Vu le Film Bébert et l’Omnibus de Yves Robert (1963) avec Martin Lartigue (Petit Gibus) Jean Richard Michel Serrault Blanchette Brunoy Jacques Higelin Michel Modo Guy Grosso Pierre Mondy Jean Lefebvre Tsilla Chelton Christian Albert Remy
À la suite d'une exploration mouvementée à la Samaritaine puis dans les rues de Paris, le jeune Bébert est oublié en queue de train par son grand-frère, Tiennot, parti draguer dans les voitures de tête de leur train à destination de Coulommiers (la famille réside à Tournan-en-Brie). Ce train est en effet divisé en deux rames à la gare de Gretz-Armainvilliers, la tête allant à Tournan, la queue à Verneuil-l'Étang, où Bébert va vivre quelques aventures
Bébert et l’Omnibus, c’est Yves Robert qui reprend, un an après La Guerre des boutons, la veine qui lui va si bien : celle d’un cinéma tendre, drôle, populaire et profondément humain. On retrouve le jeune Martin Lartigue, alias Petit Gibus, désormais Bébert Martin, gamin espiègle, malin, avec cette même fraîcheur, ce même sourire en coin qui le rend irrésistible. Et tout repose sur lui. Sans un enfant capable de porter le film, l’histoire s’écroulerait. Mais là, au contraire, tout fonctionne, car ce Bébert est un diamant brut : spontané, vif, jamais cabotin.
Le scénario est d’une simplicité désarmante, mais c’est tout son charme : un samedi, Bébert accompagne sa mère (Blanchette Brunoy) faire les courses à Paris. Par une série de petits hasards et de maladresses, l’enfant se retrouve séparé de ses parents dans les transports. Il monte dans un train de banlieue, seul, et finit à Verneuil-l’Étang, un village qui n’avait rien demandé à personne, mais qui, en une soirée, va voir défiler gendarmes, cheminots, agents de la SNCF, habitants en panique et autorités locales, tous mobilisés pour retrouver les parents de ce môme qui, lui, n’a pas l’air plus inquiet que ça. Pendant ce temps, le frère aîné (Jacques Higelin, formidable en adolescent un peu voyou et dragueur minable) tente de briller ailleurs, ratant à peu près tout ce qu’il entreprend, pour notre plus grand plaisir.
Le film joue sur les contrastes : un enfant calme au milieu de la panique des adultes, un monde ordonné mis sens dessus dessous par un événement minuscule, une mécanique administrative qui se grippe à cause d’un gosse trop malin. Yves Robert a ce talent rare de filmer la comédie sans jamais ridiculiser ses personnages. Il les croque avec tendresse. Il se moque gentiment de l’autorité, des chefs de gare stressés, des inspecteurs dépassés, des provinciaux affolés, mais il ne les humilie jamais. Chacun garde sa dignité, même en pleine pagaille.
Le casting est un régal pour qui aime le cinéma comique français de l’époque : Pierre Mondy en chef de gare stressé et comique malgré lui, Michel Serrault en inspecteur aussi rigide que dépassé, Jean Richard en père colérique et attendri, Jean Lefebvre et Christian Marin en cheminots gouailleurs, Albert Rémy en brigadier dépassé par les événements, Tsilla Chelton en passagère aux pommes, Guy Grosso et Michel Modo en gendarmes rêveurs, Sophie Grimaldi, Pierre Tornade, Madeleine Clervanne… tout un petit monde d’acteurs de caractère qui viennent donner couleur et rythme à cette comédie mouvementée.
Mais la clef, c’est vraiment Martin Lartigue. Yves Robert le dirige avec une intelligence admirable. Il ne le transforme pas en « petit chien savant », il ne lui fait pas réciter des traits d’esprit. Bébert est un vrai gosse. Il rit, il râle, il négocie, il observe, il provoque un chaos complet avec un naturel confondant. Il est le cœur battant du film. On ne peut pas ne pas l’aimer.
