Vu le film West Side Story de Robert Wise et Jérôme Robbins (1961) avec Natalie Wood Rita Moreno George Chakiris Russ Tamblyn Tucker Smith Elliot Feld Richard Beymer Tony Mordente William Bradley José de Vega Ned Glass Simon Oakland David Bean Jay Norman Gina Trikonis Eddie Verso Yvonne Wilder
Nos voisins : Oui déjà les deux bandes des Jets et Sharks voisins de quartier de West Side qui fréquente les mêmes airs de jeux. Mais surtout l’immeuble ou habitent Maria, Anita, Bernardo, Chino et toutes les familles Portoricaines qui finiront par chanter et danser sur les toits de l’Immeuble à la lulmière des néons
West Side Story (1961) de Jerome Robbins et Robert Wise n’est pas seulement un film musical. C’est une clameur, un cri, une fresque, un opéra moderne où chaque note, chaque pas, chaque plan semble taillé dans le marbre de l’Histoire du cinéma. Le redécouvrir en salle, dans un lieu mythique comme le Kinopanorama la première fois , c’est lui rendre sa majesté d’origine : celle d’un spectacle total, né pour l’écran large, la stéréophonie, la salle obscure – et les cœurs vibrants.
Dès l’apparition du générique de Saul Bass, on sent que l’on va assister à quelque chose d’unique. Ce générique-là n’introduit pas un film, il trace une carte : celle du West Side new-yorkais, bientôt fendu par les chants, la haine, l’amour, la danse. Il est la promesse tenue de l’art total – et quel art ! La musique de Leonard Bernstein transcende les styles : classique, jazz, mambo, percussions urbaines – elle est le sang qui irrigue cette tragédie moderne. Et les paroles de Stephen Sondheim, d’une précision émotionnelle rare, sculptent chaque chanson comme un bijou de sens.
Et puis viennent les danses, qui explosent littéralement l’écran. Dans “America”, sur les toits, Robbins capte à la fois la joie, l’ironie, la douleur d’être une minorité en quête de rêve. L’espace y est immense, et pourtant les corps semblent l’agrandir davantage. À l’inverse, “Cool”, resserré dans un garage bas de plafond, sublime la tension par la contrainte : plus les corps sont enfermés, plus ils cherchent à s’échapper – chaque mouvement devient lutte, chaque geste un défi à la violence latente. C’est une scène magistrale, et vous avez mille fois raison d’y voir un sommet.
Découvrir ce film tardivement, et le revoir 30 fois de suite pendant quinze jours (quitte à mettre mes congés entre parenthèses !), c’est la preuve qu’il dépasse l’objet filmique pour devenir une expérience physique et émotionnelle. West Side Story n’est pas un film qu’on regarde, c’est un film qui vous habite, qui vous brûle, qui vous suit. Que je regarde une fois par an minimum. Je rêve de le revoir sur très grand écran avec un son Atmos
Shakespeare est là, bien sûr – cette transposition de “Roméo et Juliette” est l’une des plus puissantes jamais tentées à l’écran. Mais ce n’est pas un simple exercice d’adaptation. Wise et Robbins, malgré leurs tensions, ont su donner une âme propre à cette histoire revisitée : celle des immigrés, des oubliés, des jeunes sacrifiés sur l’autel des haines communautaires. Tony et Maria, ce ne sont plus les Montaigu et les Capulet : ce sont nous tous, à une époque ou une autre, confrontés à l’amour impossible, à la bêtise sociale, à la violence de l’exclusion.
Nathalie Wood, même doublée au chant, reste une Maria bouleversante, tendre, fragile, lumineuse. Ce rôle, elle le porte avec une conviction bouleversante. À jamais notre Maria, oui, belle et triste, ardente et perdue. Rita Moreno, volcanique, incarne Anita, tornade de vie, de colère, de sensualité – Oscar mérité, bien sûr. Et quelle émotion de la retrouver dans le remake de Spielberg, comme un écho, une boucle, une fidélité.
George Chakiris, avec son port altier, ses mouvements félinement élégants, donne à Bernardo une noblesse sauvage. Lui aussi, Oscar en main, est la preuve que la danse peut raconter autant qu’un texte. Et Russ Tamblyn, mon “chouchou” – et à raison ! – incarne Riff avec une énergie adolescente irrésistible. Il danse comme il respire, il joue comme il court : avec un naturel magnétique. Sa carrière, de Seven Brides for Seven Brothers à Twin Peaks, est un pont étrange et fascinant entre les époques.
On pourrait parler encore des seconds rôles, tous admirablement choisis : Tucker Smith, magnétique Ice qui reprend le flambeau dans la seconde partie du film ; Tony Mordente, future figure du petit écran ; et Elliot Feld, au jeu raide mais à la trajectoire brillante : devenir l’un des plus grands chorégraphes de Broadway prouve que le feu sacré, parfois, ne jaillit pas à l’écran mais dans l’ombre des studios.
La photographie, signée Daniel L. Fapp, est incandescente. Elle ose les couleurs vives, saturées, stylisées, presque expressionnistes. Elle fait de chaque ruelle un théâtre, de chaque plan une fresque. Les décors, qu’ils soient réels ou reconstruits, mêlent réalisme et stylisation avec un génie rare : New York y devient un personnage, un labyrinthe, un ring.
