Vu le Film Shadow Force de Joe Carnahan (2025) avec Omar Sy Kerry Washington Marvin Krondon Jones Mark Strong Nathalie Reyes Method Man Da’Vine Joy Randolph
Kyrah et Isaac étaient les chefs d'une unité spéciale internationale nommée Shadow Force. Brisant les règles, ils tombent amoureux et, pour protéger leur fils, ils disparaissent dans la clandestinité.
Il fallait s’attendre à une série B, mais Shadow Force ne mérite même pas la lettre. C’est une Z majuscule, zébrée de clichés, de bourrinage creux et de nullité assumée. Joe Carnahan, qui jadis signait Narc ou The Grey, semble avoir laissé toute ambition au vestiaire pour réaliser ici un téléfilm d’action flasque, sans idée ni tension, un mauvais patchwork de ce que le cinéma d’action américain produit de plus paresseux quand il croit que « baston + musique épique = film ». Sauf qu’ici, la baston est molle, la musique est envahissante, et le film est une punition de 90 minutes.
L’histoire ? Une ligne dans une brochure d’aéroport. Sy joue Isaac, un ancien tueur d'élite planqué avec son ex-femme (jouée par Kerry Washington, en mode automatique), et leur fils. Bien sûr, l’organisation secrète à laquelle ils appartenaient veut les éliminer. Course-poursuite, fusillades, « retournements » (tous prévisibles), dialogues d’une bêtise atterrante, et punchlines qui n’en sont pas. On dirait une mauvaise copie de Mr. & Mrs. Smith sans la classe, l’humour ou la mise en scène. C’est un mix raté entre les pires heures de Taken 3 et un épisode bas de gamme de NCIS : Mexique.
Et Omar Sy dans tout ça ? Il est censé être un genre de super soldat reconverti, barbu, musclé, regard intense. Mais son jeu est absent, son accent inadapté, ses scènes d’action téléphonées. Il se bat comme dans une pub pour une boisson énergétique, sans rage, sans impact. Pire : il est constamment sous-éclairé, mal dirigé, mal filmé. Son duo avec Washington ne prend jamais, leur complicité est mort-née, leurs scènes « familiales » font lever les yeux au ciel.
Ce film avait peut-être l’ambition de repositionner Sy dans le paysage hollywoodien en le vendant comme une alternative à Idris Elba. Le problème, c’est que Sy n’a ni la voix, ni la physicalité, ni la prestance pour porter ce genre de rôle dans ce genre de film. Et encore moins sans un scénario digne de ce nom. Résultat : un flop monumental au box-office US, ignoré en France, et un atterrissage discret sur Prime Video. Même Gulli aurait hésité à programmer ça en pleine nuit, entre un épisode de Pokémon et une rediff de Scooby-Doo.
Les dialogues sont d’une indigence rare. Il faut les entendre pour le croire :
– « Tu sais que tu m’as manqué ? »
– « Je sais. »
(Pause, regard intense, explosion en arrière-plan.)
On est en dessous des standards de M6 des années 2000. Même Le Transporteur 3 semble être du Shakespeare en comparaison.
La réalisation de Carnahan ? On cherche encore. Caméra tremblante, cuts illisibles, décors génériques (zone portuaire, entrepôts, jungle en carton), plans drones inutiles, et bruitage à saturation. Rien ne dépasse. Rien ne vit. On dirait que même l’équipe technique s’ennuyait.
Un mot sur le « méchant », au cas où vous auriez l’illusion d’une intrigue : il est interchangeable, fade, aux motivations nulles (« Tu m’as trahi » = moteur narratif). Aucun enjeu, aucune tension. Le film est un couloir plat de scènes copiées/collées de meilleurs films d’action.
C’est un désastre industriel. Pas même divertissant dans sa nullité. Pas de second degré, pas de scène à sauver, pas un seul éclat de style. Tout est mécanique, téléphoné, exsangue. À la fin, on se demande si ce n’était pas une IA qui a écrit, tourné, monté ce machin.
Shadow Force n’est pas un ratage, c’est une gifle au spectateur. Une de plus dans cette tendance cynique qui pense qu’un poster avec deux têtes connues suffit à justifier l’existence d’un film. On nous prend pour des cons, et à force, on le devient un peu — ou on zappe. À ce niveau, mieux vaut revoir un vieux Walker Texas Ranger, au moins Chuck Norris avait l’élégance d’y croire.
NOTE : 4.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Joe Carnahan
- Scénario : Joe Carnahan et Leon Chills
- Musique : Craig DeLeon
- Décors : P. Erik Carlson
- Costumes : Tiffany Hasbourne
- Photographie : Juan Miguel Azpiroz
- Montage : Kevin Hale
- Production : Sterling K. Brown, Stephen "Dr" Love et Kerry Washington
- Producteurs délégués : B. Quinn Curry, K. Blaine Johnston et Christopher Woodrow
- Sociétés de production : Simpson Street, Indian Meadows Productions et Made with Love Media
- Société de distribution : Lionsgate (États-Unis)
- Budget : 40 millions de dollar
- Kerry Washington (VF : Marjorie Frantz) : Kyrah Owens
- Omar Sy (VF : lui-même) : Isaac Sarr
- Jahleel Kamara (VF : Kaycie Chase) : Ky Sarr
- Mark Strong (VF : Éric Herson-Macarel) : Jack Cinder
- Da'Vine Joy Randolph (VF : Maëva Trioux) : « Tante » Marvella (Auntie en VO)
- Method Man (VF : Jean-Paul Pitolin) : « Oncle » Avery (Unc en VO)
- Marshall Cook (VF : Loïc Guingand) : Patrick
- Ed Quinn (VF : Raphaël Cohen) : Reggie Parker
- Krondon (en) : Eddie « Cysgod » Clanter
- Jénel Stevens-Thompson : Anino
- Sala Baker : Scath
- Natalia Reyes : Moriti
- Yoson An (en) : Varjo
- Jake Tapper (VF : Gilles Sallé) : lui-même
- Joe Carnahan : un agent du gouvernement (caméo)

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