Avis sur le film The Amateur de James Hawes (2025) avec Rami Malek Rachel Brosnahan Jon Bernthal Catriona Balfe Laurence Fishburne Holt McCallany Julianne Nicholson Alice Hewkin
Charlie Heller est un décodeur brillant, mais profondément introverti de la CIA qui travaille dans un bureau au sous-sol du quartier général de Langley. Sa vie est bouleversée lorsque sa femme est tuée dans un attentat terroriste à Londres.
J’ai avec Rami Malek depuis Bohémian Rhapsody , une aversion avec cet acteur, le même jeu figé, les mêmes tics, ce regard de poisson mort qui veut signifier "intensité", cette diction hachée comme s’il mâchait chaque syllabe dans l’espoir d’y mettre du sens. Voilà ce qui me sort totalement du film The Amateur de James Hawes. Et pourtant, sur le papier, tout y est : un pitch de thriller paranoïaque à l’ancienne, des enjeux forts (cyberterrorisme, vengeance personnelle, manipulations institutionnelles), une mise en scène soignée, une ambiance de plus en plus rare dans les blockbusters actuels — plus cérébrale, plus lente, plus tendue. Mais il suffit parfois d’un maillon faible pour faire vaciller l’ensemble, et ici ce maillon, c’est Malek.
L’histoire a pourtant de quoi séduire : un cryptanalyste de la CIA (Malek), rongé par le chagrin après la mort de sa femme dans un attentat, décide de traquer lui-même les responsables, bravant sa hiérarchie et les protocoles. L’homme devient alors à la fois chasseur et gibier, et s’enfonce dans une spirale où plus personne ne sait qui manipule qui. Le film joue habilement sur cette tension intérieure/extérieure, dans une veine qui évoque à la fois The Conversation, Marathon Man ou même Les Trois jours du Condor. James Hawes, réalisateur britannique venu de la télé (Black Mirror, Slow Horses), filme tout cela avec une certaine classe : peu d’esbroufe, un soin apporté à la lumière, des cadres précis, et un rythme qui préfère l’étirement à l’hystérie.
Mais voilà : difficile d’embarquer quand on ne croit pas une seconde à son héros. Là où il aurait fallu un comédien trouble, ambigu, capable de faire sentir l’homme ordinaire broyé par la machine et poussé au bord du gouffre, on se retrouve avec une interprétation étrangement inerte, presque robotique. Malek ne parvient ni à susciter l’empathie, ni à incarner une colère contenue. On le regarde courir, taper sur un clavier, froncer les sourcils, mais jamais on ne sent la chair ni l’âme de son personnage. Il reste extérieur à son rôle, comme s’il rejouait une partition apprise phonétiquement.
C’est d’autant plus dommage que tout autour, le film tient la route. Les seconds rôles sont solides, la tension politique monte crescendo, et l’on devine une vraie réflexion sur la surveillance, la vengeance privée, et la faillite morale des grandes institutions. Il y a même des séquences réussies, visuellement audacieuses ou émotionnellement tendues, mais elles sont sans cesse affaiblies par cette absence de point d’ancrage humain crédible.
Est-ce la faute de Malek uniquement ? Peut-être pas. Le scénario, parfois trop explicatif, alourdit certains dialogues. Et le choix d’un héros "amateur" aurait nécessité un acteur plus incarné, plus ancré dans la vulnérabilité ou la maladresse. Ici, l’amateurisme est théorique, jamais tangible.
The Amateur est un film qu’on aurait aimé aimer. Il a tout pour plaire aux amateurs de thrillers d’espionnage sérieux, et James Hawes montre une vraie main de cinéaste. Mais il manque cette étincelle humaine qui aurait pu en faire autre chose qu’un exercice de style bien tenu. Peut-être que d’autres y verront un beau retour à un cinéma d’angoisse feutré et intelligent — et tant mieux pour eux. Moi, je reste à la porte, en partie à cause de cette présence fantomatique qui, depuis Bohemian Rhapsody, semble creuser dans chacun de ses rôles le tombeau de mes illusions.
Un film estimable, mais jamais bouleversant. Soigné, mais jamais viscéral. Et comme souvent, quand la tête est là mais que le cœur ne suit pas… on décroche.
NOTE : 10 40
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : James Hawes
- Scénario : Ken Nolan et Gary Spinelli, d'après le roman de Robert Littell
- Décors : Sophie Phillips
- Costumes : Suzie Harman
- Photographie : Martin Ruhe
- Montage : Jonathan Amos
- Musique : Volker Bertelmann
- Producteurs : Hutch Parker, Dan Wilson, Rami Malek et Joel B. Michaels
- Producteur exécutif : JJ Hook
- Sociétés de production : Hutch Parker Entertainment et Joel B. Michaels Productions
- Société de distribution : 20th Century Studios
- Budget : 60 000 000 $
- Rami Malek (VF : Alexis Tomassian ; VQ : Xavier Dolan) : Charles « Charlie » Heller
- Rachel Brosnahan (VF : Edwige Lemoine ; VQ : Geneviève Bédard) : Sarah Heller
- Caitríona Balfe (VF : Laura Blanc ; VQ : Véronique Marchand) : Inquiline / Davies
- Michael Stuhlbarg (VF : Jochen Hägele ; VQ : Tristan Harvey) : Horst Schiller
- Holt McCallany (VF : Éric Herson-Macarel ; VQ : Louis-Philippe Dandenault) : Alex Moore, le directeur adjoint de la CIA
- Julianne Nicholson (VF : Odile Cohen ; VQ : Catherine Proulx-Lemay) : Samantha O'Brien
- Laurence Fishburne (VF : Paul Borne ; VQ : Guy Nadon) : Robert « Hendo » Henderson
- Jon Bernthal (VF : Jérôme Pauwels ; VQ : Frédérik Zacharek) : Jackson « The Bear » O'Brien
- Adrian Martinez (VF : Emmanuel Gradi) : Carlos
- Danny Sapani (VF : Daniel Njo Lobé ; VQ : Fayolle Jean Jr.): Caleb Horowitz
- Takehiro Hira : The Professor
- Marc Rissmann (VF : Valentin Merlet ; VQ : Lucien Bergeron) : Mishka Blazhic
- Barbara Probst (VF : elle-même) : Gretchen Frank
- Joseph Millson (VF : Damien Ferrette ; VQ : Nicolas Charbonneaux-Collombet) : Ellish
- Alice Hewkin (VF : Melissa Berard ; VQ : Elisabeth Gauthier Pelletier) : Ali Park
- Henry Garrett : le chef de cabinet
- Marthe Keller : la fleuriste (caméo)

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