Vu le film L'Amour est en Jeu (Ma Femme , mon Gosse et moi) de Marc Allegret (1957) avec Robert Lamoureux Annie Girardot Yves Noel (Gégé) Jacques Jouannau Louis Massis Pierre Doris Robert Rollis Jean Paredes
Robert et Marie-Blanche sont un jeune couple, ils s'aiment mais se disputent sans arrêt. Ils décident alors de se séparer, chacun se partageant une semaine sur deux la garde de leur fils Gégé. Cette situation fait l'affaire du petit garçon, gâté par ses deux parents qui espèrent ainsi obtenir sa garde exclusive. Aussi, lorsque - après avoir mené l'un contre l'autre une guerre sans merci - Robert et Marie-Blanche tentent de se rapprocher, Gégé fait tout pour contrecarrer ce projet.
Scénario de Odette Joyeux (la maman de Claude Brasseur) d'après le roman La Victime de Fernand Vanderem
Dans la comédie française des années 50, il existe des films qui respirent la gaieté, d’autres qui cherchent la tendresse, et certains qui essaient les deux sans vraiment choisir. L’Amour est en jeu, signé Marc Allégret, appartient à cette dernière catégorie. Sous le titre un peu trompeur Ma femme, mon gosse et moi, il a été pris à tort pour un prolongement des deux Papa, maman… avec Lamoureux. Le titre sème la confusion, mais c’est une autre histoire, avec d’autres enjeux, et un autre ton.
L’intrigue repose sur un couple séparé. Robert Fayard (Robert Lamoureux), père à la fois maladroit et sincère, retrouve par intermittence son fils Gégé, un gamin vif, rieur, au langage savoureux, qui bouscule tout ce qu’il touche. La mère, incarnée par Annie Girardot, a refait sa vie, mais reste attentive, protectrice, souvent partagée entre colère et indulgence pour les maladresses paternelles et les élans imprévisibles de l’enfant.
Le petit Gégé, lui, est l’étincelle qui met le feu à la tranquillité apparente des adultes. Il ne le fait pas exprès : il réclame de l’attention, de l’amour, et par sa spontanéité, il force ses parents à se retrouver, à se reparler, à se repositionner dans leurs rôles. Il y a de jolies scènes où le comique vient des maladresses parentales : Robert Lamoureux, fidèle à son élégance un peu détachée, se débat avec les exigences de la paternité ; Annie Girardot, déjà d’une modernité de jeu étonnante, apporte une vérité simple, directe, loin des mamans idéalisées d’avant-guerre.
Mais voilà : le film, plutôt qu’une comédie mordante, choisit une douceur presque morale. À mesure que Gégé devient le centre de tout, la légèreté du ton s’efface. L’histoire prend une tournure bien-pensante, presque éducative : on insiste sur l’importance de protéger « l’enfant du divorce », de lui épargner les blessures des conflits adultes, de faire passer son bien-être avant tout le reste. On comprend le message, on en perçoit la sincérité, mais la vitalité comique en souffre.
Ce n’est ni le rythme enlevé ni l’acidité tendre des Papa, maman, la bonne et moi. C’est un cinéma de mœurs plus sage, plus lisse, avec des situations touchantes mais parfois convenues, où les personnages, au fond, ne risquent jamais grand-chose. Le sourire reste, le rire manque. On se surprend parfois à espérer un peu plus de piquant, un grain de folie, quelque chose qui emporte vraiment.
Pour autant, il faut reconnaître à Marc Allégret son savoir-faire. La mise en scène est fluide, attentive aux acteurs. Robert Lamoureux, sans ses dialogues habituels, prouve qu’il peut être charmant dans un registre plus tendre, presque mélancolique. Annie Girardot, déjà lumineuse, annonce le ton des années 60 : une actrice qui joue « vrai », qui enlève le vernis, qui dit les choses comme on les dirait dans la vie. Quant au petit Gégé, avec sa bonne bouille et ses phrases d’enfant, il donne au film ses plus beaux moments de fraîcheur, même si, en le plaçant au centre, le scénario glisse vers la mièvrerie.
Au final, L’Amour est en jeu est un film attachant mais déséquilibré. Pas aussi drôle qu’on pourrait le souhaiter, pas assez mordant pour marquer les esprits, mais suffisamment tendre pour émouvoir par endroits. Il reste le témoin d’une époque où le cinéma français commençait à parler des familles éclatées avec douceur, sans scandale ni jugement, en cherchant à rassurer son public : un couple peut se défaire, mais si l’enfant va bien, tout peut se reconstruire. C’est maladroit, oui, mais sincère, et parfois, ça suffit à rendre un film agréable à revoir — ne serait-ce que pour mesurer à quel point la comédie familiale allait, dans les années suivantes, se libérer et se complexifier.
NOTE : 11.90
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Marc Allégret, assisté de Jacques Besnard
- Scénario et Dialogues : Odette Joyeux, d'après le roman La Victime de Fernand Vanderem[1]
- Décors : Alexandre Trauner et Auguste Capelier[]
- Costumes : Marc Doelnitz
- Photographie : Walter Wottitz
- Musique : Louis Bessières
- Cadreur : Jean Lalier
- Son : Antoine Archimbaud
- Montage : Suzanne de Troye
- Maquilleur : Georges Klein
- Coiffeur : Paulette Stern
- Scripte : Suzanne Durrenberger
- Régisseur : Margot Capelier
- Photographe de plateau : Roger Forster
- Directeur de production : Pierre Laurent
- Production : Joseph Bercholz, Jules Borkon[, Édouard Gide[]
- Sociétés de production : Les Films Gibé, Lambor Films
- Société de distribution : Pathé Consortium Cinéma
- Tournage : du au
- Robert Lamoureux : Robert Fayard, Bob
- Annie Girardot : Marie-Blanche Fayard
- Yves Noël : Roger Fayard, Gégé
- Jacques Jouanneau : Damiano
- Pierre Doris : le publiciste
- Louis Massis : l'huissier
- Robert Rollis : le portier
- Jean Parédès : De Bérimont
- Jeanne Aubert : Mme Brémont
- Gabrielle Fontan : Émilie
- Leïla Croft : Zizi
- Valérie Croft : Zaza
- Eva Cavalade : Mme Designy
- Barbara Cruz : premier modèle
- Colette Ricard : deuxième modèle
- Camille Guérini : l'avocat de Robert Fayard
- Pierre Stéphen : l'avocat de Marie-Blanche Fayard
- Robert Vattier : le client chez Marie-Blanche Fayard
- Pierre Tornade : un client à la terrasse du café
- Barbara Brault
- Dominique Boschero
- Véra Valois
- Gisèle Gallois
- Liliane David
- Denise Lautier
- Solange Sicard
- Yvonne Yma
- Claude Winkermuller
- Sylvie Yacou

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