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lundi 15 septembre 2025

3.10 - MON AVIS SUR LE FILM PARTIR UN JOUE DE AMELIE BONNIN (2025)

 


Vu le Film Partir un Jour de Amélie Bonnin (2025) avec Bastien Bouillon Juliette Armanet Tewfik Jallab François Rollin Dominique Blanc Mhamed Arezki Amandine Dewasmes Pierre Antoine Billon 

Alors que Cécile s'apprête à ouvrir son propre restaurant gastronomique et à réaliser enfin son rêve, elle doit rentrer en catastrophe dans son village natal suite à l'infarctus de son père. Loin du bourdonnement de la vie parisienne, elle recroise par hasard Julien, son amour d'enfance. Ses souvenirs ressurgissent alors et ses certitudes vacillent. 

Partir un Jour d’Amélie Bonnin, film d’ouverture du Festival de Cannes 2025, avait tout du pari risqué. Il s’est transformé en pari perdu. Rarement une salle aussi prestigieuse a dû se demander, comme je l’ai fait, si elle pouvait partir un jour de la salle et ne plus y revenir. 

Le film raconte le retour de trois anciens amis d’enfance – dont un professeur de musique (Bastien Bouillon) en mal d’inspiration, une femme divorcée qui rêve encore de sa jeunesse (Juliette Armanet) et un personnage lunaire incarné par François Rollin, vieux prof qui s’échine à éplucher des pommes de terre en chantant – réunis pour une sorte de karaoké existentiel autour des tubes du TOP 50 des années 80 et 90. Le pitch aurait pu donner une comédie musicale douce-amère, un portrait de génération en mal de repères. Mais au lieu de ça, c’est un interminable exercice de style, poussif, qui se croit charmeur parce qu’il ose faire chanter faux ses acteurs. 

Sauf que non, chanter faux n’a jamais fait un film juste. Les tubes français massacrés à la chaîne rappellent une après-midi sur RFM, quand on voudrait juste couper le son. N’est pas Alex Beaupain qui veut. Ici, on massacre le patrimoine sonore à coups de voix hésitantes et de mises en scène plates. Le cinéma, ce n’est pas un karaoké mal encadré. 

La mise en scène ? On a l’impression d’être revenu quarante ans en arrière, devant une fiction de FR3 du dimanche après-midi, avec personnages mal dégrossis et intrigue d’une platitude hallucinante. Lent comme un escargot qui attend sa feuille de salade, le film confond langueur et absence de rythme. On ne parle pas ici de minimalisme, mais d’un vide organisé, où chaque scène semble tirer artificiellement en longueur, sans émotion, sans grâce. 

Le casting, lui, donne l’impression d’être en fin de cycle. Bastien Bouillon, pourtant capable de fulgurances, prend ici le bouillon, prisonnier d’un rôle terne. François Rollin atteint le pathétique à force d’éplucher des pommes de terre en chantant, une idée qui aurait pu être drôle si elle n’était pas répétée ad nauseam. Le reste du casting flotte dans un océan d’indifférence, comme des silhouettes perdues dans un brouillard narratif. 

Le pire est que le film se prend au sérieux. Là où un peu d’autodérision, d’ironie ou de second degré aurait pu sauver les meubles, on a droit à une ambition présomptueuse. Comme si le simple fait de détourner des chansons populaires suffisait à donner du sens, comme si l’on pouvait appeler "cinéma" ce qui ressemble plus à un atelier théâtre amateur. 

Partir un Jour n’est pas un échec anecdotique, c’est un rappel brutal que la fiction est un art exigeant, qui ne s’improvise pas. La nostalgie ne suffit pas, pas plus que les chansons du Top 50 ou le faux charme du "mal chanté". Le cinéma, ce n’est pas ça. Et si c’est ça que Cannes met en avant en ouverture, alors oui, on est très mal parti. 

NOTE : 3.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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