Vu le film L’Enfant qui Mesurait le Monde de Takis Candilis (2024) avec Bernard Campan Fotini Peluso Charlie Dupont Tania Garbaski Metin Arditi Giannis Pimenidis Raphael Brottier
La vie d'Alexandre Varda, un puissant promoteur immobilier d'origine grecque, bascule soudainement lorsqu'il se fait licencier par ses actionnaires et apprend, le même jour, le décès de sa fille qu'il n'avait pas vue depuis 12 ans. Il décide alors de partir en Grèce pour rapatrier le corps. Là-bas, il découvre qu'il est le grand-père d'un petit garçon de neuf ans, atteint d'un syndrome autistique.
L’Enfant qui mesurait le monde, adapté du roman de Metin Arditi, aurait pu être un de ces drames sensibles, empreints de délicatesse, qui vous laissent le cœur un peu chaviré. Pourtant, malgré un décor paradisiaque — l’île grecque de Kalamaki, baignée de lumière et de silence — et une promesse de récit à forte charge émotionnelle, le film peine à émouvoir. Bernard Campan, égal à lui-même, incarne avec sobriété un homme abîmé, venu affronter un deuil dans un lieu chargé de souvenirs. Mais autour de lui, l’histoire se dilue dans un sentiment de tiédeur.
Le point central du récit — la rencontre avec un enfant autiste de 9 ans, censé incarner la clé d’un renouveau intérieur — aurait pu constituer un puissant ressort dramatique. Or, malgré le titre, le handicap du garçon reste étonnamment en retrait, traité comme un détail narratif plutôt que comme une source de tension ou de grâce. L’enfant lui-même, s’il est joué avec application, peine à exister pleinement : il reste une figure conceptuelle, une présence vaguement poétique, plus qu’un personnage bouleversant. Le lien entre les deux protagonistes se construit de manière linéaire, prévisible, sans réelle montée en intensité.
La mise en scène, soignée mais sage, ne transcende jamais le matériau initial. On sent une volonté sincère de bien faire, de parler de reconstruction, de différence, de résilience, mais le film n’ose ni l’émotion brute, ni la complexité. L’ensemble reste poli, un peu trop propre, comme retenu. Même les paysages, pourtant splendides, finissent par apparaître comme un décor de carte postale, jamais habités dramatiquement. À aucun moment, le récit ne décolle vraiment. On attend la vague, elle ne vient pas.
Il y a des films dont on sent qu’ils avaient toutes les cartes en main pour toucher juste — un bon acteur principal, un cadre enchanteur, une thématique forte — mais qui s’égarent en route, faute de souffle ou de regard. L’Enfant qui mesurait le monde en fait partie. Il laisse une impression d’inachevé, comme une esquisse bienveillante qu’on aurait voulu plus vibrante, plus habitée, plus risquée. On sort du film avec une sensation douce-amère : celle d’un rendez-vous manqué.
NOTE : 9.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Takis Candilis
- Scénario : Takis Candilis, Samy Baaroun, Karim Boukercha, d'après l’œuvre de Metin Arditi
- Musique originale : Cyril Morin
- Photographie : Yorgos Arvanitis
- Décors : Aliki Kouvaka
- Costumes : Katerina Zoura et Delphine Poiraud
- Montage : Ewin Ryckaert
- Producteurs délégués : Roméo Cirone et Jean-Michel Lorenzi
- Coproducteurs : Fénia Cossovitza, Arnauld de Battice et Marianne Chenet
- Producteurs exécutifs : Anna Zografou et Fernand Garcia
- Sociétés de production : Romeo Drive Productions (producteur délégué), YTA Productions (coproducteur délégué), AT Productions (Bruxelles), Blonde Audiovisual Productions (Athènes)
- Distribution : Dulac Distribution (France)
- Bernard Campan : Alexandre Varda
- Raphaël Brottier : Yannis
- Maria Apostolakea : Maraki
- Fotinì Peluso : Theofania[1]
- Stathis Kokkoris : Andreas Manos
- Panos Kranidiotis : Constantin Makropoulos
- Metin Arditi : Papa Kosmas
- Giannis Pimenidis : Dimitri Iohanou
- Christos Novas : Grigoris
- Dimitri Gkoutzamanis : Nikos
- Nikolas Politis : le policier
- Koskas Krommydas : Stavros
- Alexandros Zouridakis : Vassilis
- Anna Tzanakaki : Elena Bratopoulou
- Charlie Dupont : Antoine
- Tania Garbarski : Anne
- Reinhild Steger : Betty

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