Vu le film Un Mariage sans fin de Patrick Passir (2025) sur Prime Vidéo , avec Tarek Boudali, Camille Rowe, Youssef Hajdi Bertrand Usclat Claire Chust Marie Papillon
Lors du mariage de sa sœur dans un hôtel reculé du Maroc, Louna rencontre Paul. Rongée par l’ennui, elle se laisse séduire par ce curieux convive. Mais alors qu’ils s’apprêtent à conclure leur soirée au milieu du désert, Paul est attaqué par un mystérieux agresseur et fuit dans une grotte, suivi de près par Louna. À son réveil, elle découvre qu’elle est coincée dans une boucle temporelle avec Paul, condamnée à revivre cette journée à l’infini. Elle cherche à en sortir par tous les moyens, tandis que Paul, qui est coincé depuis plus longtemps qu’elle, la guide avec malice à travers les méandres de ce mariage sans fin. Ensemble, ils explorent cette étrange réalité, oscillant entre rires, désespoir et rapprochements imprévus. Et s’ils trouvaient, derrière l’absurdité de leur situation, une chance inespérée de donner un sens à leur existence... et peut-être même de découvrir l’amour ?
Un Mariage sans Fin de Patrick Cassir ne vole pas bas : il s’écrase. Littéralement. Et il ne s’agit pas d’un crash spectaculaire ou d’un déraillement jouissif, non. On parle ici d’un plantage mou, long, fade, sans panache, un genre de glissade désespérément lente vers le néant cinématographique. Le désert dans lequel le film se déroule devient métaphore involontaire de l’inspiration qui a déserté chaque plan, chaque réplique, chaque note de musique.
À la réalisation, Patrick Cassir semble avoir confondu caméra et photocopieuse. Tout est plat, sans relief, sans audace, sans âme. Noir, blanc, flou, comme une mauvaise impression d’un souvenir qu’on aurait préféré ne jamais avoir. On attend un éclat, une étincelle, un raté spectaculaire. Mais même l’échec ici est modeste, plan-plan, paresseux. Le film ne chute pas : il glisse sur place, comme une voiture ensablée.
Et le plus affligeant, c’est ce que le film prétend être : une adaptation. En tout petit, à peine visible, au générique de fin, on découvre qu’il s’agit en réalité d’un calque, au trait près, de Palm Springs, brillante comédie américaine avec Andy Samberg. Mais là où Palm Springs était inventive, drôle, subtile dans sa façon de jouer avec le concept de boucle temporelle et les névroses contemporaines, Cassir nous sert un remake paresseux, qui tient du copié-collé paumé. Scène par scène, décor par décor, costume par costume. Le spectateur hallucine. Est-ce une parodie ? Un exercice d’école ? Une blague méta ? Non. Juste une escroquerie artistique, une coquille vide vendue comme un film.
Le comique, dans tout ça ? Téléphoné, insistant, rance. On sent chaque gag venir comme un colis Amazon retardé. Les dialogues sonnent faux, écrits avec le dictionnaire des comédies françaises poussives : blagues de tonton, répliques surjouées, rythme inexistant. Les acteurs, pourtant pas tous débutants, errent dans des rôles qui n’en sont pas : des fonctions, des silhouettes, des bouche-trous scénaristiques. Les seconds rôles, censés apporter du sel ou du grain à moudre, tournent à vide, mécaniquement, comme des robots mal programmés.
Quant à la direction artistique, elle semble dictée par un désir absolu de neutralité. Rien ne dépasse, tout est lisse. Même le désert, pourtant grandiose dans Palm Springs, devient ici un non-lieu de tournage, ni beau, ni laid, juste là, comme un écran de veille mental. À croire que l’équipe n’a pas voulu faire trop de bruit en tournant. Résultat : aucun point de vue, aucun ton, aucune énergie.
Et puis il y a cette trahison intellectuelle, peut-être la plus gênante : faire passer pour une adaptation ce qui est une simple reproduction illégitime, sans ajout, sans lecture personnelle, sans recontextualisation. Copier n’est pas un mal en soi si on réinvente. Ici, rien ne change, sauf la langue. C’est triste pour le cinéma français, déjà souvent moqué pour ses comédies interchangeables et molles. Là, on touche le fond de la piscine en plastique : ni drôle, ni audacieux, ni sincère.
Un Mariage sans Fin, c’est donc le naufrage d’un film qui n’a jamais vraiment navigué. Un exercice de paresse maquillé en comédie, une boucle temporelle de l’ennui, une photocopie passée dans l’eau. On ressort accabler, pas parce que le film est mauvais (des mauvais films, on en voit), mais parce qu’il ne tente même pas d’exister. Le néant a rarement été aussi bien distribué en salles.
Pas de sauvetage à envisager, pas d’excuse artistique à inventer : ce film est un désastre comique, et pas dans le bon sens. Quand tu es dans le désert oublie ce mirage
NOTE : 6.60

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