Vu le film Les Amitiés Particulières de Jean Delannoy (1964) avec Didier Haudepin Francis Lacombrade François Leccia Michel Bouquet Louis Seigner Dominique Maurin Gérard Chambre Dominique Diamant Lucien Nat Colette Régis Bernard Musson Henrit Coutet et les Petits Chanteurs de Vincennes
Georges, un bel et ambitieux jeune homme de 14 ans, entre dans l’internat catholique Saint-Claude, régi d’une main de fer par les bons pères. Il devine, avec étonnement, l’existence de relations homosexuelles entre certains condisciples du même âge ; mais lui-même fait la connaissance d’Alexandre, un bel et charmant élève des petites classes âgé de 12 ans et il en tombe amoureux.
Les Amitiés Particulières de Jean Delannoy, d’après le roman de Roger Peyrefitte, c’est l’histoire de deux petits oiseaux qui s’aiment d’amour tendre. Ces oiseaux, ce sont Georges (14 ans), un jeune dandy coincé, et Alexandre (12 ans), cœur ardent. Un amour impossible, surtout dans le monde religieux catholique où il se déroule — un monde cher à Delannoy.
Le film reste soft, comme si Delannoy avait choisi la pudeur là où Peyrefitte, dans ses écrits et sa vie, fut parfois beaucoup plus explicite. Mais l’essentiel est là : un amour que le cœur n’écoute pas, un feu qui brûle sans qu’on sache pourquoi, une passion qui devient un drame quand on la brise. Alexandre, trop jeune pour composer avec la séparation, pousse cette histoire jusqu’au bout, jusqu’à l’irréparable.
Cette retenue fait du film une ode à l’amour impossible, un Roméo et Juliette au sein des internats religieux, où les adultes finissent par détruire les rêves des enfants. Si Francis Lacombrade (Georges) paraît parfois raide, c’est Didier Haudepin (Alexandre) qui enflamme la caméra. Son sourire, ses yeux pétillants, son énergie fragile en font le vrai cœur du film. On se souvient encore de lui, même si sa carrière d’acteur puis de réalisateur resta discrète.
Autour d’eux gravitent de grands acteurs : Louis Seigner, impeccable en père Lauzon, Michel Bouquet glaçant dans son rôle trouble de père de Trennes, et François Leccia, touchant en camarade des deux garçons. Tout cela compose un film qui reste, pour beaucoup, dans la mémoire des cœurs brisés.
Mais il y a aussi une autre histoire, en marge de ce film. Lors du casting, Peyrefitte — dont on connaissait les penchants interdits — s’éprit d’un garçon de 13 ans. Amour réciproque, qui dura des années, scellé par un pacte de mort. Ce jeune homme devint plus tard une figure incontournable des nuits parisiennes Gay, autour de la rue des Martyrs. Resté lié à Peyrefitte, il se mit aussi en couple avec une célèbre artiste de music-hall, adulée en France et en Italie. Leur histoire bascula dans le drame : quelques mois après la mort de Peyrefitte, le garçon périt dans l’incendie de la maison de l’artiste. Accident ou suicide, nul ne le sait — peut-être l’accomplissement du pacte. Mystère, encore une fois.
Oui, ce roman et ce film ne sont que tragédies. Devant ou derrière la caméra, tout y parle de passions interdites, de rêves fauchés et de destins brisés.
NOTE : 16.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Jean Delannoy, assisté de François Dupont-Midi
- Scénario : Jean Aurenche et Pierre Bost (dialogues), d'après le roman de Roger Peyrefitte
- Directeur de la photographie : Christian Matras
- Format : 35mm - noir et blanc - Ratio : 1,66:1
- Musique : Jean Prodromidès
- Producteur : Christine Gouze-Rénal
- Sociétés de production : Lux Compagnie Cinématographique de France et Progéfi
- Francis Lacombrade : Georges de Sarre
- Didier Haudepin : Alexandre Motier
- François Leccia : Lucien Rouvère
- Louis Seigner : le père Lauzon
- Michel Bouquet : le père de Trennes
- Dominique Maurin : Marc de Blajan
- Gérard Chambre : André Ferron
- Dominique Diamant : Maurice Motier
- Lucien Nat : le père supérieur
- Colette Régis : la religieuse
- Bernard Musson : le père enseignant
- Henri Coutet : l’employé de l’institution
- Les Petits Chanteurs de Vincennes

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