Vu le Film El Dorado D'Howard Hawks (1966) avec John Wayne, Robert Mitchum, James Caan, Arthur Hunnicut, Robert Donner, Charlene Holt et Christopher George et Edward Asner.
Le Mercenaire Code Tranton (Wayne) est engagé par un propriétaire Bart Jason (Asner) pour l'aider dans sa guerre avec la famille MacDonald. Sauf que Jason veut les terres des MacDonald et c'est son ami le shérif Jimmy Harrah (MItchum) qui le préviens. Mais pas erreur Tranton va tuer le fils de Jason et devient l'ennemi et fuit la ville. 7 mois plus tard Tranton rencontre un autre tueur venu faire ce qu'il n'a pas fait à l'époque, McLeod le tueur est accompagné d’un jeune aventurier (Caan) les deux vont revenir dans la ville, mais cela à changer Jason a la main sur la ville (sauf les McDonald) et Harrah erre sa peine de coeur dans l'alcool.
Eldorado (1966) de Howard Hawks est souvent perçu comme un décalque de Rio Bravo. Et c’est vrai, le scénario en reprend largement les ressorts : une petite ville assiégée par les hommes de main d’un puissant propriétaire, un shérif alcoolique épaulé par un justicier expérimenté, un jeune homme fougueux qui rêve de prouver sa valeur, un vieil éclopé bavard et courageux. Mais Hawks, loin de livrer une simple copie, démontre ici que raconter une histoire déjà dite peut devenir un exercice de style, presque une variation musicale : mêmes notes, autre rythme, autre ton.
John Wayne reprend son rôle d’homme solide, sûr de lui, presque invulnérable. Chez Hawks, Wayne est l’anti-Eastwood : pas d’ambiguïté, pas de fêlure apparente, mais une tranquille assurance qui fait sa force. À ses côtés, Robert Mitchum, plus acteur dramatique que Dean Martin ne l’était, compose un shérif alcoolique attachant, déchu mais pas perdu, et c’est justement sa fragilité qu’on guette, plus que sa rédemption. James Caan, jeune premier qui avait déjà croisé Hawks dans Ligne Rouge 7000, incarne ce personnage d’apprenti héros, encore au pied de la montagne qu’il veut gravir. Quant à Arthur Hunnicut, il reprend avec malice le rôle du vieux compagnon infatigable, version campagnarde et cabossée du gardien de Rio Bravo.
La mise en scène se détache de son modèle par une ouverture plus grande : moins de huis clos, plus de chevauchées et de paysages, un peu d’air frais dans ce récit qui, malgré tout, garde la tension de la ville assiégée. Et si Rio Bravo reste supérieur — par sa justesse, son intensité, son équilibre presque parfait entre action, comédie et intimité —, Eldorado n’a pas à rougir. On y retrouve ce plaisir d’un cinéma de studio qui savait encore divertir, créer des personnages forts et installer une atmosphère sans lourdeur.
Mais Eldorado, c’est aussi le signe d’une époque qui s’achève. Hawks, dont ce fut l’avant-dernier film, revisite une formule qui lui avait réussi, au moment même où le Nouvel Hollywood allait balayer ces codes. Après lui viendra Rio Lobo, toujours avec Wayne, toujours écrit par Leigh Brackett, comme pour clore la boucle. Le cinéma de Hawks touche à sa fin, et c’est ce parfum mélancolique qui accompagne Eldorado : un western classique, solide, mais déjà hors du temps.
La chanson du générique, écrite sur un poème d’Edgar Allan Poe traduit par Mallarmé, mise en musique par Nelson Riddle et interprétée par George Alexander et The Mellomen, marque son territoire : un western nourri par la légende, mais conscient de sa dimension crépusculaire. Même les anecdotes de tournage, comme cette partie d’échecs entre Wayne et Caan qui faillit mal tourner si Mitchum ne s’était pas interposé, contribuent à l’image d’un film à la fois sérieux et traversé par une camaraderie rugueuse.
Eldorado est un petit plaisir de cinéphile : un western d’un autre temps, qui réchauffe par sa simplicité et son efficacité. Hawks y prouve qu’on peut refaire une histoire sans se répéter totalement, en variant les regards et en offrant à ses acteurs des partitions riches. C’est du cinéma classique au sens noble, celui d’une Amérique qui s’apprêtait pourtant à passer à autre chose.
NOTE : 17.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Howard Hawks
- Scénario : Leigh Brackett
- Photographie : Harold Rosson
- Montage : John Woodcock (monteur)
- Musique : Nelson Riddle
- Direction artistique : Carl Anderson et Hal Pereira
- Décors : Robert R. Benton et Ray Moyer
- Producteur : Howard Hawks
- Société de production : Paramount Pictures
- Société de distribution : Paramount Pictures
- Pays de production :
États-Unis - Langue : Anglais, Espagnol
- Budget : 4 653 000 US $ (estimé)
- Tournage du au
- John Wayne (VF : Raymond Loyer) : Cole Thornton
- Robert Mitchum (VF : Roger Tréville) : Jimmy Harrah
- James Caan (VF : Pierre Trabaud) : Alan Bourdillion Traherne (Mississippi)
- Arthur Hunnicutt (VF : Lucien Raimbourg) : Bull (Buggle en VF) Harris
- Charlene Holt (VF : Michèle Bardollet) : Maud
- Edward Asner (VF : Henry Djanik) : Bart Jason
- Christopher George (VF : Lucien Bryonne) : Nelse McLeod
- Robert Donner (VF : Jean Berton) : Milt
- John Gabriel (VF : Marc de Georgi) : Pedro
- Dean Smith : Charlie Hagan
- Michele Carey : Joey MacDonald (Joëlle dans la Version Française)
- R. G. Armstrong (VF : André Valmy) : Kevin MacDonald
- Paul Fix (VF : Georges Hubert) : Doc Miller
- Robert Rothwell (VF : Michel Gudin) : Saül MacDonald
- Ann Newman-Mantee (VF : Renée Simonot) : femme de Saül MacDonald
- Jim Davis (VF : Pierre Collet) : Jim Purvis (le contremaître de Jason)
- Marina Ghane : Maria
- Johnny Crawford : Luke MacDonald
- Adam Roarke (VF : Serge Lhorca) : Matt MacDonald
- Charles Courtney : Jared MacDonald
- Diane Strom : la femme de Matt
- Victoria George : la femme de Jared
- Anthony Rogers : Doc Donovan
- Olaf Wieghorst (VF : Richard Francœur) : Swede larsen (l'armurier)
- William Henry (VF : Claude Joseph) : Shérif Tod Draper
- Nacho Galindo (VF : Fernand Rauzena) : le tenancier du saloon mexicain
- John Mitchum (VF : Albert Augier) : le barman dans le saloon de Jason
- Joe King (VF : Jacques Marin) : Joe le pianiste
- Rodolfo Hoyos Jr. : un mexicain
- Cascades
- Jack N. Young (Il double James Caan dans le plan où les chevaux sautent au-dessus de lui.)

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