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dimanche 4 mai 2025

13.10 - MON AVIS SUR LE FILM L'AILE OU LA CUISSE DE CLAUDE ZIDI (1976)


 Vu le film L’Aile ou la Cuisse de Claude Zidi (1976) avec Louis de Funès Coluche Julien Guiomar Claude Gensac Raymond Bussières Philippe Bouvard Ann Zacharias Georges Chamarat Fernand Guiot Gérard Lanvin Martin Lamotte  

Charles Duchemin, le terrible éditeur d'une revue gastronomique, voudrait que son fils, Gérard, lui succède, mais celui-ci préfère faire le clown dans un cirque. Charles lance un défi à Tricatel, le roi de la cuisine sous vide, en le conviant à une émission de télévision. Toutefois, Charles perd le goût et l'odorat. Aussi Gérard accepte-t-il de le remplacer. 

L’Aile ou la Cuisse (1976), réalisé par Claude Zidi, est une comédie emblématique du cinéma populaire français des années 70. C’est aussi, et surtout, un terrain de jeu offert à Louis de Funès, en grande forme malgré son récent infarctus, pour livrer une performance qui convoque tout un héritage burlesque, presque muet, digne de Chaplin ou Keaton — mais avec l’énergie propre à l’acteur français. 

Zidi, fidèle à sa veine potache, emballe le tout dans un récit simple et efficace : un combat entre la gastronomie française traditionnelle et l’industrialisation du goût par le biais d’un magnat de l’agroalimentaire, incarné par un Julien Guiomar cabotin à souhait. Mais derrière la caricature, une critique sociale pointe : celle d’une époque où le patrimoine culinaire devient un champ de bataille idéologique, un enjeu de civilisation. C’est bien entendu prétexte à une suite de gags visuels et de poursuites absurdes, mais qui fonctionnent à plein régime grâce à la mécanique comique parfaitement huilée de Zidi. 

Face à ce monstre de rythme et de facétie qu’est De Funès, Coluche semble un peu en retrait. Il n’a pas encore trouvé son ton au cinéma, et paraît chercher sa place, à la fois dans le film et dans l’univers burlesque de Zidi. On sent une forme de respect, voire d’intimidation. C’est d’ailleurs dans les scènes les plus sobres, où il n’essaie pas d’imiter mais d’exister à sa manière, qu’il est le plus juste. Hélas, les passages avec la bande du cirque (Lanvin, Lamotte) sont des digressions anecdotiques, alourdissant inutilement le récit sans apporter de vraie dynamique comique. 

Certaines séquences rappellent Le Grand Restaurant (1966) de Jacques Besnard, où De Funès, en maître d’hôtel tyrannique, incarnait justement le type d’individu que son Charles Duchemin pourchasse ici. Il y a donc une forme de miroir comique — De Funès traquant une version passée de lui-même, dans un clin d’œil méta aussi drôle que révélateur. 

Parmi les moments les plus savoureux, citons sans hésiter les visites d’inspection dans les restaurants, véritables saynètes dignes d’un théâtre de l’absurde, où Claude Gensac, hilarante en secrétaire vieillissante au brushing hérissé, subit stoïquement les humeurs du patron. On rit de bon cœur, parfois même franchement. 

L’Aile ou la Cuisse n’est pas un chef-d’œuvre, mais c’est une comédie de qualité, menée tambour battant, où l’on retrouve un De Funès à son sommet, véritable locomotive d’un film qui, malgré quelques séquences inutiles, nous offre 90 minutes de plaisir, de grimaces et de gastronomie moquée — et finalement défendue. Un Zidi typique, à consommer sans modération. 

 NOTE : 13.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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