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mardi 23 septembre 2025

16.50 - MON AVIS SUR LE FILM LES CHORISTES DE CHRISTOPE BARRATIER (2004)

 


Vu le Film Les Choristes de Christophe Barratier (2004) avec Gérard Jugnot Jean Baptiste Maunier François Berléand Kad Merad Maxence Perrin Jacques Perrin Grégory Gatignol Marie Bunuel Jean Paul Bonnaire Cyril Bernicot Thomas Blumenthal Simon Fargeaot Philippe de Jannerand 

En 1948, Clément Mathieu, professeur de musique sans emploi accepte un poste de surveillant dans un internat de rééducation pour mineurs ; le système répressif appliqué par le directeur, Rachin, bouleverse Mathieu. En initiant ces enfants difficiles à la musique et au chant choral, Mathieu parviendra à transformer leur quotidien. 

Il est des films qui échappent à la logique, qui semblent sortir de nulle part et s’imposer comme des évidences, des « miracles qu’on ne peut expliquer ». Les Choristes, premier long-métrage de Christophe Barratier en 2004, appartient à cette catégorie. Bien sûr, on peut accuser le film de passéisme, de tendre une nostalgie facile vers ce fameux « c’était mieux avant », et la carrière ultérieure du réalisateur a confirmé une certaine propension à caresser le spectateur dans le sens du velours patrimonial. Mais réduire Les Choristes à cette seule dimension serait passer à côté de ce qui en fait un objet singulier, un phénomène de société et, surtout, une œuvre habitée par une émotion sincère. 

L’histoire est celle d’un homme ordinaire, Clément Mathieu (Gérard Jugnot), musicien raté, professeur sans éclat, qui accepte un poste de surveillant dans un pensionnat pour garçons difficiles, le fameux « Fond de l’Étang ». Là règne un directeur autoritaire, Rachin (François Berléand), obsédé par la discipline, qui résume sa philosophie en un seul mot : « Action, réaction ». Les enfants, cabossés par la vie, répondent à la brutalité par l’insolence et les coups bas. Parmi eux, Pépinot (Maxence Perrin), gamin attendrissant qui attend chaque samedi des parents qui ne reviendront jamais, et Pierre Morhange, adolescent rebelle mais doté d’un don rare : une voix de cristal qui bouleverse dès qu’elle s’élève. 

C’est ce fil ténu – un chœur improvisé, la découverte de la beauté par le chant – qui transforme peu à peu l’enfer du pensionnat en espace d’espérance. Mathieu, avec sa bonhomie maladroite, sa tendresse voilée d’humour, réussit ce que les méthodes brutales n’avaient jamais obtenu : révéler l’humanité derrière la carapace des enfants. Jugnot, qu’on connaissait surtout pour ses rôles de comédie, trouve là l’un de ses plus beaux emplois, drôle et touchant à la fois, mélange de résignation et de douceur obstinée. 

Le film doit aussi beaucoup à son casting miraculeux. La production a eu la chance, ou plutôt la grâce, de croiser sur sa route un adolescent de treize ans, Jean-Baptiste Maunier. Beau comme un ange, regard à la fois candide et fier, il impose une maîtrise de la caméra incroyable pour son âge. Sa voix exceptionnelle, travaillée par les compositions de Bruno Coulais, porte littéralement le film. Qu’il n’ait pas eu par la suite la carrière d’un Jean-Pierre Léaud importe peu : il a choisi une autre voie (ou plutôt une autre voix), mais il restera à jamais l’incarnation de cette grâce fugitive. 

Autour de lui gravitent des gamins têtes de lard ou têtes de turc, figures dans lesquelles chacun peut retrouver des échos de son enfance, de ses colères, de ses amitiés d’école. Pépinot, notamment, qu’on a envie d’adopter tant son attente obstinée fend le cœur, est devenu une icône pour beaucoup de spectateurs. L’effet de famille plane aussi sur le film : produit par Jacques Perrin, l’oncle du réalisateur, qui incarne d’ailleurs Morhange adulte, le film réunit aussi Maxence, son propre fils, dans le rôle de Pépinot. On est presque dans une transmission générationnelle devant et derrière la caméra. 

Et puis il y a la musique. Comment parler des Choristes sans fredonner intérieurement « Vois sur ton chemin » ? La chanson est devenue un tube planétaire, collant aux oreilles comme une ritournelle indélébile. Mais au-delà de l’air, c’est toute la partition de Bruno Coulais qui structure l’émotion, donnant une dimension lyrique à ce petit récit provincial des années 40. 

Oui, le film joue de ficelles faciles, mais il les joue avec sincérité. Oui, l’esthétique sent parfois la carte postale, mais elle touche juste. Oui, Christophe Barratier n’a pas confirmé avec la suite de sa carrière un tel équilibre, mais qu’importe : certains films n’ont pas besoin de suite. Les Choristes a conquis le public parce qu’il renvoie chacun à ses propres souvenirs d’enfance, à ses maîtres qui comptent, à ses révoltes, à ce moment fragile où l’art peut transformer une vie. 

Revoir le film, c’est se laisser emporter à nouveau par ce mélange de rigueur et de tendresse, par ce chœur de voix qui montent à l’unisson. C’est retrouver Jugnot en professeur improbable mais salvateur, Maunier en ange blond, Pépinot en symbole de l’attente et de l’amour perdu. Et c’est se dire qu’en définitive, malgré ses maladresses, Les Choristes a accompli sa mission : offrir un espace d’émotion pure, un souvenir de cinéma qui ne vieillit pas. 

Alors, « action, réaction » : il ne reste qu’à le revoir encore et encore. 

NOTE : 16.50

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