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dimanche 28 septembre 2025

13.40 - MON AVIS SUR LE FILM HONDO L HOMME DU DESERT DE JOHN FARROW (1954)

 


Vu le film Hondo L’Homme du Désert de John Farrow (1954) avec John Wayne Michael Pate Géraldine Page James Arness Lee Aaker Ward Bond Rayford Barnes Paul Fix 

Hondo Lane, mystérieux aventurier, demande l'hospitalité dans un ranch perdu au milieu d'une vaste étendue déserte. Il est accueilli par une jeune femme, Mme Lowe, et son fils. Elle pense qu'ils sont en sécurité car les Apaches l'ont toujours laissée tranquille. Plus tard, Lane a une altercation avec l'ancien mari de Mme Lowe et le tue, sans savoir qui il est. Le chef des Apaches, Vittorio, capture Lane et pour lui sauver la vie, Angie Lowe soutient qu'il est son mari. 

John Farrow, plus connu pour ses thrillers et drames urbains, s’est essayé au western en 1953 avec Hondo, qui deviendra en français Hondo, l’homme du désert. Père de Mia Farrow, ce réalisateur australien naturalisé américain a eu l’intelligence de s’appuyer sur un acteur déjà mythique : John Wayne. À cette époque, Wayne dominait le genre, notamment grâce à ses collaborations avec John Ford. Mais ici, ce n’est pas Ford qui dirige, et cela se ressent dans le ton. Farrow insuffle une approche plus sèche, plus directe, et surtout plus attentive à la complexité des rapports entre colons et Indiens. 

L’histoire est adaptée d’un récit de Louis L’Amour. Elle suit Hondo Lane (John Wayne), éclaireur solitaire, qui arrive dans un ranch isolé tenu par Angie Lowe (Geraldine Page), femme courageuse vivant seule avec son jeune fils, Johnny. Son mari, lâche et absent, a déserté la ferme, laissant Angie vulnérable face aux Apaches qui rôdent. Hondo, rude mais droit, va peu à peu s’attacher à la mère et à l’enfant, tout en affrontant une situation explosive : les Apaches, lassés des trahisons et de la violence des colons, se préparent à la révolte. Le chef Vittorio (joué par Michael Pate, Australien surprenant dans un rôle d’Amérindien) est montré comme un chef fier et logique, ce qui confère au film une modernité rare pour l’époque. Les Indiens ne sont pas réduits à des silhouettes belliqueuses : ils ont des raisons légitimes de défendre leurs terres et leur dignité. 

Ce qui frappe dans ce western, c’est la poussière, le réalisme de l’espace, la manière dont la caméra embrasse les paysages désertiques. Farrow, qui n’est pas un « spécialiste » du genre, parvient à insuffler une tension continue, notamment grâce à des scènes de bagarres tournées avec l’idée du relief en tête. Car il faut rappeler que Hondo fut tourné en 3D, procédé alors à la mode, et certains combats ou chevauchées font clairement sentir cette recherche de profondeur. Aujourd’hui, on perd cette dimension technique, mais la mise en scène garde son intensité. 

Le casting ajoute beaucoup à la valeur du film. John Wayne, bien sûr, incarne un personnage typiquement « waynien » : dur, rugueux, mais fondamentalement droit. Ce n’est pas un héros monolithique : Hondo est fatigué, parfois brutal, mais il porte en lui une vraie épaisseur psychologique. Geraldine Page, dans son premier rôle au cinéma, apporte une sensibilité incroyable à Angie Lowe, mélange de force et de fragilité. Son interprétation a même été nommée aux Oscars, ce qui prouve l’impact du film. Michael Pate, en Vittorio, parvient à donner une réelle noblesse à son chef apache, loin des caricatures. Enfin, James Arness et Ward Bond complètent le tableau avec solidité, donnant au film son ancrage typique des westerns de l’époque. 

On peut dire que Hondo a souffert d’un relatif oubli aujourd’hui, éclipsé par les monuments de Ford (La Prisonnière du désert) ou par les westerns crépusculaires à venir. Pourtant, il mérite qu’on le redécouvre. Il est à la fois classique et atypique : classique par son héros solitaire qui finit par protéger une famille et affronter l’ennemi, atypique par son regard presque empathique envers les Indiens, représentés comme des êtres humains pris dans une logique de survie et de dignité. Le personnage de Vittorio, en particulier, est traité avec respect et profondeur, ce qui, en 1953, relevait presque d’un geste politique. 

À mes yeux, Hondo constitue un western solide, tendu, divertissant, mais aussi plus subtil qu’il n’y paraît. On y sent la poussière, la fatigue des longues chevauchées, la brutalité de la violence, mais aussi la possibilité de liens humains inattendus entre des êtres que tout oppose. L’histoire entre Hondo et Angie n’est pas une romance facile : elle se construit sur la peur, la méfiance, puis l’admiration et enfin la confiance. Et derrière cela, gronde la révolte apache, qui apporte au récit une tension dramatique permanente. John Farrow, en filmant en relief, a donné une intensité visuelle qui rejaillit encore aujourd’hui dans les bagarres et les chevauchées. 

Hondo, l’homme du désert n’est pas seulement une curiosité de l’histoire du western, ni un simple véhicule pour John Wayne. C’est un film robuste, respectueux de ses personnages, ouvert à une vision plus nuancée des conflits avec les Indiens, et porté par un Wayne plus complexe qu’on ne le croit. Redécouvrir ce western oublié, c’est renouer avec une époque où Hollywood commençait timidement à bousculer ses propres clichés, tout en offrant un spectacle d’aventures poussiéreux, tendu et profondément humain.

NOTE : 13.40

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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