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vendredi 12 septembre 2025

11.30 - MON AVIS SUR LE FILM EVANOUIS DE ZACH GREGGER (2025)

 


Vu le film Evanouis de Zach Gregger (2025) avec Josh Brolin Julia Garner Alden Ehrenreich Austin Abrams Cary Christopher (Alex) Benedict Wong Amy Madigan June Diane Raphael Toby Huss Justin Long 

 

Une jeune fille raconte les évènements qui se sont déroulés dans sa ville, deux ans plus tôt, et qui ont été totalement étouffés par les médias et les autorités locales. À 2 h 17 du matin, à Maybrook, en Pennsylvanie, dix-sept enfants de la même classe de primaire quittent simultanément leur domicile et disparaissent. En se rendant en classe, leur enseignante, Justine Gandy, arrive et ne trouve qu'un seul élève, Alex Lilly. Une enquête policière est ouverte et Alex et Justine sont interrogés, mais l'enquête et les interrogatoires ne révèlent rien. Toute la ville demande des réponses et pointe du doigt la jeune enseignante, au passé trouble. 

 

Zach Cregger signe avec Évanouis (Weapons en VO) un film qui, sur le papier, avait tout pour captiver. L’idée de départ est puissante : dans une petite ville, dix-sept enfants disparaissent simultanément, à 2 h 17 du matin, comme happés hors du monde. Une nuit, un mystère, un traumatisme collectif — voilà un terrain fertile pour un grand film d’angoisse ou de thriller psychologique. 

Le problème, c’est que le film ne fait pas le choix de la clarté. Il adopte une narration éclatée, divisée en chapitres suivant différents personnages qui, de prime abord, n’ont aucun lien entre eux. On passe de l’institutrice Justine Gandy (Julia Garner), au père endeuillé Archer Graff (Josh Brolin), à un policier dépassé (Alden Ehrenreich), à des figures périphériques, dont certaines paraissent à peine liées à l’intrigue principale. 

Le principe pourrait intriguer — une mosaïque de points de vue qui finit par révéler une image d’ensemble — mais ici, cette structure agit plutôt comme un frein : chaque chapitre coupe net l’élan du précédent. On est forcé de réapprendre qui est qui, pourquoi on le suit, ce que ça apporte à l’énigme. Le film nous demande de mémoriser des bribes disparates pour les recoller plus tard, mais il ne rend pas ce travail gratifiant. 

Les personnages, malgré un casting solide (Brolin, Garner, Ehrenreich, Benedict Wong, Amy Madigan), restent étrangement en surface. Aucun n’a vraiment le temps d’exister. Même Alex Lilly, l’unique enfant qui n’a pas disparu, semble plus servir de fil rouge fonctionnel que de personnage émouvant. Son lien avec l’institutrice aurait pu être le cœur émotionnel du récit, mais le film ne s’y attarde jamais assez. 

Le ton du film accentue le malaise — mais pas celui qu’on attend d’un thriller. On ne sait jamais sur quel pied danser : est-ce une enquête dramatique sur une communauté en crise ? Un conte horrifique ? Un thriller surnaturel ? Par moments, certaines scènes flirtent avec une forme d’humour noir involontaire qui brouille encore plus la perception. Ce flou identitaire finit par vider le mystère de sa tension. 

Quant à la révélation finale — une explication vaguement liée à des pratiques vaudou, mises en scène sans profondeur — elle donne l’impression d’un dernier recours, une conclusion bricolée pour mettre un point final à un chaos narratif plus que pour apporter un véritable sens. 

On sort du film avec le sentiment d’un immense potentiel gâché : l’idée était forte, le mystère intrigant, la distribution solide, la mise en scène techniquement soignée. Mais l’émotion n’est jamais là, le suspense retombe, et le film semble plus préoccupé par son concept que par son impact. 

La scène finale, lorsqu’on découvre enfin les enfants dans la cave, est à la fois un soulagement et une déception : la tension accumulée retombe presque immédiatement, car la menace n’a jamais été vraiment exploitée émotionnellement. La poursuite de la tante Gladys, censée être terrifiante, se transforme en un mélange de grotesque et de mécanique, où l’on ne croit ni à la peur ni au danger. On sort de cette conclusion avec l’impression d’un climax bâclé, plus formel que viscéral, comme si le film voulait absolument finir en spectacle sans avoir préparé le terrain. Le mystère s’éteint, mais aucune émotion véritable ne survit. 

Évanouis n’est pas un mauvais film — il n’est ni honteux, ni bâclé, ni bête — mais c’est un film froid, confus et trop distant pour marquer. Il impressionne un instant par son ambition, puis il s’éteint aussitôt qu’il quitte l’écran. Beaucoup de bruit pour pas grand-chose, comme si la disparition la plus spectaculaire n’était pas celle des enfants, mais celle du cœur du film lui-même. 

NOTE : 11.30

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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