Vu le film Les Goonies de Richard Donner (1985) avec Sean Astin Josh Brolin Jeff Cohen Corey Feldman Kerri Green Martha Plimpton Ke Huy Quan John Matutzak Robert Davi Cindy Lauper Anne Ramsey
Astoria, automne 1985. Alors que les terribles Fratelli s'évadent de prison, Bagou, Choco, Data et Mickey, une bande de gamins, trouvent dans le grenier de ce dernier une vieille carte au trésor menant au pirate Willy le Borgne. Alors que leur quartier va bientôt être rasé par le promoteur Elgin Perkins pour être remplacé par un terrain de golf, les garçons décident de se mettre à la recherche du butin pour éviter la destruction des maisons. Bientôt rattrapés par Brand, le frère de Mickey, et deux amies, Steph et Andy, les « Goonies » suivant leur carte, arrivent et pénètrent dans un vieux restaurant en bordure de mer ; sans savoir que l'endroit est déjà occupé par les Fratelli en cavale, s'ensuivra de la poursuite de leur aventure souterraine jusqu'au bateau pirate de Willy le Borgne et de son fameux trésor…
Les Goonies, c’est d’abord un parfum : celui du cinéma d’aventures des années 80, celui des samedis après-midi où l’on usait les VHS jusqu’à la bande translucide, celui des grands films populaires qui parlaient aux enfants sans les infantiliser. Richard Donner, pourtant plus habitué aux super-héros (Superman) et aux polars nerveux (L’Arme Fatale suivra quelques années après), se glisse ici dans le teen movie d’aventures avec un enthousiasme communicatif. On est en 1985, Spielberg règne sur l’imaginaire collectif, et ça se sent : producteur, inspirateur, influenceur invisible mais omniprésent, il infuse Les Goonies de son amour du récit initiatique, des trésors cachés, des plans plus grands que la vie. Chris Columbus, au scénario, n’est pas en reste, livrant un script qui, derrière ses blagues et ses cascades enfantines, parle surtout de passage, d’amitié, d’héritage et de courage.
L’histoire : dans la ville côtière d’Astoria, un groupe de gamins, les « Goonies », découvre dans un grenier une vieille carte au trésor. Menacés de voir leurs maisons rasées pour laisser place à un projet immobilier, ils se lancent, à bicyclette puis à pied, dans une chasse au trésor digne des légendes de pirates, sur les traces de Willy le Borgne. Mais sur leur route, les Fratelli, une famille de truands grotesques et inquiétants, décidés eux aussi à mettre la main sur le butin. S’ensuit une aventure souterraine, parsemée de pièges, de tunnels, de chauves-souris, de squelettes, de navires fantômes et de trahisons comiques, où chacun de ces gosses trouvera l’occasion de se dépasser, de grandir, et de prouver que l’amitié, parfois, vaut tous les trésors.
La bande de gamins est irrésistible : Sean Astin (Mikey), le cœur et la voix de l’aventure ; Josh Brolin, grand frère râleur et protecteur, à l’époque bodybuildé façon ado sportif typique des 80s, futur Thanos et Llewelyn Moss (No Country for Old Men) ; Corey Feldman, clown insolent au débit mitraillette ; Ke Huy Quan (Data), inventeur gadgetoïde, avant Indiana Jones et le Temple Maudit et bien longtemps avant son Oscar pour Everything Everywhere All at Once ; Jeff Cohen, inoubliable Choco, capable de faire rire par un simple effondrement nerveux, génie comique qui quittera vite le cinéma pour devenir avocat mais restera immortel dans le cœur des fans. Sans oublier Sloth, ce géant difforme au grand cœur, icône immédiate, brandissant son tee-shirt Superman et résumant à lui seul l’esprit du film : une créature que la cruauté a isolée, que l’amitié vient sauver.
Donner, sans être un spécialiste du teen movie, maîtrise le rythme avec un plaisir évident. Chaque séquence enchaîne découverte, humour, suspense, souvent les trois en même temps. Il y a ce sens du timing hérité de Spielberg : faire que chaque obstacle soit une scène à part entière, faire de la grotte un labyrinthe de cinéma où la caméra court avec les enfants, où l’aventure devient physique, palpable. Et, cerise sur le gâteau, des clins d’œil par dizaines : la référence à Superman, le saut façon 007, le shérif qui parle de bestioles qui se multiplient quand on les mouille (bonjour les Gremlins), les vélos qui rappellent E.T. sans s’envoler, et cette façon de réinjecter dans chaque scène un hommage discret mais tendre au cinéma d’aventures hollywoodien, du pirate au serial en passant par le James Bond ludique.
Et puis, il y a le grand frisson de vérité : le navire pirate de Willy le Borgne, gardé secret jusqu’au moment du tournage, offrant aux jeunes acteurs une émotion pure, réelle, saisie sur le vif. C’est cette sincérité qui rend le film intemporel. À l’écran, on ne joue pas à s’émerveiller : on s’émerveille. Et le spectateur, lui aussi, a les yeux qui brillent.
