Vu le Film French Lover de Nina Rives (2025) avec Omar Sy Sara Giraudeau Alban Ivanov Pascale Arbillot Agès Hurstel Xavier Lacaille Cindy Bruna Hugo Gélin Amaury de Crayencour Isabelle Candelier Antoine Chappey Ruben Alves
« Lui, la star. Moi, la fille de base. Ça ne marchera jamais. » L’histoire de cette comédie romantique raconte la rencontre d’Abel, star du cinéma interprétée par Omar Sy, et Marion, future ex serveuse interprétée par Sara Giraudeau. La star rencontre un peu par hasard et tombe amoureuse d’une girl next door, une serveuse, à Paris, Marion. Une relation amoureuse leur semble pourtant initialement impossible, incarnant l'un et l'autre deux stéréotypes culturels opposés
Le scénario de ce film est basé sur la série télévisée israélienne "Ish Hashuv Me'od", une série dramatique écrite par la scénariste Shirley Moshiouf
Il existe des films classés interdits aux moins de 13 ans, d’autres aux moins de 18. Avec French Lover de Nina Rives, produit pour Netflix et adapté d’une série israélienne, on pourrait inaugurer une nouvelle catégorie : les films « interdits de sortie sous toutes formes que ce soit ». Car ce qui nous est servi ici tient davantage de la soupe indigeste que d’un véritable film. Et le pire, c’est que la soupe est trop salée, trop poivrée, assaisonnée n’importe comment, au point qu’on voudrait renvoyer l’assiette immédiatement.
L’histoire met en scène Abel, interprété par Omar Sy. Abel est un acteur international, riche, sûr de lui, un « bobo » caricatural — il n’y a pas d’autre mot — qui passe son temps à exhiber sa maison bourrée de gadgets high-tech devant une jeune femme. Mais au lieu de nous montrer un personnage ambigu ou fascinant, le film nous inflige un héros insupportable, aussi antipathique que son interprète. Omar Sy, qui a souvent brillé par son charisme ailleurs, se révèle ici incapable d’incarner autre chose qu’une caricature grotesque. Sur les plateaux de tournage fictifs, il cabotine, il s’impose, il étouffe. Dans sa vie privée, il se pavane, il se vante, il se donne en spectacle. L’acteur et le personnage se confondent dans une seule chose : l’insupportable.
À côté de lui, Alban Ivanov, qui aurait pu amener une touche de dérision ou de fraîcheur, tombe dans le même travers. Son jeu est plat, sans nuance, comme si la direction d’acteurs avait été laissée en friche. On assiste donc à un duo qui rivalise dans la médiocrité, donnant à chaque scène un air de répétition inaboutie plutôt que de véritable cinéma. Et puis, cerise sur le gâteau amer, le film ose s’aventurer jusqu’à une cérémonie des César low-cost, grotesque parodie qui ne suscite ni rire ni émotion, juste la gêne. C’est une scène « en trop » dans un film qui est déjà beaucoup trop.
Heureusement, au milieu de ce désert artistique, un peu d’ombre salvatrice apparaît avec Sara Giraudeau. Elle seule, par son charme discret, par son naturel, par une vérité qui semble sortir d’un autre film, parvient à donner une respiration. À chaque apparition, elle fait oublier quelques instants le ridicule environnant. Mais c’est trop peu pour sauver l’ensemble. On ne sauve pas un navire qui coule avec une seule planche encore intacte.
Le scénario, censé mélanger satire du milieu artistique, comédie de mœurs et réflexion sur l’ego, s’écroule sous le poids de ses propres contradictions. Rien n’est crédible. Les situations s’enchaînent sans logique, les dialogues semblent écrits à la va-vite, les personnages secondaires passent comme des silhouettes inutiles. Tout respire le manque de travail et l’illusion qu’aligner des stars suffit à faire un film. Mais ici, c’est un écrin vide : une enveloppe brillante, clinquante, mais sans contenu.
Ce qui devait être un regard ironique sur la célébrité et ses excès se transforme en étalage d’ennui. On ne rit pas, on ne s’émeut pas, on ne réfléchit pas. On subit. La caméra filme des maisons luxueuses, des décors léchés, des costumes bien repassés, mais rien n’a de chair, rien n’a de sang. C’est une succession de vitrines, un showroom déguisé en film. Au bout du compte, il reste l’impression d’avoir perdu son temps, d’avoir été piégé dans un produit marketing mal emballé.
French Lover n’est pas un mauvais film parmi d’autres, c’est une erreur de conception. Une erreur qu’il faudrait classer dans la catégorie inédite : films à interdire de sortie sous toutes formes que ce soit. Car si certains longs-métrages, même ratés, gardent un parfum, une idée, une audace, celui-ci n’a rien. Rien qu’un vide assourdissant, des performances calamiteuses et un ennui que seul le visage lumineux de Sara Giraudeau parvient un instant à fissurer. Voilà pourquoi je le considère non pas comme un échec ordinaire, mais comme un écrin vide, sans intérêt, et sans la moindre nécessité d’exister.
NOTE : 2.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Nina Rives[]
- Scénario : Hugo Gélin, Nina Rives et Noémie Saglio
- Décors : Noémie Juillet
- Photographie : Renaud Chassaing
- Montage : Valérie Deseine
- Son : Josselin Panchout, Frédéric Demolder, Héléna Réveillere et Marc Doisne
- Musique : Guillaume Ferran
- Costumes : Camille Janbon
- Production : Lionel Uzan, Hugo Gélin et Omar Sy
- Sociétés de production : Zazi Films, Federation Studio France et Korokoro Productions[ ]
- Société de distribution : Netflix
- Omar Sy : Abel
- Sara Giraudeau : Marion
- Alban Ivanov : Sami
- Pascale Arbillot : Camille
- Agnès Hurstel : Estelle
- Xavier Lacaille : Cédric
- Cindy Bruna : Léna
- Amaury de Crayencour : Antoine
- Isabelle Candelier : Nathalie, la mère de Marion
- Antoine Chappey : Jacques, le père de Marion
- Jean Franco : Renaud Léman
- Camille Lavabre : Adeline
- Alexandre Kominek : Louis Latour
- Julien Santini : le médecin interne
- Sébastien Castro : l'animateur TV
- Claudia Bacos : Rose
- Baya Rehaz : la réalisation du tournage au château
- Isabelle Vitari : l'assistante du tournage au château
- Patrice Melennec : le machiniste du tournage au château
- Guillaume Mélanie : le dresseur de cheval du tournage au château
- Cédric Moreau :
- Hugo Gélin : le remettant du César d'Abel / le réalisateur d'une publicité
- Ruben Alves : le remettant du César de Renaud Léman
- Jeanne Bournaud : la présentatrice de la cérémonie des César
- Frédéric Fix : Romain
- Jade Vinot-Mony : Jade
- Rose Michel Tastet : Rosa, la copine de Jade

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