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samedi 13 septembre 2025

17.10 - MON AVIS SUR LE FILM EL DORADO DE HOWARD HAWKS (1966)

 


Vu le Film El Dorado D'Howard Hawks (1966) avec John Wayne, Robert Mitchum, James Caan, Arthur Hunnicut, Robert Donner, Charlene Holt et Christopher George et Edward Asner. 

Le Mercenaire Code Tranton (Wayne) est engagé par un propriétaire Bart Jason (Asner) pour l'aider dans sa guerre avec la famille MacDonald. Sauf que Jason veut les terres des MacDonald et c'est son ami le shérif Jimmy Harrah (MItchum) qui le préviens. Mais pas erreur Tranton va tuer le fils de Jason et devient l'ennemi et fuit la ville. 7 mois plus tard Tranton rencontre un autre tueur venu faire ce qu'il n'a pas fait à l'époque, McLeod le tueur est accompagné d’un jeune aventurier (Caan) les deux vont revenir dans la villemais cela à changer Jason a la main sur la ville (sauf les McDonald) et Harrah erre sa peine de coeur dans l'alcool. 

Eldorado (1966) de Howard Hawks est souvent perçu comme un décalque de Rio Bravo. Et c’est vrai, le scénario en reprend largement les ressorts : une petite ville assiégée par les hommes de main d’un puissant propriétaire, un shérif alcoolique épaulé par un justicier expérimenté, un jeune homme fougueux qui rêve de prouver sa valeur, un vieil éclopé bavard et courageux. Mais Hawks, loin de livrer une simple copiedémontre ici que raconter une histoire déjà dite peut devenir un exercice de style, presque une variation musicale : mêmes notes, autre rythmeautre ton. 

John Wayne reprend son rôle d’homme solidesûr de luipresque invulnérable. Chez Hawks, Wayne est l’anti-Eastwood : pas d’ambiguïté, pas de fêlure apparentemais une tranquille assurance qui fait sa force. À ses côtés, Robert Mitchum, plus acteur dramatique que Dean Martin ne l’était, compose un shérif alcoolique attachantdéchu mais pas perdu, et c’est justement sa fragilité qu’on guette, plus que sa rédemption. James Caan, jeune premier qui avait déjà croisé Hawks dans Ligne Rouge 7000incarne ce personnage d’apprenti héros, encore au pied de la montagne qu’il veut gravir. Quant à Arthur Hunnicut, il reprend avec malice le rôle du vieux compagnon infatigable, version campagnarde et cabossée du gardien de Rio Bravo. 

La mise en scène se détache de son modèle par une ouverture plus grande : moins de huis clos, plus de chevauchées et de paysages, un peu d’air frais dans ce récit qui, malgré tout, garde la tension de la ville assiégée. Et si Rio Bravo reste supérieur — par sa justesse, son intensité, son équilibre presque parfait entre action, comédie et intimité —, Eldorado n’a pas à rougir. On y retrouve ce plaisir d’un cinéma de studio qui savait encore divertircréer des personnages forts et installer une atmosphère sans lourdeur. 

Mais Eldoradoc’est aussi le signe d’une époque qui s’achève. Hawks, dont ce fut l’avant-dernier film, revisite une formule qui lui avait réussi, au moment même  le Nouvel Hollywood allait balayer ces codes. Après lui viendra Rio Lobotoujours avec Wayne, toujours écrit par Leigh Brackett, comme pour clore la boucle. Le cinéma de Hawks touche à sa fin, et c’est ce parfum mélancolique qui accompagne Eldorado : un western classiquesolidemais déjà hors du temps. 

La chanson du génériqueécrite sur un poème d’Edgar Allan Poe traduit par Mallarmé, mise en musique par Nelson Riddle et interprétée par George Alexander et The Mellomen, marque son territoire : un western nourri par la légendemais conscient de sa dimension crépusculaireMême les anecdotes de tournagecomme cette partie d’échecs entre Wayne et Caan qui faillit mal tourner si Mitchum ne s’était pas interposécontribuent à l’image d’un film à la fois sérieux et traversé par une camaraderie rugueuse. 

Eldorado est un petit plaisir de cinéphile : un western d’un autre temps, qui réchauffe par sa simplicité et son efficacité. Hawks y prouve qu’on peut refaire une histoire sans se répéter totalementen variant les regards et en offrant à ses acteurs des partitions riches. C’est du cinéma classique au sens noble, celui d’une Amérique qui s’apprêtait pourtant à passer à autre chose. 

NOTE : 17.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Cascades
  • Jack N. Young (Il double James Caan dans le plan où les chevaux sautent au-dessus de lui.)

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