Vu le FIlm Le Client de Joel Schumacher (1994) avec Brad Renfro Susan Sarandon Tommy Lee Jones Davis Speck Marie Louise Parker Anthony LaPaglia Amy Hattaway Kim Coates
Le jeune Mark Sway est témoin du suicide d'un avocat véreux qui se confesse à lui avant de mourir. Mark est alors autant courtisé par la police que par les mafiosi. Il refuse de parler mais, conscient du danger qu'il court, il se décide cependant à engager une avocate, Reggie Love, qui accepte de le defendre pour un dollar symbolique.
Le Client (The Client, 1994) de Joel Schumacher est un thriller juridique et mafieux où l’humanité des personnages compte autant que la mécanique du suspense. L’histoire démarre dans la moiteur du Sud des États-Unis : Mark Sway, un gamin de 11 ans (le regretté Brad Renfro, incroyable de justesse dès son premier rôle), fume une cigarette avec son petit frère Ricky quand ils assistent au suicide d’un avocat véreux de la mafia. Mais avant de mourir, cet homme lui murmure un secret capital : l’emplacement du corps d’un sénateur assassiné, clé d’un procès majeur, enjeu explosif entre la mafia et le gouvernement fédéral.
À partir de cet instant, Mark n’est plus un enfant ordinaire : il devient la pièce la plus convoitée d’un échiquier dangereux. Le procureur Roy Foltrigg (Tommy Lee Jones), ambitieux, charismatique et obstiné, veut à tout prix arracher le secret pour faire tomber le crime organisé et briller politiquement. En face, la mafia entend faire taire le garçon avant qu’il ne parle. Entre les deux, Mark joue sa peau, sa liberté, et celle de sa famille. Conscient qu’il ne pourra pas s’en sortir seul, il se tourne vers une avocate civile, Reggie Love (Susan Sarandon), une femme blessée par la vie, séparée, sobre depuis peu, qui n’a pas pour habitude de défendre des enfants contre des tueurs. Mais Reggie a un cœur immense et un instinct de protection féroce. Leur rencontre change tout.
Le cœur du film repose sur cette relation improbable entre un enfant effronté, malin, souvent effrayé mais courageux, et une femme qui retrouve à travers lui un sens à son métier et à sa vie. Susan Sarandon est parfaite : fragile et combative, drôle parfois, toujours profondément humaine. Tommy Lee Jones, dans un rôle plus ambigu que d’ordinaire, n’est pas un méchant caricatural : il veut la vérité, mais son ego et sa carrière biaisent sa sincérité. Quant à Brad Renfro, il est tout simplement bouleversant. Jamais il ne surjoue la peur ni la rébellion. Son Mark est un gamin du peuple, vif, débrouillard, obstiné, terrifié mais digne — un héros malgré lui qui se bat avec l’acharnement d’un adulte pour protéger son frère traumatisé et sa mère dépassée.
Joel Schumacher, souvent inégal, signe ici une mise en scène nerveuse, efficace, sans effets tape-à-l’œil. Le suspense repose moins sur les fusillades que sur les échanges, les menaces voilées, les pressions légales et illégales qui s’entrecroisent. Le scénario, fidèle à l’esprit du roman de John Grisham (que j’ai eu la chance de rencontrer), sait équilibrer le drame intime, le thriller juridique et la menace mafieuse. Le film n’est pas qu’une course contre la montre : c’est aussi l’histoire d’un enfant qui perd brutalement son innocence et d’une femme qui retrouve sa vocation dans le combat pour la justice.
Le rythme ne faiblit jamais : chaque scène pousse Mark dans un coin plus étroit, chaque décision l’expose davantage, jusqu’à ce plan final où, libéré de son secret, il peut enfin respirer. Mais le spectateur, lui, reste marqué par ce voyage à la fois haletant et profondément humain. On y retrouve le meilleur du cinéma hollywoodien des années 90 : des acteurs en état de grâce, une tension morale palpable, un scénario solide, une réalisation fluide qui respecte ses personnages.
Le Client n’est pas seulement un thriller juridique brillant : c’est aussi une ode à la résilience, au courage des faibles face aux puissants, et au lien protecteur entre deux êtres cabossés que le destin a mis sur la même route. Ce mélange de suspense, de tendresse et de critique sociale en fait, trente ans plus tard, un film qui n’a pas pris une ride.
NOTE : 14.80
MON AVIS SUR LE FILM
- Réalisation : Joel Schumacher
- Scénario : Akiva Goldsman et Robert Getchell, d'après le roman Le Client de John Grisham
- Musique : Howard Shore
- Photographie : Tony Pierce-Roberts
- Montage : Robert Brown (de)
- Décors : Bruno Rubeo
- Costumes : Ingrid Ferrin
- Production : Guy Ferland, Mary McLaglen, Arnon Milchan et Steven Reuther
- Sociétés de production : Warner Bros., Regency Enterprises et Alcor Films
- Distribution : Warner Bros.
- Budget : 41 millions de dollars
- Brad Renfro (VF : Boris Roatta) : Mark Sway
- Susan Sarandon (VF : Béatrice Delfe ; VQ : Claudine Chatel) : Regina « Reggie » Love, avocate de Mark
- Tommy Lee Jones (VF : Claude Giraud ; VQ : Éric Gaudry) : le procureur général Roy Foltrigg « le révérend »
- Mary-Louise Parker (VF : Karin Viard ; VQ : Marie-Andrée Corneille) : Dianne Sway, mère de Mark
- Anthony LaPaglia (VF : Michel Didym ; VQ : Pierre Auger) : Barry « Le Boucher » Muldanno
- J. T. Walsh (VF : Sady Rebbot) : le procureur de district Jason McThune
- Anthony Edwards (VF : Gérard Darier) : Clint Von Hooser
- Will Patton (VF : Éric Legrand) : le sergent Hardy
- Bradley Whitford (VF : Vincent Violette) : Thomas Fink
- Anthony Heald (VF : Jean-Pierre Leroux) : Larry Trumann
- Kim Coates (VF : Bernard-Pierre Donnadieu) : Paul Gronke
- Kimberly Scott (VF : Marie-Christine Darah) : Doreen
- William H. Macy (VF : Bernard Alane) : le docteur Greenway
- Ossie Davis (VF : Benoît Allemane) : le juge Harry Roosevelt
- William Sanderson : l'agent Wally Boxx
- William Richert (VF : Pascal Renwick) : Harry « Mac » Bono
- Dan Castellaneta : « Slick » Moeller
- John Diehl (VF : Féodor Atkine) : Jack Nance
- Macon McCalman : Ballatine
- Micole Mercurio (en) : Momma Love, mère de Reggie
- Walter Olkewicz (en) (VF : Jean-Claude Sachot) : Jerome « Romey » Clifford, avocat de Barry Muldanno
- Jo Harvey Allen (en) (VF : Catherine Arditi) : Claudette
- Ron Dean (en) (VF : Claude Brosset) : Johnny Sulari
- David Speck : Ricky Sway, frère cadet de Mark

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