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vendredi 5 septembre 2025

9.30 - MON AVIS SUR LE FILM FLIPPER DE ALAN SHAPIRO (1996)

 


Vu le film Flipper de Alan Shapiro (1996) avec Elijah Wood Paul Hogan Jessica Wesson Luke Halpin Jonathan Banks Allison Bertolino Jason Fuchs Chelsea Field 

En vacances en Floride chez l'oncle Porter, un pêcheur, le jeune Sandy tente de s'acclimater tant bien que mal à cette vie rude. Ses journées deviennent plus agréables lorsqu'il fait la connaissance d'un dauphin joueur et affectueux qu'il baptise Flipper. Dirk Moran, un pêcheur, accuse Flipper d'effrayer les poissons en bord de mer. 

Flipper le Dauphin, version cinéma sortie en 1996, appartient à cette catégorie de films qu’on aborde avec un sourire nostalgique mais qu’on quitte en se disant qu’il manquait quelque chose. Alan Shapiro adapte ici la série culte des années 60 qui avait fait rêver toute une génération, un programme télé qui sentait la mer, l’été, l’innocence et une amitié hors du commun entre un enfant et un dauphin. Sauf qu’au passage du petit au grand écran, on perd souvent la grâce fragile de l’original pour quelque chose de plus formaté. Le film, malgré toute la bonne volonté qu’on peut y mettre, en est un exemple assez typique. 

L’histoire est celle de Sandy Ricks, un adolescent envoyé passer ses vacances chez son oncle, Porter Ricks, un marin un peu bourru vivant sur une petite île de Floride. Sandy n’a pas vraiment envie d’y être : il s’ennuie, il se sent loin de ses amis, loin de la ville, coincé entre un tuteur qu’il ne connaît pas bien et un décor de carte postale qui ne lui dit rien. Jusqu’au jour où il croise la route de Flipper, un dauphin espiègle, curieux, presque humain par sa façon de communiquer. Cette rencontre va changer ses vacances — et un peu sa vie. Ensemble, le garçon et l’animal vont déjouer les plans d’un méchant local qui rejette des produits toxiques en mer, menaçant la vie marine et les plages alentour. 

Sur le papier, on est dans la formule classique du film familial : un enfant en quête de lien, un adulte qui se laisse apprivoiser, un animal intelligent, un vilain caricatural, un message écologique clair. Dans la pratique, le film repose sur deux piliers : le duo humain (Paul Hogan et Elijah Wood) et le charme naturel de Flipper. Paul Hogan, mondialement connu grâce à Crocodile Dundee, campe un oncle Porter Hicks façon “vieil aventurier détendu” : un marin cool, pas très responsable, mais avec un bon fond. Le problème, c’est que son personnage occupe trop d’espace dans un récit qui aurait dû rester centré sur l’enfant et le dauphin. Il joue sur un registre déjà trop vu, avec des clins d’œil à son personnage culte qui parasitent un peu le ton. 

À l’inverse, Elijah Wood, 15 ans à l’époque, apporte exactement ce qui manquait : une fraîcheur sincère, une émotion sans forcer, cette capacité à être crédible même dans un récit un peu artificiel. On sent déjà l’acteur sensible qu’il deviendra. Son Sandy est attachant, pas naïf mais capable d’émerveillement, et surtout crédible dans son lien avec Flipper. Il y a des scènes où son regard suffit à rendre la relation entre le garçon et l’animal plus touchante que ce que le scénario ose vraiment écrire. 

Quant à Flipper, heureusement, il ne “fait pas tilt” : on évite le côté mascotte surjouée ou le dauphin transformé en clown numérique. Les effets spéciaux restent limités, beaucoup de scènes sont tournées avec de vrais dauphins, et c’est peut-être ce qui donne encore à ce film un peu de charme aujourd’hui. Quand Flipper pousse son cri strident, ce n’est pas qu’un gag : ça rappelle les sensations simples, enfantines, la joie pure que la série télé suscitait, cette impression que la nature et l’homme pouvaient encore se comprendre, s’entraider. 

En revanche, la mise en scène reste banale, un peu paresseuse. Le méchant (interprété par Jonathan Banks, futur Mike Ehrmantraut de Breaking Bad) est tout droit sorti du catalogue des bad guys de série B : motivations faibles, dialogues convenus, présence limitée. L’intrigue écologique qui sert de toile de fond manque d’ampleur, elle donne surtout prétexte à quelques scènes de poursuite en bateau et à l’inévitable moment où Flipper sauve la situation. Tout est fonctionnel, rien n’est vraiment raté, mais rien ne décolle non plus. 

En somme, Flipper le Dauphin version 1996 est un film charmant mais sans éclat. Il se regarde avec plaisir un samedi après-midi de pluie, en se laissant bercer par l’eau turquoise, les sourires d’Elijah Wood et les bonds gracieux de Flipper. Mais il ne parvient jamais à retrouver la magie pure et simple de la série originale, celle qui faisait croire, enfant, qu’un dauphin pouvait vraiment être votre meilleur ami et que la mer cachait plus de tendresse que de danger. Alan Shapiro livre un produit sympathique, propre, jamais honteux, mais trop sage, trop calculé, trop dépendant du charisme de Paul Hogan pour vraiment exister par lui-même. 

Reste une petite bulle d’innocence, un parfum d’été, quelques éclats de rire aquatiques, un cri de dauphin qui rappelle que, parfois, la vie est belle dans le grand bleu — et c’est déjà pas si mal. 

NOTE : 9.30

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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