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lundi 9 juin 2025

7.40 - MON AVIS SUR LE FILM DROP DEAD DARLING DE KEN HUGHES (1966)

 


Vu le Film Drop Dead Darling de Ken Hughes (1966) avec Tony Curtis Rosanna Schiaffino Lionel Jeffries Zsa Zsa Gabor Nancy Kwan Anna Quayle Mischa Auer Noel Purcell Alan Gifford 

Drop Dead Darling, comédie britannique réalisée par Ken Hughes, repose sur un postulat aussi simple que macabre : un homme épouse des femmes fortunées pour mieux se débarrasser d’elles. Ce genre d’idée noire aurait pu engendrer une farce au vitriol, mais le film se contente de jouer la carte du divertissement léger, à la frontière entre satire conjugale et comédie de mœurs à l’anglaise. 

L’histoire suit Nick Marco, un escroc charmant mais cynique (Tony Curtis), qui, sous diverses identités, épouse plusieurs femmes dans le seul but de les éliminer et d’empocher leur fortune. Mais lorsqu’il tombe sur une héritière bien plus rusée que lui, les rôles s’inversent. Il va vite découvrir que l’amour peut aussi tuerou du moins, rendre fou. 

Le film repose essentiellement sur l’énergie de Tony Curtis, qui donne à son personnage une gouaille irrésistible, entre séduction et nervosité, mais qui ne peut hélas masquer la faiblesse du script. Si la première partie laisse espérer une mécanique burlesque à la Blake Edwards (on pense à The Great Race, ou à Sex and the Single Girl), la seconde moitié s’embourbe dans des revirements convenus, des gags en roue libre, et une confusion narrative qui finit par lasser. 

On sourit, parfois, devant certains quiproquos bien huilés, ou devant les expressions mi-affligées, mi-farceuses de Curtis. On s’amuse aussi de la galerie de personnages féminins caricaturaux mais bien campés, notamment Zsa Zsa Gabor en veuve rose bonbon et féminine jusqu’à l’excès. Cependant, on reste sur sa faim : l’écriture manque cruellement de mordant. Le film refuse d’être vraiment noir, refuse d’être vraiment fou, et peine à choisir son ton. 

Le burlesque fonctionne par éclats. Une scène en particulier, Nick tente de se débarrasser de sa dernière épouse tout en évitant ses autres veuves, offre un beau moment de chaos chorégraphié. Mais ces sommets sont rares. Le reste du temps, le rythme s'étiole, les gags tombent à plat ou se répètent, et l’ironie mordante qui pourrait faire tout le sel d’un tel sujet reste trop gentille, trop bien élevée. 

Visuellement, le film est soigné, très marqué par son époque : décors pop, robes criardes, cadrages propres. C’est une comédie d’après-guerre qui veut flirter avec le swinging London mais reste engluée dans les conventions hollywoodiennes. Ken Hughes, pourtant bon technicien (Chitty Chitty Bang Bang, ce sera lui deux ans plus tard), ne parvient jamais à transformer le film en farce jubilatoire. 

À force de ne pas choisir entre la comédie noire, la satire sociale et le vaudeville, Drop Dead Darling finit par s’enliser dans un entre-deux mou. Cela reste très regardable, notamment grâce à l’abattage de Curtis et à quelques situations cocasses. On ne s’ennuie jamais tout à fait, mais on ne rit pas vraiment non plus. 

Au final, on retient surtout un potentiel gâché : le thème de l’escroc sentimental serial-killer aurait mérité un traitement plus délirant, des dialogues plus tranchants, des retournements plus audacieux. Ce qui aurait pu devenir une comédie culte sur le crime conjugal n’est qu’un aimable divertissement, sympathique mais vite oublié. Une sucrerie légèrement rance, avec quelques bulles d’humour qui éclatent trop vite. 

NOTE : 7.40

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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