Vu le Film Week-end à Tapei de Georges Huang (2024) avec Luke Evans Sung Kang Kwai Lun Mei Patrick Lee Pernell Walker Ly Yi Ching
John Lawlor est un agent de la DEA pour qui le travail passe avant tout. De l'autre côté du globe, Joey Kwang vit sa vie pied au plancher, il n'y a pas meilleur pilote qu'elle. Ils se sont rencontrés à Taipei. Leur histoire a été folle, brulante, passionnée, mais de courte durée. 15 ans plus tard, le destin les réunit de nouveau à Taipei. Les émotions enfouies refont surface. Dans un monde où le danger rôde à chaque coin de rue, seule la passion qui les avait unis autrefois pourra les sauver.
Week-end à Taipei de George Huang avait tout, sur le papier, pour donner un souffle nouveau au film d’action international : un décor urbain rarement exploité, une intrigue censée mêler espionnage, traque et double jeu, et un casting à forte consonance « Europacorp » — ces visages d’hommes d’action solides mais un peu interchangeables, Luke Evans en tête. Pourtant, dès les premières minutes passées, une évidence s’impose : tout ce qui aurait pu être un atout devient un poids.
Le film s’ouvre pourtant correctement : un casse nerveux dans un marché nocturne de Taipei, une poursuite en moto bien filmée, et cette fameuse scène de combat dans une cuisine industrielle — chorégraphiée, sèche, lisible. Un quart d’heure qui laisse espérer une série B efficace, rythmée, presque ludique. Mais le reste s’effondre aussitôt, faute de colonne vertébrale narrative.
Le scénario se contente d’un fil ultra-mince : un agent (Luke Evans) chargé de récupérer un disque dur contenant des données sensibles, trahi par ses supérieurs et pris en chasse par une organisation rivale, doit survivre à 48 heures de traque à travers la ville. Rien de neuf, mais pourquoi pas, si c’était mené avec tension, avec des personnages qui existent, ou au moins un suspense qui tient. Au lieu de ça, tout est prétexte à pétarades et carambolages.
Les cascades de voitures s’enchaînent comme des morceaux de bande-démo, sans enjeu réel, les combats se répètent au point de devenir indifférents, les explosions paraissent génériques, et le montage — survolté au début — finit par ressembler à une fuite en avant de la mise en scène elle-même, incapable d’installer autre chose qu’une agitation permanente.
Luke Evans traverse tout ça avec la neutralité d’un figurant promu premier rôle. Ni charisme, ni ironie, ni colère : rien. Il aligne les coups de feu et les grimaces comme on coche des cases dans un cahier des charges. Ses partenaires — deux seconds rôles asiatiques censés apporter une couleur locale et une adversaire féminine vaguement esquissée — ne sont pas mieux servis. Ils jouent mécaniquement, comme si la fatigue avait contaminé le plateau.
Le décor de Taïwan, promesse implicite de dépaysement, est sacrifié sur l’autel du vide logistique : des rues vidées artificiellement de leurs habitants, des quartiers réduits à des arènes temporaires pour fusillades, quelques plans en drone qui passent trop vite pour imprimer quoi que ce soit, comme si la ville devait rester une carte postale floue. Aucun souffle, aucune atmosphère.
Plus grave encore : le film ne se termine pas vraiment. Il cesse. Après une ultime course-poursuite incohérente sur un pont, tout s’interrompt sur un faux suspense et une ellipse, comme si l’équipe n’avait pas su comment conclure, ou s’était contentée de préparer un hypothétique second épisode que personne ne réclamera. Pas de résolution émotionnelle, pas de retombée dramatique, pas même un dernier plan fort.
On reste donc devant un produit, pas un film. Une production Europacorp typique de la période d’épuisement : plus de style, plus de surprise, seulement des formules usées reproduites sans conviction. Tout est là sans y être : ni qualité technique réelle (le montage est bâclé), ni intérêt dramaturgique, ni même l’énergie brute d’un divertissement assumé.
C’est d’autant plus regrettable que George Huang avait, avec son premier quart d’heure, prouvé qu’il savait diriger l’action avec un minimum d’efficacité. Mais sans scénario solide, sans personnages existants, sans respiration ni construction dramatique, tout s’efface dans un bruit vide, un film qui défile sans qu’on ait envie d’en retenir la moindre image, sinon le souvenir d’un potentiel gâché dans les rues fantômes d’un Taipei qui méritait mieux.
NOTE : 5.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : George Huang (en)
- Scénario : George Huang et Luc Besson
- Musique : Matteo Locasciulli
- Décors : Hwarng Wern-ying
- Costumes : Yi-Lun Chien
- Photographie : Colin Wandersman
- Montage : Lucas Fabiani
- Production : Luc Besson et Virginie Besson-Silla
- Producteurs délégués : Artur Galstian, Gareth West et Vahan Yepremyan
- Société de production : EuropaCorp
- Société de distribution : Apollo Films (France)
- Luke Evans (VF : Boris Rehlinger) : l'agent John Lawlor
- Kwai Lun-mei (VF : Ingrid Donnadieu) : Joey
- Sung Kang (VF : Julien Allouf) : Kwang, le chef du cartel
- Wyatt Yang (VF : Kaycie Chase) : Raymond
- Pernell Walker (VF : Corinne Wellong) : Charlotte
- Yi-ching Lu : Po Po
- Zach Ireland (VF : Gauthier Battoue) : l'agent Simmons
- Tuo Tsung-hua (VF : François Dunoyer) : le Député Lui
- Patrick Lee : Bolo
- Alain Figlarz : Freddie
- Zach Ireland : Simmons

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire