Vu le film Stand By Me de Rob Reiner (1986) avec River Phoenix Will Weaton Jerry O’Connell Corey Feldman Richard Dreyfus Kiefer Sutherland Gary Riley Marshall Bell Bruce Kirby John Cusack
Le film se déroule durant l'été 1959. Quatre garçons d'une douzaine d'années de l'Oregon, partent à la recherche du corps d'un enfant de leur âge, Ray Brower, disparu trois jours avant, dans l'espoir de passer dans les journaux grâce à leur découverte
Stand By Me est un de ces films rares qui donnent la sensation qu’on vient de feuilleter un album photo de notre propre adolescence. Il ne raconte pas seulement l’aventure de quatre gamins dans une petite ville américaine, il nous tend un miroir : celui de l’amitié, des frissons, de l’insouciance et des premières ombres qui s’invitent dans nos vies. Rob Reiner, déjà conteur talentueux avec The Princess Bride et futur maître du suspense avec Misery, trouve ici un ton d’une justesse bouleversante.
L’histoire est simple, presque banale, mais c’est ce qui en fait sa beauté. Castle Rock, Oregon, années 50. Quatre garçons, Gordie, Chris, Teddy et Vern, apprennent qu’un adolescent disparu a probablement été retrouvé mort, perdu dans les bois. Plutôt que d’alerter qui que ce soit, ils décident d’y aller eux-mêmes. Ce n’est pas une enquête, ni un sauvetage : c’est une quête, un rite de passage. Ce qu’ils vont chercher, c’est moins un corps qu’un morceau de leur enfance, une preuve qu’ils peuvent faire quelque chose par eux-mêmes dans un monde d’adultes défaillants.
La marche suit la voie ferrée, symbole parfait : une route tracée, mais dont on ignore les dangers, comme cette scène inoubliable du pont, où le sifflement d’un train surgit alors que les gamins sont coincés sur les rails. C’est à la fois le frisson pur du cinéma d’aventure et l’image même de l’adolescence : courir, avoir peur, se sentir invincible et vulnérable à la fois.
Rob Reiner n’illustre pas simplement la nouvelle Le Corps de Stephen King : il l’incarne. Il y ajoute une tendresse, une légèreté, un humour qui n’altèrent jamais la mélancolie profonde du récit. Car Stand By Me parle de la fin d’un monde : ces amitiés qu’on croit éternelles et qui se dissolvent, ces compagnons de route qu’on ne reverra pas, cette sensation de tenir entre ses doigts quelque chose qui glisse déjà.
Le film doit beaucoup à ses jeunes acteurs. Jerry O’Connell (Vern), gamin maladroit et attachant, qui deviendra un acteur solide au fil des années. Corey Feldman (Teddy), éternel ado rebelle du cinéma des 80’s, ici bouleversant dans son mélange de bravade et de blessures intimes. Wil Wheaton (Gordie), le narrateur silencieux, ce garçon à la fois effacé et lucide, qui deviendra la voix du film adulte. Et puis River Phoenix (Chris), la révélation, le charisme incandescent, ce mélange de dureté et de douceur qui annonce la star qu’il allait devenir avant que le destin ne l’arrache trop tôt. Sa dernière scène, quelques mots rapportés par Gordie adulte, a la puissance d’un coup de poignard.
Les adultes, eux, sont presque hors champ, figures d’arrière-plan, parents absents, frères fantômes, modèles inexistants. Ce qui reste, ce sont ces gamins qui s’élèvent seuls, qui font de leur aventure un moment gravé dans leur mémoire et dans la nôtre.
Et puis il y a cette chanson, « Stand By Me » de Ben E. King, qui vient couronner le film d’une émotion pure, simple, universelle. Chaque note résonne comme un serment : celui des amis d’un été, d’une époque où l’on croyait que rien ne changerait.
C’est ça, Stand By Me : un conte de l’enfance perdue, une traversée initiatique où chaque pas sur les rails est un pas vers l’âge adulte. On n’y regarde pas sa montre, on ne voudrait même pas que ça s’arrête. On le revoit, on y repense, et c’est comme retrouver un morceau de nous-mêmes. Le genre de film qu’on garde près du cœur.
NOTE : 17.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Rob Reiner
- Scénario : Raynold Gideon et Bruce A. Evans, d'après la nouvelle Le Corps (The Body) de Stephen King
- Musique : Jack Nitzsche
- Décors : J. Dennis Washington (crédité sous Dennis Washington)
- Costumes : Sue Moore
- Photographie : Thomas Del Ruth
- Montage : Robert Leighton
- Production : Bruce A. Evans et Andrew Scheinman ; Raynold Gideon (coproducteur)
- Sociétés de production : Act III Productions ; Columbia Pictures et The Body (coproductions)
- Sociétés de distribution : Columbia Pictures (États-Unis) ; Columbia TriStar (France)
- Budget : 8 millions de dollars[
- Wil Wheaton (VF: Rodolphe Schacher) : Gordie Lachance, à douze ans
- Richard Dreyfuss (VF : François Leccia) : Gordie Lachance, adulte
- River Phoenix (VF : Mathias Kozlowski) : Chris Chambers
- Corey Feldman (VF : Damien Boisseau) : Teddy Duchamp
- Jerry O'Connell (VF : Guillaume Boisseau) : Vern Tessio
- Kiefer Sutherland (VF : Vincent Violette) : Ace Merrill
- Casey Siemaszko (VF : Emmanuel Jacomy) : Billy Tessio
- Gary Riley (VF : Lionel Melet) : Charlie Hogan
- Bradley Gregg (VF : Patrick Poivey) : Richard "Eyeball" Chambers (Tim Boule en VF)
- Jason Oliver (VF : Jean-François Vlérick) : Vince Desjardins
- Marshall Bell (VF : Marcel Guido) : M. Lachance
- Frances Lee McCain (VF : Denise Metmer) : Mme Lachance
- Bruce Kirby (VF : Antoine Marin) : M. Quidacioluo
- William Bronder (VF : Claude Joseph) : Milo Pressman
- John Cusack : Denny Lachance
- Andy Linberg (VF : Daniel Lafourcade) : Lardass Hogan

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