Et que dire des chansons ? “Maria”, hymne à l’absolu, vous l’évoquez avec émotion. Mais aussi “Somewhere”, prière poignante à un monde meilleur ; “Tonight”, déclaration d’amour tissée dans la nuit ; “Gee, Officer Krupke”, satire joyeuse et tragique à la fois. Chaque chanson est une respiration dans le récit, un souffle d’âme.
Et puis il y a ce final, ce geste ultime, ce refus de la haine, ce sursaut d’humanité trop tardif. On sort de West Side Story le cœur broyé mais grandi. C’est un film sur l’amour, oui, mais aussi sur l’injustice, la peur, l’espoir, le destin. C’est la beauté tragique de l’existence mise en scène, en musique, en mouvement.
West Side Story, ce n’est pas juste le plus grand film musical de tous les temps. C’est peut-être, , le plus grand film de l’Histoire du cinéma. Un film qui ne vieillit pas, parce qu’il parle de ce qui ne meurt jamais : le besoin d’aimer, d’être aimé, de trouver sa place.
C’est beau, oui. C’est du cinéma. C’est LE cinéma.
NOTE : 19.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Robert Wise[], et Jerome Robbins[] (séquences dansées)
- Scénario : Ernest Lehman d'après la comédie musicale d'Arthur Laurents, Stephen Sondheim et Leonard Bernstein, elle-même inspirée de la pièce Roméo et Juliette de Shakespeare
- Musique : Leonard Bernstein[]
- Supervision : Saul Chaplin, Johnny Green, Irwin Kostal et Sid Ramin
- Orchestrations : Irwin Kostal et Sid Ramin
- Lyrics : Stephen Sondheim
- Chorégraphie : Jerome Robbins
- Directeur artistique : Boris Leven
- Décors de plateau : Victor Gangelin
- Costumes : Irene Sharaff
- Photographie : Daniel L. Fapp
- Montage : Thomas Stanford
- Son : Fred Hynes (Todd-AO SSD) et Gordon Sawyer (Samuel Goldwyn SSD)
- Conception graphique du prélude musical et du générique final : Saul Bass, également consultant pour les effets visuels
- Production : Robert Wise
- Sociétés de production : The Mirisch Corporation, Seven Arts Productions et Beta Productions
- Société de distribution : United Artists
- Natalie Wood[ (VF : Jeanine Freson) : Maria
- Marni Nixon : Maria (voix chantée, non créditée)
- Richard Beymer (VF : Michel François) : Tony
- Jimmy Bryant : Tony (voix chantée, non crédité)
- Russ Tamblyn[ (VF : Jean Fontaine) : Riff
- Rita Moreno[] (VF : Michèle Bardollet) : Anita
- Betty Wand (en) : Anita (voix chantée, non créditée)
- George Chakiris (VF : Jacques Thébault) : Bernardo dit « Nardo »
- Simon Oakland (VF : Jean Martinelli) : lieutenant Schrank
- Ned Glass (VF : Maurice Pierrat) : Doc
- William Bramley (VF : Pierre Collet) : agent Krupke
- Tucker Smith : Ice (les Jets) / Riff (voix chantée, non crédité)
- Tony Mordente (VF : Yves-Marie Maurin) : Action (les Jets)
- Eliot Feld (VF : Patrick Dewaere) : Baby John (les Jets)
- David Winters (VF : Jacques Muller) : A-Rab (les Jets)
- Bert Michaels : Snowboy (les Jets)
- David Bean : Tiger (les Jets)
- Robert Banas (VF : Claude Mercutio) : Joy Boy (les Jets)
- Anthony 'Scooter' Teague : Big Deal (les Jets)
- Harvey Evans : Mouthpiece (les Jets)
- Tommy Abbott : Gee-Tar (les Jets)
- Susan Oakes : Anybodys
- Gina Trikonis : Graziella, la petite amie de Riff
- Carole D'Andrea : Velma, la petite amie d'Ice
- Jose De Vega : Chino (les Sharks)
- Jay Norman : Pepe (les Sharks)
- Gus Trikonis : Indio (les Sharks)
- Eddie Verso : Juano (les Sharks)
- Jaime Rogers : Loco (les Sharks)
- Larry Roquemore : Rocco (les Sharks)
- Robert E. Thompson : Luis (les Sharks)
- Nick Navarro : Toro (les Sharks)
- Rudy Del Campo : Del Campo (les Sharks)
- Andre Tayir : Chile (les Sharks)
- Yvonne Wilder : Consuelo, la petite amie de Pepe
- Suzie Kaye : Rosalia, la petite amie d'Indio
- Joanne Miya : Francisca, la petite amie de Toro
- Rita Hyde d'Amico : Clarice, la petite amie de Big Deal (non créditée)
- Pat Tribble : Minnie, la petite amie de Baby John (non créditée)
- Francesca Bellini : Debby, la petite amie de Snowboy (non créditée)
- Elaine Joyce : Hotsie, la petite amie de Tiger (non créditée)
- Maria Jimenez Henley : Teresita, la petite amie de Juano (non créditée)
- Yvonne Wilder : Alicia, la petite amie de Chile (non créditée)
- Luci Stone : Estella, la petite amie de Loco (non créditée)
- Olivia Perez : Margarita, la petite amie de Rocco (non créditée)
- John Astin (VF : Jacques Marin) : Glad Hand, l'animateur du bal (non crédité)
- Penny Santon (VF : Lita Recio) : Mrs Lucia (non créditée)

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