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mardi 23 septembre 2025

7.10 - AVIS SUR LE FILM SWIPE DE RACHEL GOLDENBERG (2O25)

 


Vu le Film Swipe de Rachel Goldenberg (2025) avec Lily James Dan Stephens Myha’là Jackson White Ben Schnetzer Pierson Fodé Ian Colletti Mary Nealy Dermot Mulroney 

Whitney Wolfe Herd fait irruption dans le secteur technologique, traditionnellement dominé par les hommes, en lançant deux applications de rencontre, ce qui fait d'elle la plus jeune femme milliardaire au monde à avoir bâti sa fortune par elle-même. 

Il y a des biopics qui marquent l’histoire du cinéma, et d’autres qui semblent passer comme des produits formatés pour les plateformes. Swipe, réalisé par Rachel Goldenberg, appartient clairement à la seconde catégorie. Le film s’intéresse à Whitney Wolfe Herdco-créatrice de Tinder avant de fonder Bumble et de devenir la plus jeune femme milliardaire grâce à une application. Sur le papier, on a tout : le récit d’une success story, l’univers encore neuf des start-up du numérique, et une figure féminine pionnière dans un domaine dominé par les hommes. Mais l’exécution reste trop plate, trop bavarde, et finit par susciter non pas l’admiration ni la colère, mais l’ennui. 

L’histoire suit un parcours assez balisé. Whitney Wolfe Herd (interprétée avec conviction mais sans éclat par une actrice qui n’a pas la matière dramatique pour transcender son rôle) commence son aventure comme co-fondatrice de Tinder. On nous montre ses réunions, ses premières victoires, ses conflits internes avec les autres dirigeants. Viennent ensuite les désillusions, les procès pour harcèlement et discriminations, et enfin la décision de voler de ses propres ailes en créant Bumble, application concurrente où les femmes prennent l’initiative. Sur le papier, tout cela est riche, mais à l’écran, cela reste figé dans un déroulé chronologique, presque scolaire. 

Le film s’enferme dans  un bavardage permanent. Réunions, powerpoints, chiffres d’abonnés qui s’affichent comme une horloge, querelles d’associés… On comprend que la réalisatrice voulait montrer les coulisses d’une entreprise en plein essor, mais cette mécanique devient vite répétitive. À force de compter les abonnés, on finit par compter les minutes qui restent avant le générique de fin. 

La comparaison avec The Social Network de David Fincher s’impose naturellement, et elle est cruelle. Car là où Aaron Sorkin, par son écriture, insufflait rythme, tension dramatique et portraits complexes, Rachel Goldenberg se contente de décrire. Il manque ici l’électricité des conflits, le vertige de la réussite, la noirceur des trahisons. Tout est posé, plat, presque documentaire, sans souffle cinématographique. 

Et pourtant, il y avait matière à s’énerver ou à s’émerveiller. La trajectoire de Wolfe Herd aurait pu être racontée comme un combat féministe moderne, une revanche sur les humiliations subies chez Tinder, une démonstration de volonté et d’innovation. Mais ce côté féministe est traité comme un slogan : affirmé, jamais incarné. On a bien quelques scènes qui montrent une jeune femme refusant les codes masculins de la tech, mais elles sonnent plus comme des manifestes publicitaires que comme de vrais moments de cinéma. 

Les personnages secondaires, quant à eux, ne marquent jamais. On ne s’attache pas à eux, on ne les déteste même pas vraiment. Les rivaux masculins de Tinder sont réduits à des clichés d’entrepreneurs arrogants. Les collaborateurs de Bumble apparaissent et disparaissent sans consistance. Même Whitney Wolfe Herd, censée porter le récit, reste étrangement distante, comme si la caméra ne parvenait jamais à percer son intimité ou ses contradictions. 

Le résultat, c’est un film ambivalent. On sent une volonté de rendre hommage à une femme de pouvoir dans un monde d’hommes, mais sans oser plonger dans les zones grises : les sacrifices, les compromis, la solitude, les ambiguïtés du capitalisme numérique. Résultat : l’histoire se suit, mais elle ne s’éprouve pas. 

Oui, on apprend des choses. Oui, on voit le parcours. Mais jamais on n’entre dans la chair du sujet. À l’écran, il ne reste qu’un long récit descriptif, trop sage, qui refuse de trancher entre célébration et critique. 

Et c’est bien là mon problème : je me suis ennuyé. Pas d’émotion, pas de colère, pas de fascination. Juste le sentiment de regarder un produit bien emballé mais creux. Et je sais déjà que Swipe est un film que j’oublierai très vite. 

NOTE : 7.10

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Rachel Goldenberg
  • Scénario : Rachel Goldenberg, Bill Parker et Kim Caramele
  • Musique : Chanda Dancy
  • Direction artistique : Paul Moyle
  • Décors : Hillary Gurtler
  • Costumes : Beth Morgan
  • Photographie : Doug Emmett
  • Montage : Julia Wong 
  • Production : Jennifer Gibgot, Lily James et Andrew Panay
Producteurs délégués : Kim Caramele, Robert J. Dohrmann et Sarah Shepard


DISTRIBUTION

 

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