le succès est immédiat : Angélique, Marquise des Anges attire des millions de spectateurs, en France comme à l’étranger. Le film inaugure une série de quatre suites (Merveilleuse Angélique, Angélique et le Roy, Indomptable Angélique, Angélique et le Sultan), qui suivront l’héroïne dans de nouveaux périls, jusqu’en Orient. Chaque épisode renforce la légende. 

Mais ce premier opus reste le plus fort, le plus équilibré : celui de la transformation, de la découverte de l’amour dans la douleur, et de la naissance d’une héroïne plus grande que son époque. 

 
Angélique est une œuvre généreuse, haletante, sensuelle, portée par une actrice inoubliable et une mise en scène qui assume le romanesque pur. Un film qui, pour beaucoup, a été la porte d’entrée vers le cinéma de cape et d’épée, mais aussi une première émotion de spectateur. On ne regarde pas Angélique, on y plonge, et on s’en souvient. Parce qu’elle court, crie, rit, aime, résiste — et qu’elle emporte tout sur son passage. 


NOTE : 13.20


FICHE TECHNIQUE


 


DISTRIBUTION

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