Vu le film Un Monde Violent de Maxime Caperan (2025) avec Félix Maritaud Kacey Mottet Klein Olivia Côte Yannick Choirat Eric Caraveca Bonnie Duvauchelle Patrick Ligardes
Une nuit, en pleine campagne, deux frères braquent un camion de smartphones destinés à l'entrepôt où ils travaillent comme magasiniers. Sam, le cadet, y voit l'occasion d'échapper à une vie déjà écrite, de partir vite et loin. Paul, son aîné, est moins sûr de vouloir tout plaquer depuis qu'il a développé des sentiments pour Suzanne, leur complice. Au matin, le routier est retrouvé mort. Cet événement va chambouler leurs plans et les plonger dans une spirale de violence.
Un polar brut et intimiste signé Maxime Caperan
Un Monde Violent est un film français à la fois sobre et intense, qui s’est discrètement glissé hors des radars médiatiques habituels. Réalisé par Maxime Caperan, ce polar noir nous plonge dans le quotidien de deux frères que tout oppose mais que la vie pousse à l’extrême. Kacey Mottet Klein et Félix Maritaud, dans les rôles de ces deux jeunes hommes, livrent une prestation d’une authenticité saisissante, apportant une épaisseur rare à un récit qui aurait pu sombrer dans le cliché.
L’histoire est simple, presque crue : deux frères, clairement paumés dans une société qui ne leur laisse pas beaucoup de place, tentent de changer leur sort en braquant un camion. Ce geste désespéré, porteur d’un espoir fragile, tourne au drame quand l’un des chauffeurs est tué. S’ensuit une course haletante pour échapper à la police, mais aussi pour tenir à flot leur propre humanité, mise à rude épreuve.
Ce qui frappe dans Un Monde Violent, c’est cette atmosphère âpre et sombre où chaque plan semble chargé d’une tension sourde. Le film ne cherche jamais à embellir ses personnages : ce sont des êtres à la marge, fragiles, instables, au bord de l’implosion. Ce réalisme brutal est porté avec conviction par Mottet Klein et Maritaud, dont les performances sont le véritable moteur émotionnel du film.
Kacey Mottet Klein, connu pour ses rôles intenses dans des drames sociaux, incarne avec une finesse remarquable un jeune homme partagé entre rage et vulnérabilité. Sa gestuelle retenue, son regard souvent fuyant, expriment mieux que mille mots le poids de l’injustice et le désespoir latent. À ses côtés, Félix Maritaud apporte une force brute et un souffle viscéral au rôle de son frère. Maritaud, habitué des rôles où il explore la complexité des émotions à fleur de peau, trouve ici un personnage tout aussi torturé et attachant. Leur dynamique à l’écran, faite de silences lourds et de confrontations tacites, donne au film une tension psychologique palpable, presque tangible.
Malgré ses qualités, Un Monde Violent laisse tout de même un goût d’inachevé, notamment dans le développement de ses personnages. On aurait aimé que le film s’attarde un peu plus sur leurs passés, leurs rêves et leurs failles. Cette économie narrative, sans doute volontaire pour conserver une intensité brute, finit par limiter la portée émotionnelle de l’histoire. On reste parfois en surface, à la frontière d’une exploration plus profonde qui aurait pu offrir un éclairage plus nuancé sur ces deux frères perdus dans un monde cruel.
La mise en scène de Caperan, discrète mais efficace, privilégie les gros plans et les espaces confinés, accentuant le sentiment d’étouffement et d’urgence. La caméra suit les deux protagonistes de près, capturant leurs moindres gestes et réactions, renforçant ainsi la proximité avec leur détresse. La photographie sombre et froide accentue cette ambiance lourde, parfois oppressante, où l’espoir semble une lueur vacillante.
Un Monde Violent est un film qui mérite qu’on s’y attarde, notamment pour la justesse de ses interprètes et sa volonté de peindre sans fard une jeunesse en perdition. Il ne révolutionne pas le genre du polar, mais il se distingue par sa sincérité et son intensité. Kacey Mottet Klein et Félix Maritaud offrent à travers leurs personnages un témoignage puissant, un portrait de frères liés par le sang et la fatalité, oscillant entre la recherche d’une échappatoire et la spirale inévitable de la violence.
Un film à découvrir, à la fois pour son atmosphère singulière et pour la performance de ses comédiens, qui transcendent le matériau pour livrer une expérience cinématographique âpre et humaine
NOTE : 12.90
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Maxime Caperan
- Scénario : Maxime Caperan et Thomas Finkielkraut
- Musique : Gaspar Claus
- Décors : Lorraine Gaulier
- Costumes : Elisa Ingrassia
- Photographie : Eva Sehet
- Son : Jules Valeur, Renaud Bajeux, Agathe Poche et Paul Jousselin
- Montage : Alexandre Donot
- Production : Charles Philippe
- Sociétés de production : Les Films du Clan
- Sociétés de distribution : UFO Distribution
- Kacey Mottet-Klein : Sam
- Félix Maritaud : Paul
- Olivia Côte : Suzanne
- Bonnie Duvauchelle : Justine
- Guillaume Verdier : Vincent
- Juliette Couronné-Genard : Julie
- Lola Rebière : Sonia
- Frédéric Saurel : Yves
- Éric Caravaca : Michel
- Patrick Ligardes : Collignon
- Yannick Choirat : Capitaine Fournier
- Martine Borg : une patiente à l'hôpital
- Émilie Cazenave

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