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mercredi 3 septembre 2025

12.50 - MON AVIS SUR LE FILM BEBERT ET L'OMNIBUS DE YVES ROBERT (1963)


 Vu le Film Bébert et l’Omnibus de Yves Robert (1963) avec Martin Lartigue (Petit Gibus) Jean Richard Michel Serrault Blanchette Brunoy Jacques Higelin Michel Modo Guy Grosso Pierre Mondy Jean Lefebvre Tsilla Chelton Christian Albert Remy 

À la suite d'une exploration mouvementée à la Samaritaine puis dans les rues de Paris, le jeune Bébert est oublié en queue de train par son grand-frère, Tiennot, parti draguer dans les voitures de tête de leur train à destination de Coulommiers (la famille réside à Tournan-en-Brie). Ce train est en effet divisé en deux rames à la gare de Gretz-Armainvilliers, la tête allant à Tournan, la queue à Verneuil-l'Étang, où Bébert va vivre quelques aventures 

Bébert et l’Omnibus, c’est Yves Robert qui reprend, un an après La Guerre des boutons, la veine qui lui va si bien : celle d’un cinéma tendre, drôle, populaire et profondément humain. On retrouve le jeune Martin Lartigue, alias Petit Gibus, désormais Bébert Martin, gamin espiègle, malin, avec cette même fraîcheur, ce même sourire en coin qui le rend irrésistible. Et tout repose sur lui. Sans un enfant capable de porter le film, l’histoire s’écroulerait. Mais là, au contraire, tout fonctionne, car ce Bébert est un diamant brut : spontané, vif, jamais cabotin. 

Le scénario est d’une simplicité désarmante, mais c’est tout son charme : un samedi, Bébert accompagne sa mère (Blanchette Brunoy) faire les courses à Paris. Par une série de petits hasards et de maladresses, l’enfant se retrouve séparé de ses parents dans les transports. Il monte dans un train de banlieue, seul, et finit à Verneuil-l’Étang, un village qui n’avait rien demandé à personne, mais qui, en une soirée, va voir défiler gendarmes, cheminots, agents de la SNCF, habitants en panique et autorités locales, tous mobilisés pour retrouver les parents de ce môme qui, lui, n’a pas l’air plus inquiet que ça. Pendant ce temps, le frère aîné (Jacques Higelin, formidable en adolescent un peu voyou et dragueur minable) tente de briller ailleurs, ratant à peu près tout ce qu’il entreprend, pour notre plus grand plaisir. 

Le film joue sur les contrastes : un enfant calme au milieu de la panique des adultes, un monde ordonné mis sens dessus dessous par un événement minuscule, une mécanique administrative qui se grippe à cause d’un gosse trop malin. Yves Robert a ce talent rare de filmer la comédie sans jamais ridiculiser ses personnages. Il les croque avec tendresse. Il se moque gentiment de l’autorité, des chefs de gare stressés, des inspecteurs dépassés, des provinciaux affolés, mais il ne les humilie jamais. Chacun garde sa dignité, même en pleine pagaille. 

Le casting est un régal pour qui aime le cinéma comique français de l’époque : Pierre Mondy en chef de gare stressé et comique malgré lui, Michel Serrault en inspecteur aussi rigide que dépassé, Jean Richard en père colérique et attendri, Jean Lefebvre et Christian Marin en cheminots gouailleurs, Albert Rémy en brigadier dépassé par les événements, Tsilla Chelton en passagère aux pommes, Guy Grosso et Michel Modo en gendarmes rêveurs, Sophie Grimaldi, Pierre Tornade, Madeleine Clervanne… tout un petit monde d’acteurs de caractère qui viennent donner couleur et rythme à cette comédie mouvementée. 

Mais la clef, c’est vraiment Martin Lartigue. Yves Robert le dirige avec une intelligence admirable. Il ne le transforme pas en « petit chien savant », il ne lui fait pas réciter des traits d’esprit. Bébert est un vrai gosse. Il rit, il râle, il négocie, il observe, il provoque un chaos complet avec un naturel confondant. Il est le cœur battant du film. On ne peut pas ne pas l’aimer. 

Et au-delà des gags, Bébert et l’Omnibus est une petite capsule de France des années 60. On y voit les gares de banlieue encore pleines de vie, les autobus parisiens d’un autre temps, les échanges directs entre habitants, la gouaille populaire, les petites villes où tout le monde se connaît, où une rumeur mobilise en quelques minutes une chaîne humaine improbable. Il y a là une légèreté, une chaleur humaine qui appartiennent à une époque, mais qui, aujourd’hui encore, font du bien. 

C'est une comédie simple mais sincère, bien écrite, bien rythmée, servie par une troupe solide et par un enfant absolument parfait dans son rôle. Pas un film à thèse, pas une œuvre monumentale, mais un bonheur de cinéma, un de ceux qui redonnent le sourire sans en faire des tonnes. Yves Robert, dans ce registre, était un maître : il savait que les plus beaux fous rires naissent de l’observation fine et du respect de ses personnages. Bébert et l’Omnibus en est une preuve éclatante. 

NOTE : 12.50

FICHE TECHNIQUE

 DISTRIBUTION


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