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dimanche 28 septembre 2025

15.80 - MON AVIS SUR LE FILM JOSEPH HORS LA LOI DE CLINT EASTWOOD (1976)


 Vu le film Josey Wales Hors la Loi de Clint Eastwood (1976) avec Clint Eastwood Sondra Locke Dan George Bill McKinney Sam Bottoms Paula Trueman Gérarldine Keam John Vernon 

À la fin de la guerre de Sécession Josey Wales cultive tranquillement son champ dans le Missouri quand les irréguliers Nordistes du Kansas du capitaine Terrill surgissent, incendient son ranch, violent sa femme et massacrent sa famille. Une bande de partisans sudistes arrivant peu après, il la suit. Le Sud est vaincu et le Sudiste Fletcher annonce une amnistie aux partisans qui déposeront les armes. En fait, c'est un piège. N'en réchappe que Josey Wales. 

Avec Josey Wales hors-la-loi (1976), Clint Eastwood passe à une nouvelle étape de sa carrière : non seulement il confirme qu’il est l’une des icônes du western américain, mais il impose également son regard de cinéaste. En adaptant le roman de Forrest Carter, Eastwood signe une fresque âpre et poussiéreuse sur la guerre de Sécession, ses traumatismes et la manière dont les individus tentent d’y survivre. C’est aussi l’un de ses premiers films où son humanisme affleure derrière la brutalité des coups de feu. 

L’histoire est simple mais puissante. Josey Wales (Clint Eastwood), fermier paisible du Missouri, voit sa femme et son fils massacrés par des troupes nordistes irrégulières, les Redlegs, en pleine guerre civile. Brisé, il rejoint les guérilleros sudistes qui continuent le combat même après la reddition officielle de la Confédération. Mais lorsque ces derniers déposent les armes et se rendent, Josey refuse de céder. Il devient alors un hors-la-loi, traqué par les soldats nordistes et les chasseurs de primes. Sa route le mène vers le Texas, au milieu de paysages poussiéreux, brûlés par le soleil, tandis que son désir de vengeance reste intact. Mais au fil du voyage, il s’entoure d’alliés inattendus : un vieux Cherokee, Lone Watie (Chief Dan George), une jeune femme, Laura Lee (Sondra Locke), et d’autres figures rejetées par l’histoire officielle. Ce n’est plus seulement un cavalier solitaire en fuite, mais l’épicentre d’une communauté naissante. 

Ce récit, d’abord construit comme une poursuite vengeresse, se transforme en méditation sur la violence, la survie et la possibilité de reconstruire une vie. Josey Wales n’est pas un héros flamboyant : c’est un homme usé, hanté par le sang versé, qui garde son flingue toujours prêt mais qui, paradoxalement, se retrouve entouré de ceux qui croient encore en une forme d’avenir. Clint Eastwood incarne ce mélange de sécheresse et de vulnérabilité avec une intensité rare : son regard dur, ses gestes lents, et cette manière de toujours rester sur le fil entre la justice personnelle et la folie meurtrière. 

La mise en scène est d’une étonnante maturité. Eastwood filme l’Ouest avec une rigueur presque documentaire, laissant la poussière, la sueur et les paysages arides raconter une part du récit. Les fusillades sont sèches, sans lyrisme inutile, mais frappent par leur brutalité. On pense à ses futurs films comme Impitoyable, où la violence ne sera jamais gratuite, mais toujours lourde de sens. Ici déjà, il refuse la glorification : chaque mort est une charge, chaque balle tirée rappelle l’impossibilité de tourner la page. Et pourtant, au milieu de cette âpreté, il installe des moments d’humour et de tendresse, notamment grâce à Lone Watie, interprété par Chief Dan George avec une ironie et une humanité irrésistibles. 

Le casting soutient cette profondeur. Chief Dan George, justement, apporte au film une dimension inédite : la voix des Indiens, enfin entendue avec dignité. Ses dialogues, mi-amers mi-sages, contrastent avec la violence environnante. Sondra Locke, dans le rôle de Laura Lee, incarne la fragilité mais aussi la résilience, donnant au récit une figure féminine marquante, qui échappe aux clichés du western. Sam Bottoms et John Vernon complètent la distribution, incarnant respectivement la jeunesse encore naïve et la duplicité des hommes de pouvoir. Chacun de ces personnages éclaire Josey Wales sous un angle différent, comme s’il devenait peu à peu un guide malgré lui. 

Ce qui fait la force du film, c’est ce mélange de brutalité et d’humanité. La vengeance est au cœur du récit, mais elle n’épuise pas le personnage. Contrairement à un western classique où le héros accomplit sa mission et disparaît, Eastwood propose une trajectoire plus complexe : Josey, malgré les cadavres qu’il laisse derrière lui, attire autour de lui des marginaux, des survivants, des exilés. Le film parle donc moins de mort que de reconstruction, moins de l’Ouest sauvage que d’un espace où il faut réinventer la communauté. C’est là que se loge la subtilité : derrière le flingueur sans états d’âme, un homme cherche encore un sens à sa vie. 

Le film contient plusieurs scènes devenues légendaires. L’ouverture, avec le massacre de la famille, d’une brutalité glaçante. Les fusillades rapides et sèches, où Josey ne tremble pas une seconde. Les dialogues entre Josey et Lone Watie, pleins d’humour discret et de vérité. La scène où Josey, au lieu d’abattre, choisit d’épargner, révélant une autre voie que la violence systématique. Autant de moments qui marquent la mémoire du spectateur. 

À mes yeux, Josey Wales hors-la-loi est l’un des chefs-d’œuvre d’Eastwood réalisateur, bien avant Mystic River ou Impitoyable. Il démontre une maîtrise de la caméra étonnante pour un cinéaste encore jeune, et affirme son style : direct, sans fioritures, mais toujours habité par une vision morale profonde. Le film est un western classique par son canevas, mais profondément moderne par son regard sur les exclus, les Indiens, les laissés-pour-compte. On y ressent la poussière, la chaleur, le poids de l’histoire, mais aussi la possibilité d’un renouveau. Impossible d’y rester insensible : c’est un grand moment de cinéma, tendu et vibrant, où Eastwood impose définitivement son empreinte. 

NOTE : 15.80

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DISTRIBUTION

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