Vu le Film Drop Dead Darling de Ken Hughes (1966) avec Tony Curtis Rosanna Schiaffino Lionel Jeffries Zsa Zsa Gabor Nancy Kwan Anna Quayle Mischa Auer Noel Purcell Alan Gifford
Drop Dead Darling, comédie britannique réalisée par Ken Hughes, repose sur un postulat aussi simple que macabre : un homme épouse des femmes fortunées pour mieux se débarrasser d’elles. Ce genre d’idée noire aurait pu engendrer une farce au vitriol, mais le film se contente de jouer la carte du divertissement léger, à la frontière entre satire conjugale et comédie de mœurs à l’anglaise.
L’histoire suit Nick Marco, un escroc charmant mais cynique (Tony Curtis), qui, sous diverses identités, épouse plusieurs femmes dans le seul but de les éliminer et d’empocher leur fortune. Mais lorsqu’il tombe sur une héritière bien plus rusée que lui, les rôles s’inversent. Il va vite découvrir que l’amour peut aussi tuer… ou du moins, rendre fou.
Le film repose essentiellement sur l’énergie de Tony Curtis, qui donne à son personnage une gouaille irrésistible, entre séduction et nervosité, mais qui ne peut hélas masquer la faiblesse du script. Si la première partie laisse espérer une mécanique burlesque à la Blake Edwards (on pense à The Great Race, ou à Sex and the Single Girl), la seconde moitié s’embourbe dans des revirements convenus, des gags en roue libre, et une confusion narrative qui finit par lasser.
On sourit, parfois, devant certains quiproquos bien huilés, ou devant les expressions mi-affligées, mi-farceuses de Curtis. On s’amuse aussi de la galerie de personnages féminins caricaturaux mais bien campés, notamment Zsa Zsa Gabor en veuve rose bonbon et féminine jusqu’à l’excès. Cependant, on reste sur sa faim : l’écriture manque cruellement de mordant. Le film refuse d’être vraiment noir, refuse d’être vraiment fou, et peine à choisir son ton.
Le burlesque fonctionne par éclats. Une scène en particulier, où Nick tente de se débarrasser de sa dernière épouse tout en évitant ses autres veuves, offre un beau moment de chaos chorégraphié. Mais ces sommets sont rares. Le reste du temps, le rythme s'étiole, les gags tombent à plat ou se répètent, et l’ironie mordante qui pourrait faire tout le sel d’un tel sujet reste trop gentille, trop bien élevée.
Visuellement, le film est soigné, très marqué par son époque : décors pop, robes criardes, cadrages propres. C’est une comédie d’après-guerre qui veut flirter avec le swinging London mais reste engluée dans les conventions hollywoodiennes. Ken Hughes, pourtant bon technicien (Chitty Chitty Bang Bang, ce sera lui deux ans plus tard), ne parvient jamais à transformer le film en farce jubilatoire.
À force de ne pas choisir entre la comédie noire, la satire sociale et le vaudeville, Drop Dead Darling finit par s’enliser dans un entre-deux mou. Cela reste très regardable, notamment grâce à l’abattage de Curtis et à quelques situations cocasses. On ne s’ennuie jamais tout à fait, mais on ne rit pas vraiment non plus.
Au final, on retient surtout un potentiel gâché : le thème de l’escroc sentimental serial-killer aurait mérité un traitement plus délirant, des dialogues plus tranchants, des retournements plus audacieux. Ce qui aurait pu devenir une comédie culte sur le crime conjugal n’est qu’un aimable divertissement, sympathique mais vite oublié. Une sucrerie légèrement rance, avec quelques bulles d’humour qui éclatent trop vite.
NOTE : 7.40
FICHE TECHNIQUE
- Titre original : Drop Dead Darling
- Réalisation : Ken Hughes
- Scénario : Ken Hughes et Ronald Harwood d'après le roman The Careful Man de Richard Deming
- Production : Ken Hughes, Richard McWhorter, Greg Morrison, Ray Stark
- Photographie : Denys N. Coop
- Musique : Dennis Farnon
- Montage : John Shirley
- Lieu de tournage : Londres ; Monaco ; Cannes
- Sociétés de production : Seven Arts Pictures[ Paramount Pictures
- Tony Curtis (VF : Hubert Noël) : Nick Johnson
- Rosanna Schiaffino (VF : Nelly Benedetti) : Francesca
- Lionel Jeffries : Parker
- Zsa Zsa Gabor : Gigi
- Nancy Kwan : Baby
- Fenella Fielding (VF : Jacqueline Porel) : Fenella
- Anna Quayle : Tante Miriam
- Warren Mitchell (VF : Gérard Hernandez) : Comte de Rienz / Maximillian
- Mischa Auer (VF : Georges Hubert) : Romeo
- Noel Purcell (VF : André Valmy) : le Capitaine Daniel O'Flannery
- Alan Gifford : le Militaire americain
- Joseph Furst : le Militaire allemand
- Monti DeLyle (VF : Maurice Chevit) : Henry, le Majordome
- Bernard Spear : l'inspecteur français
- Eileen Way (VF : Lita Recio) : la Couturière italienne
- Bruno Barnabe : le Maître d’hôtel
- Gábor Baraker : le Baron gitan
- Tony Baron : le Petit ami
- Eunice Black : la Matrone
- John Brandon : l'ingénieur radio
- Windsor Davies : ingénieur radio
- Franco De Rosa : Romano
- John Fordyce : le Garçon dans l’orphelinat
- Yole Marinelli : la Première femme de chambre
- Miki Iveria : la Deuxième femme de chambre
- Henri Vidon (VF : Richard Francœur) : le Prêtre
- Raymond Young : le Photographe
- Jacqueline Bisset : la Danseuse

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