Vu le film Nobody 2 de Timo Tjahjanto,(2025) avec Bob Endenkirk Connie Nielsen Christopher Lloyd Sharon Stone Colin Hank RZA et Gage Munroe
Quatre ans après sa malencontreuse altercation avec la mafia russe, Hutch doit toujours 30 millions de dollars à la redoutable organisation et s'efforce de rembourser en enchaînant sans répit les contrats d'une liste de criminels à abattre, aussi interminable qu'internationale. Bien qu'il apprécie le caractère intense de son "travail", Hutch se retrouve vite surmené, tout comme sa femme Becca, et ils s'éloignent inexorablement l'un de l'autre.
Nobody 2 (2025), réalisé par Timo Tjahjanto, est la suite du film d’action Nobody (2021), qui avait surpris par son mélange d’humour noir, de violence décomplexée et de charisme inattendu de Bob Odenkirk dans le rôle de Hutch Mansell, un père de famille à l’apparence banale mais au passé d’assassin redoutable. Cette suite, sortie après quatre ans d’attente, promettait de capitaliser sur le succès du premier opus, mais elle déçoit par son manque d’originalité et un scénario qui peine à renouveler la formule.
Le premier Nobody avait séduit par son concept simple mais efficace : un homme ordinaire révélant une nature violente insoupçonnée, porté par l’énergie brute d’Ilya Naishuller et le charisme de Bob Odenkirk, connu pour Better Call Saul. La suite, confiée à Timo Tjahjanto, un réalisateur indonésien réputé pour ses films d’action ultra-violents (The Night Comes for Us), promettait une approche plus viscérale. Malheureusement, Nobody 2 recycle largement la recette du premier sans apporter de réelle nouveauté. Le scénario, signé par quatre scénaristes (Derek Kolstad, Aaron Rabin, Bob Odenkirk, Umair Aleem), est minimaliste, presque paresseux, se contentant d’un prétexte – les vacances qui tournent mal – pour enchaîner des scènes d’action. Si ces dernières sont techniquement solides, avec des combats brutaux et des séquences inventives (comme dans un parc aquatique ou un palais des glaces), elles manquent de l’effet de surprise qui faisait le charme du premier.Bob Odenkirk reste le pilier du film. Son Hutch Mansell est toujours aussi attachant, mêlant maladresse humaine et efficacité létale. Il excelle dans les scènes où il laisse éclater sa violence tout en conservant un côté « papa dépassé ». Connie Nielsen, en Becca, gagne un peu plus d’espace, participant activement à l’action, mais son personnage reste sous-développé, tout comme ceux des enfants, Brady et Sammy, qui servent surtout de faire-valoir. Christopher Lloyd, en père excentrique, et RZA, en frère discret, sont sous-utilisés, leurs apparitions se limitant à des clins d’œil nostalgiques sans véritable impact.Sharon Stone, dans le rôle de Lendina, est une addition intrigante mais mal exploitée. L’actrice, icône des années 90 (Basic Instinct, Casino), semble s’amuser en jouant une méchante caricaturale, avec un style outrancier (cheveux gominés, lunettes colorées, dialogues provocateurs). Cependant, son personnage manque de profondeur et oscille entre parodie et cliché, sans jamais devenir une menace crédible. Sa prestation, bien que divertissante, rappelle des rôles de vilaines exagérées, loin de ses performances marquantes d’antan. Daniel Bernhardt, qui jouait un sbire russe dans le premier film, revient en Kartoush, un nouvel homme de main. Ce choix de casting est déroutant : son retour, dans un rôle différent mais similaire, donne une impression de recyclage paresseux, comme si le film manquait d’idées pour créer de nouveaux antagonistes. Colin Hanks, en shérif corrompu, et John Ortiz, en propriétaire véreux, apportent un peu de couleur, mais leurs rôles restent anecdotiques.
Nobody 2 a un côté exagéré, presque parodique, avec des méchants caricaturaux et des affrontements outranciers, mais sans la richesse visuelle ou l’ironie des classiques de Sergio Leone. L’absence de « chevaux et de saloons » est compensée par un décor de parc d’attractions ringard, mais cela ne suffit pas à donner une identité forte au film. Sharon Stone et Daniel Bernhardt, bien que compétents, semblent parachutés dans un projet qui ne sait pas quoi faire d’eux. Le film reste divertissant pour qui cherche une dose d’action sans prise de tête, mais il trahit l’esprit du premier, qui avait su marier humour, violence et une certaine fraîcheur.
Nobody 2 est un film d’action correct mais oubliable, qui recycle la formule du premier sans en retrouver la magie. Bob Odenkirk porte le film sur ses épaules, mais le scénario faible et les personnages secondaires sous-exploités (notamment Sharon Stone et Daniel Bernhardt) plombent le résultat. Après quatre ans, on attendait mieux qu’un « copier-coller » fainéant. Mieux vaut revoir le premier Nobody et garder le souvenir d’un Hutch Mansell héroïque et inattendu, plutôt que de s’aventurer dans cette suite dispensable qui n’apporte rien de mémorable.
NOTE : 7.00
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Timo Tjahjanto
- Scénario : Derek Kolstad, Aaron Rabin, Bob Odenkirk et Umair Aleem
- Musique : Dominic Lewis
- Direction artistique : Ksenia Markova
- Décors : Michael Diner
- Costumes : Patricia J. Henderson
- Photographie : Callan Green
- Montage : Elísabet Ronaldsdóttir
- Production : Braden Aftergood, David Leitch, Kelly McCormick, Marc Provissiero et Chad Stahelski
- Sociétés de production : 87North Productions, Odenkirk Provissiero Entertainment et Eighty Two Films
- Sociétés de distribution : Universal Pictures (États-Unis), Universal Pictures International France (France)
- Bob Odenkirk (VF : Gérard Darier) : Hutch Mansell
- Connie Nielsen (VF : Françoise Cadol) : Becca Mansell
- John Ortiz (VF : Enrique Carballido) : Wyatt Martin
- Robert « RZA » Diggs (VF : Daniel Njo Lobé) : Harry Mansell
- Colin Hanks (VF : Olivier Chauvel) : Abel, le shérif
- Christopher Lloyd (VF : Jean-Claude Montalban) : David Mansell
- Sharon Stone (VF : Micky Sébastian) : Lendina
- Colin Salmon (VF : Thierry Desroses) : The Barber
- Gage Munroe (en) (VF : Augustin Brat) : Brady Mansell
- Paisley Cadorath (VF : Loïse Charpentier) : Sammy Mansell
- Daniel Bernhardt : Kartoush
- Lucius Hoyo : Max Martin
- Daniel Maclnnis (VF : Olivier Benard) : Toby

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