Vu le film Drop Game de Christopher Landon (2025) avec Meghaan Fahy Brandon Sklenar Violett Beane Gabrielle Ryan Reed Diamond Ed Weeks
Violet est une jeune veuve qui, pour son premier rendez-vous depuis des années, se rend dans un restaurant très chic où elle rencontre Henry, encore plus charmant que séduisant. Mais leur alchimie naissante va vite être gâchée quand Violet se voit harcelée puis terrorisée par une série de messages anonymes sur son téléphone. Contrainte au silence, elle doit suivre les instructions qu'elle reçoit.
Connu pour ses films mêlant habilement humour, horreur et second degré, Christopher Landon s’égare avec Drop Game dans un registre de thriller psychologique en huis clos… sans jamais en maîtriser les codes. Produite par Blumhouse, cette tentative de cinéma minimaliste aurait pu être un exercice de style tendu et grinçant. Mais le jeu promis tourne rapidement au simulacre creux, recyclant mécaniquement les ficelles du genre sans la moindre étincelle.
Le point de départ n’était pas inintéressant : un groupe d’amis se réunit pour un dîner, au cours duquel un jeu de société (le fameux "Drop Game") oblige chacun à révéler un secret. Petit à petit, les masques tombent, les rancunes éclatent, et le vernis des relations sociales se craquelle. Une mécanique bien connue, vue et revue depuis Le Prénom, Perfect Strangers ou Carnage, mais qui peut toujours fonctionner si elle est bien huilée.
Sauf que tout, ici, semble rouillé. Dès les premières scènes, un sentiment d’artificialité plombe l’ensemble. La mise en scène est plate, sans intention, avec un découpage scolaire et des éclairages insipides qui évoquent plus un téléfilm de M6 qu’un thriller signé Blumhouse. L’image est lisse, les cadrages paresseux, et la tension — censée monter crescendo — reste au point mort.
Les comédiens, mal dirigés, peinent à incarner autre chose que des archétypes : la copine passive-agressive, le mari distant, le fêtard cynique, la fille trop franche… Tous débitent leurs répliques avec une intensité fluctuante, parfois totalement hors de propos. Le personnage d’Henry, censé incarner le regard extérieur, l’homme raisonnable au milieu du chaos, devient vite une énigme : pourquoi reste-t-il à ce dîner ? Pourquoi ne réagit-il jamais vraiment ? Il devient le double du spectateur, prisonnier d’une soirée interminable.
Le film donne l’illusion d’avancer, mais ses rebondissements s’épuisent rapidement. Ce qui devait être des révélations-choc devient une suite de révélations attendues, ou bien trop tordues pour convaincre. À mesure que les secrets s’enchaînent, l’effet s’émousse. La mécanique du "Ah ! encore une bombe !" ne surprend plus, et finit par lasser. Les tensions retombent avant même d’avoir pris.
Au milieu, le film stagne. Il devient bavard, poussif, répétitif. Il manque cruellement d’enjeux visuels ou émotionnels. Le rythme s’accélère soudain dans les quinze dernières minutes — mais c’est trop tard. Les révélations finales, censées tout bouleverser, tombent dans l’exagération grotesque. On rit là où on devrait être sidéré, on soupire au lieu de s’étrangler. Le drame devient farce, involontairement.
Le plus étonnant reste que ce projet vienne de Christopher Landon, un réalisateur qui a prouvé qu’il savait jongler avec les tonalités (horreur, comédie, émotion) et créer des univers aussi efficaces que décomplexés. Ici, il semble bridé, éteint, ou simplement désintéressé. On peine à comprendre ce qu’il est venu faire dans cette galère. Quant à Blumhouse, habituée à rentabiliser des concepts malins à moindre coût, elle nous livre un produit sans saveur, bien en-dessous de ses standards habituels.
Drop Game avait un potentiel simple mais solide : faire du malaise un spectacle jouissif, faire exploser les conventions sociales dans un cadre confiné. Au lieu de ça, on assiste à un dîner raté, un film creux, long, inutilement verbeux, et maladroit dans son exécution comme dans son intention.
Un drop raté. Game over.
NOTE : 4.40
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Christopher Landon
- Scénario : Jillian Jacobs et Chris Roach
- Musique : Bear McCreary
- Décors : Susie Cullen
- Costumes : Gwen Jeffares Hourie
- Photographie : Marc Spicer
- Montage : Ben Baudhuin
- Production : Michael Bay, Jason Blum, Bradley Fuller et Cameron Fuller
- Production déléguée : Sam Lerner, Ron Lynch et MacDara Kelleher
- Sociétés de production : Platinum Dunes et Blumhouse Productions
- Société de distribution : Universal Pictures
- Meghann Fahy (VF : Laura Blanc) : Violet Gates
- Brandon Sklenar (VF : Eilias Changuel) : Henry Campbell
- Violett Beane (VF : Candice Lartigue) : Jen Gates
- Jacob Robinson (VF : Cécile Gatto) : Toby Gates, fils de Violet
- Reed Diamond (VF : Bernard Bollet) : Richard
- Gabrielle Ryan (VF : Fily Keita) : Cara, la barmaid
- Jeffery Self (en) (VF : Yoann Sover) : Matt, le serveur
- Ed Weeks (en) (VF : Julien Meunier) : Phil
- Benjamin Pelletier : l'homme masqué
- Travis Nelson (en) : Connor
- Michael Shea (VF : Kévin Goffette) : Blake

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