Vu le Film Le Cavalier du Désert de William Wyler (1940) avec Gary Cooper Walter Brennan Doris Davenport Fred Stone Forrest Tucker Dana Andrews Paul Hurst Chill Wills Lillian Bond Tom Tyler Lupita Tovar
En 1882, la ville de Vinegarroon, au Texas, est dirigée par le juge Roy Bean, qui se qualifie lui-même de « seule loi à l’ouest du Pecos ». Menant des procès depuis son saloon, Bean gagne sa vie corrompue en collectant des amendes et en saisissant illégalement des biens. Ceux qui lui tiennent tête sont généralement pendus, recevant ce que Bean appelle des « peines avec sursis ».
Je me suis lancé dans Le Cavalier du Désert sans regarder le réalisateur, et à la fin, quelle surprise : c’était William Wyler, le même qui allait ensuite réaliser Ben-Hur, Funny Girl et tant d’autres chefs-d’œuvre. Voir ce géant de l’âge d’or d’Hollywood s’essayer au western à cette époque est une expérience fascinante, surtout pour un passionné du genre comme moi.
L’histoire suit Cole Hardin, interprété par Gary Cooper, un cow-boy solitaire et droit dans ses bottes, accusé à tort de vol de chevaux. C’est cette accusation qui le conduit devant le juge Roy Bean, magistrat fantasque et autoritaire, campé avec un talent fou par Walter Brennan, qui remporta à juste titre l’Oscar du meilleur second rôle pour ce rôle. Le juge Bean est un personnage à la fois terrifiant et comique, un symbole de la justice expéditive du Far West, mais aussi d’un humour grinçant et d’une certaine excentricité que Brennan incarne à merveille.
Cole Hardin ne se laisse pas faire. Avec intelligence et un brin de roublardise, il parvient à convaincre le juge qu’il connaît la célèbre actrice Lily Langtry, un petit mensonge qui le fait passer d’accusé à allié temporaire du juge. À partir de là, le film déroule une série de confrontations entre Hardin, le juge Bean et les éleveurs locaux, qui oppriment les fermiers. On suit ainsi l’évolution de Hardin, qui passe d’homme solitaire à défenseur des opprimés, avec une tension constante entre loi, injustice et survie dans un monde encore sauvage.
Ce qui frappe dans ce film, c’est la justesse de la mise en scène de Wyler. Chaque plan est précis, chaque espace exploité pour créer du suspense ou souligner la solitude du héros dans ce Far West impitoyable. Les duels, les confrontations verbales et les moments de tension sont filmés avec une économie de moyens mais une efficacité redoutable. La photographie, avec ses larges plans sur le désert et ses extérieurs naturels, donne un vrai sentiment de territoire hostile et vivant.
Malgré ces qualités, je dois avouer que le film ne m’a pas totalement emporté. L’intrigue est solide, le casting excellent, mais il manque parfois cette alchimie entre les personnages qui fait vibrer un western. Les dialogues et les confrontations sont plaisants, mais ils ne suffisent pas à créer une tension dramatique intense sur toute la durée. Le juge Bean est fascinant, mais le reste des personnages secondaires reste un peu en retrait, ce qui limite l’ampleur émotionnelle.
Cela dit, Gary Cooper est parfait. Son charisme, sa manière de bouger, de parler, de gérer le silence ou le danger, fait passer énormément d’émotion et de présence. Il rend le personnage de Cole Hardin crédible, attachant et juste assez humain pour que l’on suive son parcours avec intérêt. Walter Brennan, quant à lui, domine chaque scène où il apparaît, transformant le juge Bean en un personnage à la fois comique et inquiétant.
Le scénario, basé sur la lutte de Cole contre l’injustice et son ascension improbable, est agréable et original pour un western de cette époque. Les confrontations avec les éleveurs, la subtilité du héros face au juge et la dimension morale qui traverse le récit donnent au film une profondeur que l’on ne trouve pas toujours dans les westerns classiques de série. Pourtant, comme je l’ai ressenti, il y a un manque de souffle total : le film se regarde avec intérêt, mais il ne me transporte pas complètement. Certains westerns traitant de thèmes similaires réussissent à mêler action, tension et émotion de manière plus saisissante.
Mais pour moi, malgré toutes ses qualités, le film n’a jamais totalement emporté mon adhésion. Il manque un souffle épique, une alchimie totale entre les personnages et une tension émotionnelle continue pour en faire un chef-d’œuvre absolu. Reste que le plaisir de voir Wyler à ses débuts, et de savourer Cooper dans l’un de ses premiers grands rôles, suffit à rendre le visionnage intéressant et marquant.
NOTE : 13.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : William Wyler
- Scénario : Jo Swerling, Niven Busch, W. R. Burnett (non crédité), Lillian Hellman (non créditée) et Oliver La Farge (non crédité), d'après une histoire de Stuart N. Lake
- Photographie : Gregg Toland
- Musique : Alfred Newman et Dimitri Tiomkin (non crédités)
- Décors : Julia Heron
- Costumes : Irene Saltern
- Montage : Daniel Mandell
- Direction artistique : James Basevi
- Producteur : Samuel Goldwyn
- Société de distribution : United Artists
- Gary Cooper : Cole Harden
- Walter Brennan : le juge Roy Bean
- Doris Davenport : Jane-Ellen Mathews
- Fred Stone : Caliphet Mathews
- Forrest Tucker : Wade Harper
- Dana Andrews : Bart Cobble
- Paul Hurst : Chickenfoot
- Chill Wills : Southeast
- Charles Halton : Mort Borrow
- Tom Tyler : King Evans
- Lupita Tovar : Teresita
- Lilian Bond : Lily Langtry
- Charles Coleman (non crédité) : le manager de Lily Langtry

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire