Vu le Film La Revanche de la Panthère Rose ( où La Malediction de la Panthère Rose) de Blake Edwards (1978) avec Peter Sellers Herbert Lom Dyan Cannon Burt Kwouk Robert Webber Adrienne Corri Robert Loggia Paul Stewart Ferdy Mayne
Ayant échappé à seize attentats, l'inspecteur Clouseau est devenu une légende. La French Connection, pour montrer son pouvoir à ses « clients », cherche à éliminer cet inspecteur. C'est un criminel évadé qui est tué par erreur à sa place. Clouseau, considéré comme mort, a droit à des funérailles nationales. L'inspecteur Dreyfus, ex-supérieur et « ennemi intime de Clouseau », est libéré de l'asile psychiatrique où il était interné (cf. épisodes précédents) afin de mener l'enquête sur le crime. De son côté, Clouseau, aidé par cato, enquête aussi. Tous vont se retrouver à Hong Kong
Blake Edwards et Peter Sellers forment l’un de ces duos miraculeux du cinéma comique. La Malédiction de la Panthère Rose, sorti en 1978, marque un moment particulier : c’est le dernier grand rôle de Sellers en Clouseau, avant que la saga ne soit poursuivie artificiellement après sa mort. Ici, l’absurde atteint un degré de folie réjouissant, où le scénario se déploie comme une suite de gags en cascade.
L’histoire est délicieusement improbable. Clouseau, cible d’un attentat, est cru mort. Mais il survit, bien entendu, et, ironie suprême, se met à enquêter sur… sa propre disparition. Autour de lui, tout un monde s’agite : les services secrets, la presse, les malfrats, et bien sûr l’inévitable inspecteur Dreyfus, joué par Herbert Lom, dont la santé mentale décline à mesure que Clouseau ressuscite. On rit déjà de l’idée même que ce gaffeur maladroit puisse devenir une sorte de fantôme enquêtant sur lui-même.
Les personnages secondaires sont tous là pour amplifier le chaos. Burt Kwouk incarne toujours Kato, fidèle domestique et partenaire d’arts martiaux qui surgit sans prévenir pour tester son maître, déclenchant des bagarres absurdes dans l’appartement. Herbert Lom est inoubliable : Dreyfus, condamné à supporter le retour de Clouseau, s’enfonce dans une folie presque expressionniste, ses mimiques suffisant à déclencher le rire. Ces deux contrepoints permettent à Sellers de donner libre cours à son art du gag visuel.
La grande force de ce film, c’est la variété des déguisements et des impostures. Sellers se transforme avec une liberté délirante : il devient ballon humain, se grime en travesti improbable, adopte l’allure d’un mafieux grotesque. Ces métamorphoses rythment le film et installent une logique où le faux est toujours plus vrai que le vrai. On rit autant de l’incongruité des costumes que de la conviction avec laquelle Sellers les endosse. Le final, où il se fait passer pour un chef mafieux, pousse le burlesque à son apogée.
Certains pourraient reprocher au film un côté répétitif. Les recettes sont les mêmes depuis Quand la Panthère Rose s’emmêle ou La Panthère Rose contre-attaque. Mais ce qui sauve La Malédiction de la Panthère Rose, c’est l’extravagance pure de Sellers. Sa gestuelle, son accent français caricatural, ses improvisations : tout concourt à créer un univers où la logique n’existe plus. Le spectateur est embarqué dans une spirale où chaque maladresse devient génie comique.
Le film joue aussi sur une veine parodique : parodie du film policier, parodie du film de mafia, parodie des enquêtes à tiroirs. Edwards se permet tout, même de casser la crédibilité de son récit, car l’essentiel est ailleurs : provoquer le rire par l’accumulation. Ce ton anarchique séduit ou fatigue, mais il reste unique.
Ce qui émeut rétrospectivement, c’est que ce film constitue un hommage vivant à Peter Sellers. C’est lui qui porte chaque scène, qui invente à partir de rien, qui transforme un gag visuel en moment culte. On sent l’acteur au sommet de son art comique, totalement en fusion avec son personnage. Après lui, plus personne ne pourra vraiment incarner Clouseau avec cette même folie habitée.
La Malédiction de la Panthère Rose est une farce étirée, parfois épuisante, mais irrésistible. On y retrouve tout ce qui fait la force de la saga : Kato bondissant, Dreyfus hurlant, Clouseau trébuchant, et une succession de situations si absurdes qu’elles en deviennent poétiques. C’est un film qui prolonge l’esprit des débuts tout en offrant une conclusion presque involontaire à l’ère Sellers.
Oui, certains gags sont lourds. Oui, on connaît la mécanique. Mais comment résister au génie d’un acteur capable de faire rire avec un simple ballon ou une fausse moustache ? La Malédiction de la Panthère Rose nous rappelle qu’il existe des clowns de cinéma qui ne meurent jamais : Clouseau est immortel tant qu’on rit avec lui.
NOTE : 12.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Blake Edwards
- Scénario : Frank Waldman (en), Ron Clark et Blake Edwards
- Décors : Peter Mullins
- Costumes : Tiny Nicholls
- Photographie : Ernest Day
- Effets spéciaux : Brian Johnson
- Montage : Alan Jones
- Musique : Henry Mancini
- Production : Blake Edwards ; Tony Adams (en) (délégué)
- Société de production : Jewel Productions, Pimlico Films et United Artists
- Société de distribution : United Artists
- Budget : 8 millions de $
- Peter Sellers (VF : Michel Roux) : l'inspecteur principal Jacques Clouseau
- Herbert Lom (VF : Pierre Garin) : l'inspecteur principal Charles Dreyfus
- Dyan Cannon (VF : Sylviane Margollé) : Simone Legree
- Burt Kwouk (VF : Jacques Aveline) : Cato Fong
- Robert Webber (VF : Jean-Claude Michel) : Philippe Douvier
- Adrienne Corri (VF : Jeanine Freson) : Thérèse Douvier
- Tony Beckley (VF : Pierre Arditi) : Guy Algo
- Robert Loggia : Al Marchione
- Paul Stewart (VF : Robert Dalban) : Julio Scallini
- André Maranne : le sergent François Chevalier
- Graham Stark (VF : Gérard Hernandez) : le professeur Auguste Balls
- Alfie Bass : Fernet,le gardien[] (scène du clin d'oeil à L'Île au trésor)
- Sue Lloyd (VO : Michael Bell ; VF : Jacques Ciron)[5] : Claude Russo
- Danny Schiller : Cunny
- Douglas Wilmer (VF : Jean-François Laley) : le commissaire de police
- Ferdy Mayne (VF : René Bériard) : Dr Paul Laprone
- Lon Satton : Sam Spade
- Elisabeth Welch (VF : Lita Recio) : Mrs Wu
- Valerie Leon (VF : Martine Messager) : Tanya
- Anthony Chinn (VF : Alain Dorval) : Benson, le portier chinois
- Alec Bregonzi (VF : René Renot) : un membre du CA de Douvie

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