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vendredi 9 mai 2025

16.80 - MON AVIS SUR LE FILM MILLIARDAIRE POUR UN JOUR DE FRANK CAPRA (1961)


 Vu le film Milliardaire pour un Jour de Frank Capra (1961) avec Glenn Ford Peter Falk Bette Davis Hope Lange Ann Margret Thomas Mitchell Peter Mann Arthur O'connell 

Annie, qui vend des pommes à Broadway, fait croire à sa fille Louise, élevée en Espagne, qu'elle appartient à la haute société new-yorkaise. Or, Louise annonce son arrivée aux États-Unis, accompagnée de son fiancé et de son père, des nobles espagnols. Dave the Dude Conway, un gangster convaincu que les pommes d'Annie lui portent chance, et son amie "Queenie" Martin vont s'efforcer de faire passer Annie pour une femme du monde le temps du séjour de Louise. 

Dernier film de Frank Capra, Milliardaire pour un jour est une œuvre testamentaire, pleine de tendresse et d’idéalisme, où le cinéaste revient à ses thématiques de toujours : la dignité des humbles, la solidarité entre marginaux, la beauté du cœur simple face aux masques de la société. Ce film, souvent éclipsé par les plus célèbres La Vie est belle ou Mr. Smith au Sénat, est pourtant un joyau méconnu, d’autant plus précieux qu’il est porté par l’émotion sincère de ses interprètes. Film que je classe dans mon, TOP50 de tous les temps. 

L’histoire commence dans le tumulte de New York, entre grande pauvreté et opulence. Annie (Bette Davis), une vieille vendeuse de pommes, pauvre, mal vêtue, et ignorée de tous, écrit des lettres à sa fille Louise, partie étudier en Espagne, en prétendant mener une vie de grande dame. Le jour où Louise annonce sa visite accompagnée de son fiancé aristocrate et de son père, un comte espagnol, le château de cartes s’effondre. La misère ne peut se cacher éternellement... sauf si un miracle se produit. 

C’est alors qu’intervient Dave le Dude (Glenn Ford), un gangster raffiné mais au cœur tendre, superstitieux jusqu’à l’obsession : il est persuadé que les pommes d’Annie lui portent chance. Touché par sa détresse, il mobilise son réseau pour transformer Annie en grande dame de la haute société, le temps de la visite. Une armée de marginaux, voyous et artistes de bas-fond, se transforme alors en majordomes, valets, et membres de l’élite new-yorkaise pour offrir à Annie l’illusion d’une autre vie – et à sa fille, la fierté d’une mère respectable. 

Capra orchestre cette fable avec l’élégance qui le caractérise : son regard profondément humaniste ne juge jamais ses personnages, aussi excentriques soient-ils. Tous les rôles secondaires – et il y en a une ribambelle – sont ciselés avec amour, depuis l’hilarant "Joy Boy" jusqu’au maire embêté de devoir jouer le jeu. Chaque scène est un hommage à l’entraide, à la chaleur humaine, à la comédie douce-amère de l’existence. Et derrière l’humour, pointe une émotion immense. 

Bette Davis, dans l’un de ses derniers grands rôles, est bouleversante. Derrière le maquillage épais et les hardes de misère, elle irradie une humanité brute. Son visage se transforme, se fissure, s’illumine selon les scènes, et chaque larme qu’elle retient est un coup porté au cœur du spectateur. Glenn Ford, tout en retenue, est parfait en gangster attendri malgré lui. Quant à Peter Falk bien acvant Columbo, il explose à l’écran avec une énergie frondeuse qui lui vaudra à juste titre une nomination à l’Oscar du meilleur second rôle. Il incarne cette verve new-yorkaise, cette gouaille tendre, qui donne au film son rythme et sa chaleur. 

Le film n’est pas seulement une comédie ou un conte. C’est aussi une réflexion sur les illusions que nous entretenons pour protéger ceux qu’on aime. Annie ment à sa fille, mais ce mensonge est une preuve d’amour. Et c’est là tout le paradoxe caprien : ce n’est pas l’argent qui élève, mais la solidarité. Ce n’est pas la richesse qui rend heureux, mais le lien que l’on tisse avec les autres. Ce monde que Capra dépeint est dur, parfois cruel, mais toujours capable de miracles – pour peu que les cœurs s’ouvrent. 

Visuellement, le film est somptueux. La reconstitution d’un New York féerique et crasseux à la fois, les intérieurs luxueux improvisés, les jeux d’ombre sur le visage d’Annie, tout concourt à ce mélange d’humour, de satire sociale et d’émotion pure. La musique d’Elmer Bernstein accompagne cette fable avec justesse, sans pathos excessif. 

Milliardaire pour un jour n’est pas un film mineur. C’est un film au contraire extrêmement mature, une œuvre de fin de parcours dans laquelle Capra réaffirme, une dernière fois, que les petites gens méritent autant de dignité que les puissants. C’est une déclaration d’amour au cinéma comme machine à rêves, mais aussi comme miroir du cœur humain. 

Un Capra se justifie à lui-même. Mais celui-ci mérite une place de choix : il fait rire, pleurer, espérer. Et dans ses larmes, il y a un monde entier. 

NOTE : 16.80

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Acteurs non crédités

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