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jeudi 11 septembre 2025

13.90 - MON AVIS SUR LE FILM PAT GARRETT ET BILLY THE KID DE SAM PECKINPAH (1973)


 Vu Le Film Pat Garrett et Billy the Kid de Sam Peckinpah (1973) avec James Coburn Krist Krisofferson Bob Dylan Katy Jurado Jason Robards Rudolph Wurlitzer Slim Pickens L.Q Jones Jack Elam Rita Collidge Richard Jaeckerl Charlie Martin Smith Bruce Dern 

Sachant que ses jours sont comptés, Billy the Kid retourne à Fort Summer, ville  il avait semé la terreur dans sa jeunesse avec Pat Garrett. Mais ce dernier, qui est maintenant à la botte des cupides éleveurs de bétailest désormais shérif de la ville. 

Il est des westerns qui ne racontent pas seulement l’Ouestmais le regard qu’on porte sur lui au moment  il s’efface. 
Pat Garrett et Billy the Kid appartient à cette catégorie rare, ultimepresque sacrée. 
Nous sommes en 1881. 
Le Nouveau-Mexique change. 
Le sable brûlant sent déjà l’odeur froide du progrès. 
L’Ouest sauvage n’est plus une promessemais une relique. 
Au milieu de ce basculement, deux hommes liés par le sang, la poudre et l’amitié vont s’affronter. 
Pat Garrett, ancien hors-la-loidevenu shérif. 
Billy the Kid, jeune bandit flamboyant, encore libre, encore vif. 
Deux miroirs qui se regardent. 
Deux destins qui s’annulent. 
Le film s’ouvre sur un acte simple et terrible : Garrett abat Billy. 
Le reste sera un long flash-back, une marche vers la mort. 
Un récit de désenchantement. 
Garrett a choisi la loi. 
Mais quelle loi ? 
Celle des grands propriétaires, de la politique, du profit. 
Une loi sans honneur, sans panache, qui veut l’ordre au prix de l’âme. 
Billy, lui, refuse de vieillir. 
Il préfère brûler que s’éteindre. 
Les balles viendront, il le saitmais il reste fidèle à ce qu’il est. 
Kris Kristofferson incarne un Billy étonnant. 
Pas vraiment jeune, mais insoumischarmeurtragique. 
Son sourire fatigué contient déjà le parfum de la tombe. 
James Coburn est monumental. 
Pat Garrett chez lui n’est pas un méchant. 
C’est un homme qui se trahit à chaque pas. 
Il tue parce qu’il doit le faire. 
Il renonce parce qu’il croit ne plus avoir le choix. 
Et ce renoncement est la plus grande des violences. 
Sam Peckinpah filme tout cela avec une sécheresse majestueuse. 
Les duels sont rapides, précis, brutaux. 
Le sang n’a jamais été aussi lourd, jamais aussi triste. 
La violence n’est pas spectaculaireelle est fatale. 
La mort du vieux shériftouchanted’une infinie tendresse, symbolise la fin d’un monde. 
Ce vieil Ouest meurt doucement, dans un souffle amer. 
La caméra s’attarde sur les visages fatigués. 
Elle caresse la poussière comme un linceul. 
Les chansons de Bob Dylan, étranges et belles, traversent le récit comme des lamentations modernes. 
Dylan lui-même, figure fantomatiqueincarne un personnage secondairecomme une voix du dehors, un témoin presque irréel. 
Tout dans ce film respire la perte. 
La perte d’un monde. 
La perte d’un idéal. 
La perte de soi. 
Garrett abat Billy, mais c’est lui-même qu’il tue. 
Le western se referme sur sa propre tombe. 
L’Ouest est mort, Hollywood aussisemble dire Peckinpah. 
Car Peckinpah filme sa propre trajectoire. 
Lui aussi a été Billy : insolent, libre, indomptable. 
Lui aussi est devenu Garrett : fatiguécompromisabîmé. 
Le film est son aveu, son testament, son poème d’adieu. 
Un western crépusculaireouimais surtout une confession d’homme blessé. 
Un film doux et brutal, tendre et sec,  chaque balle résonne comme un regret. 
L’histoire, nous la connaissons. 
Mais jamais elle n’a été dite avec une telle mélancolieune telle vérité. 
Pat Garrett et Billy the Kid n’est pas seulement un western. 
C’est une épitaphe pour un rêve. 
Un chef-d’œuvre à la fois froid comme la mort et chaud comme la mémoire. 

NOTE : 13.90

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