Revu aujourd’hui, le film conserve toute sa fraîcheur. Certes, le ton a vieilli, les dialogues sentent bon les années 80, mais l’esprit, lui, n’a pas pris une ride. On y retrouve le goût de l’aventure libre, sans messages plaqués, sans second degré cynique, juste l’envie de raconter une belle histoire. Ce que Les Goonies disent, au fond, c’est que l’enfance est une quête, un trésor à préserver, une bande d’amis avec qui on brave le monde adulte. Et même si, à sa sortie, certains critiques (notamment ceux qui aiment lever le petit doigt quand ils tiennent un stylo) ont méprisé ce cinéma populaire, l’Histoire leur a donné tort : Les Goonies est devenu un film culte, une pièce maîtresse de l’imaginaire collectif, le chaînon entre l’innocence d’E.T. et l’esprit bande d’ados de Stranger Things.
Alors oui, jeunesse d’aujourd’hui, quittez les tablettes, allez fouiller dans la vidéothèque des parents, mettez Les Goonies dans le lecteur, et laissez-vous embarquer 110 minutes durant dans l’aventure que, tous, nous aurions rêvé de vivre : une course au trésor avec ses copains, un monde secret juste sous nos pieds, et la certitude que, pour un temps au moins, l’amitié peut tout.
NOTE : 15.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Richard Donner
- Directeur de la seconde équipe : Steven Spielberg (non crédité) et Newt Arnold
- Scénario : Chris Columbus
- Histoire : Steven Spielberg
- Musique : Dave Grusin
- Montage musique : Else Blangsted
- Photographie : Nick McLean (en)
- Chef éclairagiste : Tom Stern
- Son : Willie D. Burton, Bill Varney, B. Tennyson Sebastian II, Robert Thirlwell et Richard L. Anderson
- Montage : Michael Kahn et Steven Spielberg (non crédité)
- Direction artistique : Rick Carter
- Décoras : J. Michael Riva
- Ensemblier : Linda DeScenna
- Costumes : Richard La Motte
- Affiches : Drew Struzan et John Alvin
- Production : Harvey Bernhard et Richard Donner
- Production déléguée : Kathleen Kennedy, Frank Marshall et Steven Spielberg
- Sociétés de production : Amblin Entertainment et Warner Bros. Pictures (coproduction)
- Sociétés de distribution : Warner Bros. Pictures (États-Unis et Québec) , Splendor Films (France)
- Société d'effets spéciaux : Industrial Light & Magic
- Budget : 19 millions de dollars[
- Sean Astin (VF : Damien Boisseau) : Michael « Mikey » Walsh
- Josh Brolin (VF : Éric Baugin) : Brandon « Brand » Walsh, frère aîné de Mikey
- Jeff Cohen (VF : Guillaume Boisseau) : Laurent « Choco » Cohen (« Chunk » en VO)
- Corey Feldman (VF : Mathias Kozlowski) : Clark « Bagou » Devereaux (« Mouth » en VO)
- Ke Huy Quan (VF : Rodolphe Schacher) : Richard « Data » Wang
- Kerri Green (VF : Céline Ertaud) : Andrea « Andy » Carmichael
- Martha Plimpton (VF : Françoise Dasque) : Stephanie « Steph » Steinbrenner
- John Matuszak (VF : Richard Darbois[7]) : Lotney « Sinok » Fratelli (« Sloth » en VO)
- Robert Davi (VF : Mario Santini) : Jake Fratelli
- Joe Pantoliano (VF : Philippe Peythieu) : Francis Fratelli
- Anne Ramsey (VF : Paule Emanuele) : Mama Fratelli
- Lupe Ontiveros (VF : Tamila Mesbah) : Rosalita
- Mary Ellen Trainor (VF : Frédérique Tirmont) : Irene Walsh
- Keith Walker (VF : Jean-Pierre Moulin) : Irving Walsh
- Curtis Hanson (VF : Jacques Brunet) : Elgin Perkins
- Steve Antin (VF : Vincent Ropion) : Troy Perkins
- Paul Tuerpe : le shérif
- Michael Paul Chan : le père de Data
- Charles McDaniel : le père de Choco
- Nick McLean (en) : le père de Bagou
- Orwin Harvey : joueur de tennis
- Ted Grossman : le cadavre
- Eric Briant Wells : l'ami brun de Troy
- Jeb Adams : l'ami blond de Troy
- Jack O'Leary (VF : Claude Joseph) : le reporter n°1
- George Robotham : le gardien de prison
- Joël Wayne Warner : Chester Copperpot (caméo photographique)
- Richard Donner (VF : Claude Joseph) : un policier (caméo non crédité)
- Cyndi Lauper : elle-même à la télévision (caméo)
- Voix additionnelles : Gilbert Lévy, Franck Baugin, Ludovic Baugin

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