Vu le Film Rio Bravo de Howard Hawks (1959) avec John Wayne Dean Martin Ricky Nelson Angie Dickinson Walter Brennan Harry Carey Jr John Russell Ward Bond Pedro Gonzalez Gonzalez Estilta Rodriguez George Bruggeman
Wheeler, l'ami du shérif John Chance, est assassiné par le frère du puissant Nathan. Chance arrête le meurtrier et l'enferme en prison. Il ne peut compter que sur le soutien de Dude, son adjoint devenu alcoolique à la suite d'un chagrin d'amour, de Colorado, un jeune tireur d'élite, et de Stumpy, un vieillard infirme. Bientôt, les quatre hommes se retrouvent encerclés par une armée de tueurs.
Rio Bravo est sans doute l’un des sommets du western classique, mais c’est aussi beaucoup plus qu’un simple affrontement entre un shérif et une bande de tueurs. Howard Hawks, maître de l’ellipse et de la mise en scène fluide, y condense tout son art : une histoire simple, mais racontée avec une telle maîtrise du rythme, de l’espace et des personnages que chaque visionnage devient une redécouverte.
L’histoire, en apparence convenue, part d’un point de départ presque banal : le shérif John T. Chance (John Wayne) arrête un homme coupable de meurtre et se retrouve encerclé par le clan du criminel, bien décidé à le libérer. Chance, qui pourrait céder à la peur ou à la pression, choisit de résister jusqu’à l’arrivée des fédéraux. Le film devient alors un huis clos élargi, où quelques hommes – et une femme – se mesurent à une armée d’assaillants, mais aussi à leurs propres faiblesses.
Ce qui fascine dans Rio Bravo, c’est cette alchimie rare entre les comédiens. John Wayne, que l’on a souvent vu en figure monolithique, trouve ici des nuances étonnantes : son shérif est droit, ferme, mais malhabile dès qu’il se trouve face à Feathers (Angie Dickinson), une femme vive, malicieuse, qui bouleverse son assurance virile. Dean Martin, dans le rôle de Dude, ancien adjoint du shérif tombé dans l’alcool, compose un personnage bouleversant : humilié dès la première scène, il reconquiert peu à peu sa dignité. C’est peut-être l’un de ses plus beaux rôles, tant il y met de fragilité et de vérité. Walter Brennan, avec sa gouaille, son rire grinçant et sa démarche de vieil éclopé, apporte un contrepoint savoureux : râleur, bavard, mais courageux quand il le faut. Angie Dickinson, à la fois charme et insolence, donne une dimension tendre et piquante à cet univers masculin. Quant au jeune Ricky Nelson, star de la chanson et du petit écran, il incarne la relève : joli garçon, bon tireur, et porteur d’un moment suspendu lorsque, guitare à la main, il unit sa voix à celle de Dean Martin sur My Rifle, My Pony and Me comme si on était invité dans les coulisses du tournage
Le scénario, cousu main, avance lentement mais avec une intensité croissante. Hawks ne cherche pas à multiplier les fusillades spectaculaires ; il préfère construire une tension continue, nourrie par les regards, les silences et cette musique obsédante, El Degüello, reprise plus tard dans Alamo. Cet air funèbre, qui symbolise l’encerclement et la menace inéluctable, confère au film une aura quasi mythologique. Et pourtant, Hawks n’oublie pas l’humour : les chamailleries entre Brennan et Wayne, les piques de Feathers, ou encore les maladresses de Dude dans sa lutte contre la bouteille, offrent des respirations qui rendent les personnages profondément humains.
Ce qui rend Rio Bravo unique, c’est cette profondeur insoupçonnée : derrière le duel entre loi et violence se pose une question essentielle, celle du prix de la justice. Faut-il risquer la vie de tous pour maintenir l’ordre ? Hawks ne donne pas de leçon, mais en filmant l’endurance, la fidélité et le courage, il compose une ode à la solidarité et à l’honneur.
La musique de Dimitri Tiomkin achève de donner au film son caractère inoubliable. Outre El Degüello et le célèbre duo musical, chaque note souligne le tempo volontairement mesuré du récit. Rien n’est précipité : Hawks installe, étire, laisse respirer, pour mieux faire vibrer chaque instant.
Pour moi, Rio Bravo est un film qu’on peut revoir mille fois sans lassitude. On y retrouve toujours une complicité, une étincelle, un détail de jeu. John Wayne y est plus touchant que jamais, Dean Martin atteint un sommet de justesse, Walter Brennan régale, Angie Dickinson éclaire l’écran, Ricky Nelson reste l’étoile filante qui donne à ce western une touche d’éternelle jeunesse. Et au-dessus de tout, il y a la mise en scène d’Howard Hawks : intelligente, généreuse, d’une simplicité trompeuse mais d’une efficacité inégalée. Voilà pourquoi Rio Bravo demeure, pour moi, non seulement un des plus grands westerns, mais aussi un des plus grands films américains, un classique que le temps ne peut entamé
NOTE : 18.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Howard Hawks
- Scénario : Jules Furthman, Leigh Brackett, d'après une nouvelle de B. H. McCampbell (Barbara Hawks McCampbell[1])
- Musique : Dimitri Tiomkin
- Photographie : Russell Harlan
- Montage : Folmar Blangsted
- Direction artistique : Leo K. Kuter
- Décors : Ralph S. Hurst
- Costumes : Marjorie Best
- Production : Howard Hawks
- Sociétés de production : Armada Productions
- Société de distribution : Warner Bros.
- John Wayne (VF : Raymond Loyer) : John T. Grant (Chance en VO), Shérif.
- Dean Martin (VF : Claude Bertrand) : Dude, adjoint alcoolique du shérif, appelé « Borrachón » par les Mexicains.
- Angie Dickinson (VF : Nelly Benedetti) : la fille aux plumes (Feathers en VO).
- Ricky Nelson (VF : Michel François) : Colorado Ryan.
- Walter Brennan (VF : Paul Villé) : Stumpy, le gardien de la prison, vieillard boiteux et bougon.
- Ward Bond (VF : Jean Clarieux) : Pat Wheeler.
- John Russell (VF : Serge Sauvion) : Nathan Burdette, riche propriétaire.
- Claude Akins (VF : Jacques Thébault) : Joe Burdette.
- Pedro Gonzalez Gonzalez (VF : Serge Lhorca) : Carlos Remonte.
- Estelita Rodriguez (VF : Estelle Gérard) : Consuelo Remonte, femme de Carlos.
- Harry Carey Jr. : Harold[3].
- Malcolm Atterbury (VF : Robert Bazil) : Jake.
- Walter Barnes (VF : Fernand Fabre) : Charlie, le barman.
- Bob Steele : Matt Harris.
- Bing Russell : le cowboy tué dans le saloon.
- Myron Healey : l'homme de main de Burdette dans le saloon.
- Eugene Iglesias : le premier homme de Burdette abattu.
- Fred Graham : le deuxième homme de Burdette abattu.
- Tom Monroe : un homme de main.
- Riley Hill : le messager.
- Robert Donner (non crédité).
- Cascades

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