Vu le film Piégés dans la Savane de Mukunda Michael Dewil (2024) avec Ryan Phillippe; Emile Hirsch ; Dylan Flashner; Tristan Thompson ; Jeremy Tardy ; Michaela Sasner; Mena Suvari
"Quand le lion dort, le spectateur s'endort."
Il y a des films qui rugissent, et puis il y a Piégés dans la savane, qui miaule comme un chat enrhumé dans un faux décor de savane. À l’annonce du pitch — des personnages perdus dans la savane, un crash d’avion, des prédateurs qui rôdent —, on espérait un thriller de survie haletante, quelque part entre The Ghost and the Darkness et Cujo version fauve. Mais au lieu d’être dévoré par le suspense, on se fait grignoter par l’ennui. Et sans sel.
L’histoire tient en une ligne : après un crash d’avion aussi crédible qu’un stage de pilotage dans un Kinder Surprise, un groupe d’humains affronte la nature sauvage et, surtout, sa propre bêtise. Car ici, le plus grand danger n’est pas le lion, ni les hyènes, ni la chaleur africaine, mais bel et bien les décisions absurdes des personnages. L’un ne peut plus marcher ? Pas grave, il se lève trois scènes plus tard pour faire du kung-fu sur des hyènes numériques. Le "méchant" veut soudain se racheter et se suicide sans raison, dans une scène aussi mal écrite qu’elle est mal jouée. À ce niveau, on frôle la satire involontaire.
On ne sait même pas par où commencer avec le scénario, tant il semble improvisé au fond d’un bar, un soir d’open-mic. Les dialogues sont plats comme la plaine du Serengeti après un incendie. Chaque personnage est une coquille vide, une fonction scénaristique sans chair : la femme blessée, le héros sans charisme, l’antagoniste de pacotille, tous joués par des acteurs perdus dans ce désert comme s’ils cherchaient le téléprompteur.
Mais le plus savoureux — et on pèse le mot —, c’est la production. Le crash d’avion semble tourné dans un bac à sable, avec une épave en polystyrène peinte au Posca. Les effets spéciaux font honte à un jeu PlayStation 2, les animaux sont animés à la truelle et jamais crédibles une seule seconde. Les lions sont invisibles, les hyènes sont en CGI de solde, et l’on n’a même pas droit à un bon vieux plan large à couper le souffle. La savane filmée ici semble avoir été trouvée dans le jardin d’un hôtel sud-africain trois étoiles. On sent le budget microscopique, mais surtout l'absence de talent pour le magnifier.
Mukunda Michael Dewil, qui avait déjà pondu quelques séries B bancales (Vehicle 19, The Immaculate Room), signe ici ce qui ressemble à une punition pour le spectateur. Il y avait pourtant matière à faire quelque chose d'efficace avec un décor simple, une menace animale, une tension de survie. Mais rien n'est jamais tenu. Tout s'effondre, et pas seulement la carcasse d’avion en carton.
Il y a un moment où l’on se demande si le film n’est pas une comédie cachée. Un pastiche raté de survival movie ? Une commande Netflix oubliée dans un coin du serveur ? Un long-métrage IA échappé d’un laboratoire secret ? On se pose beaucoup de questions. La seule réponse claire, c’est que ce naufrage cinématographique ne mérite même pas une diffusion nocturne sur NRJ12.
On nous promettait le lion, on a eu le dindon. Pas un frisson, pas une once d’angoisse, pas une émotion sincère. Juste de la gêne. Et de la honte pour les hyènes numériques, dont la seule victime réelle est le spectateur.
NOTE : 6.10
DISTRIBUTION
Ryan Phillippe;
Emile Hirsch;
Dylan Flashner;
Tristan Thompson;
Jeremy Tardy;
Michaela Sasner;
Mena Suvari

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