Vu le Film Kill de Nikhil Nagesh Bhat (2023) avec Laksh Lalwani, Raghav Juyal Tanya Maniktala Laskh Lalwani Parth Tiwari Adrija Sinha
Dans un train pour New Delhi, une bande de voleurs prend en otage les passagers, sans savoir qu'un homme bien plus redoutable qu'eux est à bord. Quand ils s'en prennent à la femme qu'il aime, Amrit, membre des forces spéciales, répond par une vengeance sans merci.
Pas un habitué des visons de Film Indie , j’ai donc essayé ce film qui marque son homme et même avec un billet valade .Kill de Nikhil Nagesh Bhat est un vrai choc venu d’Inde, un de ces films qui surgissent sans prévenir et qui vous agrippent à la gorge du premier plan au dernier souffle. Dans un pays où le cinéma d’action reste souvent calibré sur le spectaculaire bollywoodien ou sur des schémas plus traditionnels, Bhat ose une incursion frontale dans un registre qu’on associe davantage au cinéma coréen ou indonésien : l’action confinée, brutale, gore, sans concessions. Et il choisit un décor unique – un train lancé à pleine vitesse – pour concentrer la tension, amplifier la claustrophobie et déchaîner une violence qui semble inarrêtable.
L’histoire commence presque calmement : un jeune militaire d’élite, Amrit (Lakshya), voyage avec sa fiancée Tulika (Tanya Maniktala) dans un train de nuit en direction de Delhi. On croit d’abord à un voyage banal, voire romantique, mais le scénario bifurque très vite : le train est pris d’assaut par une bande de criminels organisés, menés par Fani (Raghav Juyal), un chef psychopathe qui orchestre le pillage méthodique des passagers. Dans la tradition des films de braquage, on s’attend à une lutte entre innocents et bandits. Mais Bhat retourne la table : Amrit n’est pas seulement un jeune homme courageux, il devient littéralement une machine à tuer, déterminé à protéger Tulika et à éradiquer un à un les agresseurs. Le film prend alors une tournure radicale : un huis clos sanglant où la violence ne cesse de monter d’un cran.
Lakshya, dans son premier grand rôle au cinéma, impressionne. Derrière son visage juvénile se cache une intensité froide, presque inhumaine, qui explose dans les scènes de combat. Ses gestes sont précis, méthodiques, et chaque affrontement devient une exécution. Tanya Maniktala, déjà remarquée dans des drames plus doux, incarne une figure de victime et de témoin, mais son regard horrifié et bouleversé accompagne le spectateur : elle mesure la transformation de l’homme qu’elle aime, entre héros salvateur et monstre sanguinaire. Raghav Juyal, en chef des criminels, est d’une cruauté jouissive : sadique, imprévisible, il confère au film son parfum de cauchemar.
La mise en scène de Bhat exploite au maximum l’espace du train. Les wagons deviennent des arènes successives : couchettes étroites, compartiments bondés, toilettes étouffantes, couloirs interminables. Chaque séquence trouve une nouvelle manière de surprendre : étranglement au milieu des passagers, couteaux qui transpercent les corps, têtes fracassées contre les parois métalliques. L’hémoglobine jaillit sans retenue, mais ce qui frappe, c’est la variété des mises à mort. On pense parfois aux déchaînements physiques d’un The Raid, mais avec un style plus cru, moins chorégraphié, comme si la rage prenait le pas sur la technique.
Ce qui rend le film captivant, c’est sa capacité à tenir la distance. On croit d’abord que cette débauche de gore va épuiser, mais Bhat relance sans cesse : il introduit des personnages secondaires qu’on espère voir survivre, puis les sacrifie brutalement. Il casse les repères, ose la cruauté, et pousse le spectateur à se demander jusqu’où il ira. À mi-parcours, un événement marquant bouleverse la dynamique : un personnage important disparaît, et le film assume ce choix radical, refusant tout confort narratif.
On sent pourtant, vers la fin, une légère répétition. Les combats se ressemblent, le principe du “un contre tous” frôle la saturation. Mais Bhat compense par une intensité croissante : plus Amrit s’enfonce dans son carnage, plus le train devient un tombeau roulant, et plus le spectateur est pris entre le dégoût et l’admiration. Le dernier acte, où le héros s’affronte directement à Fani, synthétise le propos : la justice individuelle peut-elle se transformer en barbarie pure ?
Pour moi, Kill est une réussite totale en tant qu’actioner : brutal, sanglant, mais toujours tenu. C’est une œuvre qui ose. On est loin des envolées chorégraphiées des films indonésiens, ou de la virtuosité glaciale des thrillers coréens, mais Bhat invente une voie indienne : viscérale, excessive, sans filet. J’ai aimé cette façon qu’a le film de nous mettre face à nos propres limites de spectateurs : on se dit qu’on ne tiendra pas, que c’est trop, et pourtant on regarde, fasciné.
Kill est donc plus qu’un simple film d’action : c’est une expérience. Un train transformé en enfer de métal, un héros qui devient bourreau, une succession de scènes d’anthologie sanglantes. On sort secoué, vidé, mais convaincu d’avoir vu un jalon du cinéma de genre indien.
NOTE ; 11.00
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Nikhil Nagesh Bhat
- Scénario : Nikhil Nagesh Bhat et Ayesha Syed
- Production : Karan Johar, Aliya Curmally, Hiroo Johar, Raunaq Bajaj, Achin Jain, Apoorva Mehta, Guneet Monga
- Sociétés de production : Dharma Productions
- Musique : Ketan Jodhar
- Costumes : Rohit Chaturvedi
- Pays d'origine :
Inde
- Lakshya (VF : Arthur Perdreau) : Amrit Rathod, un commando NSG
- Raghav Juyal (VF : Pascal Nowak) : Fani
- Tanya Maniktala (VF : Julie Ghallab) : Tulika Singh
- Abhishek Chauhan (VF : Jean-François Vitale) : Viresh Chatwal
- Ashish Vidyarthi (VF : Stéphane Cornicard) : Beni
- Devang Bagga (VF : Morgan Sebode) : Ravi
- Chhaya dure (VF : Denis Michallet) : Baldev Singh Thakur
- Adrija Sinha : Ahaana Singh
- Meenal Kapoor (VF : Caroline Roussel) : mère de Tulika
- Avanish Pandey : TTE
- Parth Tiwari : Siddhi
- Akshay Vichare : Ujala
- Jitendra Kumar Sharma : Akhilesh Jha, le garde du train
- Rupesh Kumar Charanpahari : Bishnu
- Sahil Gangurde : Badlu
- Priyam Gupta : Kulli
- Vivek Kashyap : Mukund
- Sameer Kumar : Bechan
- Calib Logan : Brahmeshwar
- Moses Marton : Murari
- Riyaz Khan : Surajbhan
- Shakti Singh : Laddan
- Shivam Parmar : l'ami d'Amrit
- Bilal Kazi
- Pechap Kumar

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