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mardi 16 septembre 2025

10.50 - MON AVIS SUR LE FILM LE RENDEZ-VOUS DE L'ETE DE VALENTINE CADIC (2025)


 Vu le Film Le Rendez-Vous de l’Eté de Valentine Cadic (2025) avec Blandine Madec India Hair Mathias Jacquin Lou DeleuzArcadi Radeff Pierre Cevaer Lorette Nyssen Aurélia Petit Béryl Gastaldello 

Une jeune Normande se rend aux jeux olympiques d'été de 2024 dans le but de voir une compétition de natation avec Béryl Gastaldello. 

Avec Les Rendez-vous de l’Été, Valentine Cadic signe un premier film qui parvient à capter l’énergie singulière des Jeux Olympiques de Paris 2024 sans tomber dans le reportage ou le spectaculaire touristique. On suit Blandine Madec, jeune fille de province, qui débarque dans la capitale avec un objectif clair : assister aux compétitions de sa nageuse préférée, Béryl Gastaldello. Mais comme souvent dans ces expériences, rien n’est acquis. Pas de logement, pas de billets sûrs, juste une volonté qui dépasse l’incertitude et un peu de chance qui ressemble à des miracles – ces moments où tout semble possible. 

Le film fonctionne comme un carnet de bord sensible, où Paris devient à la fois décor et personnage. Cadic filme une ville en effervescence, où les lumières nocturnes, les installations olympiques et les foules créent un tableau vivant. Elle ne surenchérit jamais : pas de panoramiques tape-à-l’œil, pas de zooms sensationnels sur la foule, mais une immersion subtile qui rappelle l’approche de Guillaume Brac, à qui la réalisatrice semble emprunter une philosophie du cinéma contemplatif et inclusif. 

India Hair incarne avec brio l’amie parisienne qui accueille Blandine. Elle n’est pas simplement un point d’ancrage pratique – proposer un logement, expliquer la ville – mais une figure lumineuse qui transmet curiosité et bienveillance. Le duo fonctionne à merveille, créant une dynamique naturelle qui permet à Blandine de naviguer dans cette ville immense. Leur relation, légère et spontanée, devient un moteur narratif autant que les JO eux-mêmes. 

Le récit alterne moments de doutes et d’émerveillement : Blandine découvre l’intensité des jeux, l’adrénaline des spectateurs, mais aussi la fatigue des bénévoles, les contraintes logistiques et la sensation d’un événement gigantesque parfois éloigné du quotidien. Cadic n’élude pas les questions sociales et écologiques : le film glisse quelques réflexions sur le gaspillage et l’organisation des JO, toujours de manière discrète, jamais moralisatrice. Ce mélange entre observation et fiction donne au film sa fraîcheur et sa crédibilité. 

On peut qualifier le film de quasi-documentaire fictionnel. Les courses, les interactions avec les autres spectateurs, les moments volés dans les rues et les stations de métro créent un sentiment de vérité. C’est une plongée dans le réel, mais filtrée par le regard de Blandine, qui transforme chaque instant en petite aventure. L’enthousiasme de la jeunesse et la naïveté de ses attentes rendent l’expérience à la fois touchante et universelle. 

Les personnages secondaires sont également bien intégrés. Les volontaires et travailleurs apparaissent par petites touches, humanisant l’événement et rappelant que derrière chaque spectacle, il y a des hommes et des femmes impliqués. Cadic réussit à transmettre cette idée que les JO ne sont pas seulement une fête sportive, mais une scène où se croisent des vies, des espoirs et des fatigues, un microcosme de société. 

La narration est fluide, laissant la place à l’instantanéité. On suit Blandine sans jugement, on partage ses petites victoires et ses déconvenues, son émerveillement pour Béryl Gastaldello, et ses rencontres inattendues dans Paris by night. La ville devient un personnage à part entière : vivante, chaleureuse, parfois écrasante, mais toujours fascinante. 

Cadic parvient aussi à maintenir un ton léger malgré les enjeux : les déplacements, la recherche de billets, les discussions imprévues sont filmés avec humour et bienveillance. L’osmose entre spectatrice et spectateur fonctionne grâce à la précision des détails, la délicatesse de l’observation et le naturel des interprètes. Blandine, avec sa curiosité constante, devient le spectateur idéal. 

On ressort de Les Rendez-vous de l’Été charmé par la simplicité de sa proposition : filmer l’ordinaire, les petites aventures, les miracles quotidiens dans un contexte exceptionnel. Les performances de Blandine Madec et India Hair incarnent ce mélange de fragilité et d’énergie. Léon Marchand, absent ici mais imaginé dans le même univers, pourrait parfaitement renforcer cette approche intimiste, créant des portraits de spectateurs autant que d’athlètes. 

Le film ne cherche jamais à épater par sa grandeur ou ses images iconiques, mais par sa capacité à rendre le spectateur complice des émotions de Blandine. Chaque plan, chaque scène, chaque rencontre nourrit ce sentiment d’émerveillement discret. On rit, on s’étonne, on partage l’excitation et la fatigue de ces Jeux vus de l’intérieur, mais toujours avec légèreté et humanité. 

Les Rendez-vous de l’Été confirme le talent de Valentine Cadic pour transformer des événements monumentaux en moments profondément intimes, et montre que la vraie magie des JO réside autant dans les petites histoires que dans les performances sportives. C’est un film qui respire, qui observe et qui laisse son spectateur dans un état de curiosité et d’émerveillement permanent, parfaitement fidèle à l’esprit de la jeunesse qui découvre Paris et ses jeux. 

NOTE : 10.50

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