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vendredi 12 septembre 2025

16.10 - MON AVOS SUR LE FILM JUSQU'A LA GARDE DE XAVIER LEGRAND (2017)


 Vu Le Films Jusqu’à la Garde de Xavier Legrand (2017) avec Denis Menochet Léa Drucker Thomas Gioria Mathilde Auneveaux Sophie Pinceamaille Saasia Bentaieb Coralie Russier 

Miriam et Antoine Besson ont divorcé et Miriam demande la garde exclusive de leur fils Julien pour le protéger d'un père qu'elle qualifie de violent. Antoine plaide son cas comme un papa méprisé dont les enfants ont été retournés contre lui par leur mère. 

Jusqu’à la garde, de Xavier Legrand, est un film qui a fait le tour des festivals du monde entier, rencontrant un succès critique et public à chaque étape. 
Le sujet est aussi simple qu’essentiel : la vie d’un enfant pris dans un conflit familial lors d’un divorce. 
C’est un thème délicat, mais Legrand le traite avec une intelligence rare. 
Je prends ici, comme le film d’ailleurs, le parti de l’enfant. 
Car aujourd’hui encore, l’enfant n’a pas le choix. 
Il obéit aux décisions judiciaires, parfois au détriment de sa sécurité ou de son bien-être. 
Le film s’ouvre sur une scène glaçante de banalité : Miriam Besson (Léa Drucker) et Antoine Besson (Denis Ménochet), entourés de leurs avocats, attendent le verdict d’un juge. 
Grand absent de cette audience : Julien (Thomas Gioria), leur fils. 
Lui qui ne peut donner son avis, alors qu’il n’a plus envie de voir son père. 
Pourquoi un enfant ne pourrait-il pas décider de vivre entièrement, ou partiellement, avec l’un ou l’autre de ses parents ? 
La vie de l’enfant devrait être le premier critère, car le futur, c’est lui. 
Ici, la justice tranche : garde partagée. 
Julien devra donc passer un week-end sur deux avec son père. 
Même si la mère tente de protéger son fils d’un homme qu’elle accuse de violences. 
Dès le début, Legrand nous place dans une zone d’inconfort. 
La mère exagère-t-elle ? 
Invente-t-elle des violences ? 
Est-elle simplement trop protectrice ? 
Et le père, est-il un coupable idéal, accablé par une famille qui ne voit que sa propre vérité ? 
Combien de couples se détruisent ainsi, devant les yeux impuissants de leurs enfants ? 
Antoine, le père, paraît d’abord presque sympathique, attentif, comme un homme blessé qui veut revoir son fils. 
Le spectateur doute. 
On hésite, on oscille. 
Le film propose trois points de vue : la mère, le père, l’enfant. 
Mais si l’on adopte celui de Julien, tout change. 
À onze ans, il s’est déjà exprimé : il ne veut plus voir son père. 
Pourtant, il est pris en tenaille entre deux familles, deux volontés, deux vérités. 
Entre une mère qui veut protéger, mais qui ment peut-être pour salir son ex-mari, et un père qui dit vouloir se rapprocher, mais que la colère consume. 
Julien choisit de ne rien dire, pour ne pas envenimer les choses. 
Il suit son père à contrecœur, se tait, endure. 
Les yeux de Julien, interprété par un Thomas Gioria prodigieux, disent tout. 
Son regard, perdu devant les mouvements brutaux, physiques et verbaux de son père, traduit une soumission calculée : éviter le pire. 
Julien comprend que résister déclencherait la violence. 
Alors, avec une force incroyable, il accepte le mal pour empêcher le désastre. 
Les scènes où il retrouve le sourire auprès de sa mère et de ses proches, puis celles où la terreur remplace la joie dès qu’il est avec son père, sont bouleversantes. 
Elles devraient être montrées aux juges des affaires familiales. 
Julien tente d’éviter la tragédie, mais celle-ci arrive. 
Le père, emporté par la rage, décide d’entrer de force dans l’appartement de Miriam. 
Elle et Julien se réfugient dans la salle de bains. 
Antoine défonce la porte d’entrée, hurle, frappe, la tension est insoutenable. 
On attend la police, mais avant qu’elle n’arrive, nous assistons à l’explosion ultime de la violence. 
Cette dernière séquence est d’une précision chirurgicale et d’une intensité rare. 
Jusqu’à la garde n’est pas un bon film : c’est un très grand film. 
Un film qui nous oblige à regarder autrement les drames familiaux trop souvent enfouis dans le silence. 
Xavier Legrand conduit son récit avec minutie, virtuosité et une maîtrise du suspense remarquable. 
Les performances des acteurs sont à saluer : Denis Ménochet et Léa Drucker se déchirent avec un réalisme brutal, mais c’est le jeune Thomas Gioria qui emporte tout. 
Sa performance est hallucinante pour un premier rôle : simple, contenue, mais dévastatrice. 
Son regard reste en mémoire longtemps après la projection. 
Et la scène finale arrive comme une baffe en pleine face, un électrochoc de réalité. 

NOTE ; 16.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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