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mardi 23 septembre 2025

7.80 - MON AVIS SUR LE FILM SABATA DE GIANFRANCO PAROLINI (1969)


 Vu le Film Sabata de Gianfranco Parolini (1969) avec Lee Van Cleef Ignazio Spalla Aldo Canti Gianni Rizzo William Berger Antonio Gradoli 

Sabata, chasseur de prime, arrive à Daugherty, petite ville du Texas. Alors qu'il se désaltère au saloon, il apprend que 60 000 dollars viennent d'etre dérobé à la banque. Une prime de 5 000 dollars est offerte en récompense à celui qui retrouvera le butin, ce qui incite Sabata à partir à la recherche des voleurs. 

Sabata (1969) de Gianfranco Parolini est un spaghetti western qui, pour les amateurs du genre dans les années 70, représentait un rendez-vous incontournable dans les cinémas de quartier. Dans ces salles populaires, où l’on venait autant pour le spectacle que pour le frisson, Sabata se dégustait comme un plat de spaghetti généreusement nappé de sauce tomate… et de sang. C’était une époque où Lee Van Cleef, auréolé de son succès dans Pour une poignée de dollars de Sergio Leone, surfait sur la vague des westerns italiens, imposant sa présence charismatique et sa dégaine inimitable. 

L’histoire est classique mais efficace : un mystérieux pistolero, Sabata, débarque dans une ville sous le joug d’un gang de hors-la-loi. Il manie le pistolet avec une précision redoutable et un flair certain pour la mise en scène de ses coups. La ville, corrompue et aux prises avec des intrigues financières, devient le théâtre d’un duel entre malfrats et justicier solitaire, où ruses et trahisons s’enchaînent. Gianfranco Parolini, alias Frank Kramer, signe une mise en scène qui oscille constamment entre sérieux et fanfaronnade, cherchant à ménager suspense et humour, parfois avec un grandguignol assumé qui fait sourire autant qu’il énerve. 

Lee Van Cleef est évidemment la vraie attraction. Son visage buriné, son regard froid et son allure calme mais menaçante font de Sabata un personnage immédiatement mémorable. Il impose son style avec une assurance que peu d’acteurs du spaghetti western pouvaient égaler. Sa manière de jouer les duels, de surprendre ses ennemis avec des gadgets ingénieux, et sa décontraction face au danger, contribuent largement à rendre le film attrayant, même quand le scénario flirte avec l’absurde. 

À ses côtés, William Berger incarne un pistolero moins convaincant. Son personnage souffre d’une certaine surcharge d’originalité : tenue excentrique, maniérismes un peu forcés et un style qui tranche avec la gravité et l’efficacité de Van Cleef. L’alchimie entre les deux personnages ne prend pas toujours, ce qui accentue le contraste entre le héros charismatique et son acolyte plus anecdotique. Néanmoins, Berger reste attachant dans ses excès et apporte une couleur particulière au film, celle de la fanfaronnade outrancière qui fait partie du charme un peu décalé de ce Sabata-là. 

Le film joue habilement avec les codes du spaghetti western : fusillades spectaculaires, courses-poursuites, trahisons, et petites inventions qui ajoutent un côté presque cartoon au récit. Parolini ne vise pas la gravité absolue ni la profondeur psychologique des chefs-d’œuvre de Leone, mais il ne tombe pas non plus dans le ridicule complet. Le mélange de noirceur et de dérision donne au film un rythme particulier : on passe d’un moment tendu et sanglant à une séquence plus décalée, presque comique, sans jamais perdre complètement le fil de l’intrigue. 

Le scénario, simple mais efficace, se concentre sur l’ingéniosité de Sabata pour déjouer les plans du gang et récupérer l’argent volé. Chaque personnage secondaire, qu’il s’agisse des bandits ou des habitants complices, est à sa place et contribue à faire vivre cette petite ville de western comme un terrain de jeu cruel et imprévisible. Les seconds rôles ne volent pas la vedette à Van Cleef, mais leur présence permet de rythmer le film et d’ajouter des rebondissements constants. 

Visuellement, le film arbore les paysages classiques du western spaghetti : vastes étendues désertiques, rues poussiéreuses, saloons sombres et atmosphère de violence latente. La photographie met en valeur les gros plans sur les visages, les duels, et les gestes précis des pistoleros, accentuant le suspense et l’impact des scènes d’action. La musique, typique du genre, accompagne parfaitement ces moments, oscillant entre tension et exubérance, renforçant le côté « spectacle » de l’ensemble. 

Ce Sabata n’atteint peut-être pas les sommets du genre, ni l’intensité dramatique ou la sophistication d’un Leone, mais il se révèle extrêmement fun et divertissant. On peut lui reprocher son côté trop grandguignol, certaines facilités scénaristiques, ou le contraste parfois maladroit entre sérieux et humour outrancier. Pourtant, tout cela participe à son charme particulier et à son identité : celle d’un western spaghetti à la fois classique et décalé, qui ne se prend pas trop au sérieux tout en offrant son lot d’action et de tension. 

Le film a rencontré un succès suffisant pour engendrer deux suites, preuve que le public avait adhéré à ce cocktail de violence stylisée, d’humour et de charisme. Pour les amateurs de western spaghetti, le plaisir réside moins dans l’originalité que dans l’exécution et le plaisir de voir Lee Van Cleef évoluer dans un rôle taillé sur mesure pour lui. C’est une expérience cinématographique qui se savoure comme un rendez-vous nostalgique, une tranche de cinéma populaire des années 70, où l’action et le spectacle priment sur la subtilité. 

Sabata est un film qui se regarde avec amusement et satisfaction pour qui aime les westerns italiens. Lee Van Cleef y est, sans conteste, le point d’ancrage et la star incontestée. William Berger apporte une note plus fantaisiste, parfois discutable, mais qui participe à la couleur unique du film. Le mélange de sérieux, de noirceur, d’exagération et de fun fait de Sabata un western moyen mais agréable, une parenthèse savoureuse dans la carrière des acteurs et du réalisateur, et un incontournable pour les soirées spaghetti des amateurs du genre. 

NOTE : 7.80

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