Et au-delà des gags, Bébert et l’Omnibus est une petite capsule de France des années 60. On y voit les gares de banlieue encore pleines de vie, les autobus parisiens d’un autre temps, les échanges directs entre habitants, la gouaille populaire, les petites villes où tout le monde se connaît, où une rumeur mobilise en quelques minutes une chaîne humaine improbable. Il y a là une légèreté, une chaleur humaine qui appartiennent à une époque, mais qui, aujourd’hui encore, font du bien.
C'est une comédie simple mais sincère, bien écrite, bien rythmée, servie par une troupe solide et par un enfant absolument parfait dans son rôle. Pas un film à thèse, pas une œuvre monumentale, mais un bonheur de cinéma, un de ceux qui redonnent le sourire sans en faire des tonnes. Yves Robert, dans ce registre, était un maître : il savait que les plus beaux fous rires naissent de l’observation fine et du respect de ses personnages. Bébert et l’Omnibus en est une preuve éclatante.
NOTE : 12.50
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Yves Robert
- Scénario : François Boyer, d'après son œuvre
- Adaptation et dialogue : François Boyer
- Assistants réalisateur : Guy Blanc, Marco Pico
- Production : La Guéville
- Producteurs : Danièle Delorme et Yves Robert
- Directeur de production : Léon Carré
- Secrétaire de production : Marguerite Théoule
- Administrateur : Henri Dutrannoy
- Musique : Philippe-Gérard - Direction musicale : François Rauber
- Images : André Bac
- Opérateur : Raymond Letouzey, assisté de Jean Castagnier
- Son : Raymond Gauguier, assisté de Claude Ohron et Max Olivier
- Décors : Robert Clavel, assisté de Georges Richard et Roger Joint
- Montage : Robert Isnardon
- Script-girl : Colette Crochot assisté de Marco Pico
- Photographe de plateau : Liliane de Kermadec
- Régisseur général : Éric Geiger, assisté de Marc Goldstaub
- Participation de la radio Europe 1
DISTRIBUTION
- Martin Lartigue : Bébert Martin, le petit garçon (crédité Petit Gibus d'après son rôle dans La Guerre des Boutons)
- Jacques Higelin : Tiennot Martin, le frère aîné de Bébert
- Blanchette Brunoy : Mme Martin
- Jean Richard : M. Martin
- Pierre Mondy : Parmelin, chef de gare de Verneuil-l'Étang
- Michel Serrault : Barthoin, l'inspecteur des transports
- Jean Lefebvre : Glandier, l'agent d'entretien
- Tsilla Chelton : la voyageuse aux pommes et aux multiples maladies
- Madeleine Clervanne : la vieille dame au chien
- Christine Aurel : une fille dans le train
- Christian Marin : le chef de gare d'Ozouer-le-Voulgis
- Albert Rémy le brigadier Belissard
- Guy Grosso : un gendarme
- Michel Modo : un gendarme
- Pierre Tornade : un policier parisien appelé en renfort par Bébert
- Sophie Grimaldi : la jolie rousse, vendeuse à la Samaritaine
- Christine Janin : la petite Martin
- Michèle Bardollet : une jeune du train
- Françoise Deldick : la jeune paysanne allant chercher ses vaches
- Michel Isella : le cadet des Martin
- André Desplanches : le benjamin des Martin
- Christian Alers : Barnier, le chef de gare de Tournan
- Yves Robert : Chaussin, l'amant d'Henriette
- Paul Mercey : Hubert Pignal, l'automobiliste industriel et cocu
- Pierre Maguelon : Perrin, le chef de gare de Gretz
- Nono Zammit : un contrôleur S.N.C.F
- André Gaillard : un caissier de la Samaritaine
- Max Amyl : un conducteur de train
- Bernard Charlan : le turfiste qui suit les résultats des courses sur la radio de Tiennot
- Alain Franco

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire