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jeudi 8 mai 2025

12.10 - MON AVIS SUR LE FILM PARANOIAK DE D.J CARUSO (2007)


 Vu le film Paranoiak de D.J Caruso (2007) avec Shia Labeouf Sarah Romer David Morse Aaron Yoo Carrie-Ann Moss Brandon Caruso José Pablo Cantillo Matt Craven Viola Davis René Rivera 

Perturbé par la mort de son père dans un accident de voiture, Kale Brecht donne un violent coup de poing à son professeur d'espagnol qui vient de lui faire une remarque plutôt malvenue sur son père. Pour cette agression, Kale est condamné par un juge compatissant à trois mois d'assignation à résidence sous surveillance électronique. 

Dans la grande tradition des thrillers domestiques, Paranoïak joue ouvertement la carte de l’hommage – voire du plagiat revendiqué – à Fenêtre sur cour d’Alfred Hitchcock. Un adolescent enfermé chez lui, une voisine séduisante, un voisin suspect, une paire de jumelles et une obsession croissante : tous les ingrédients sont là. Pas étonnant que les ayants droit de Cornell Woolrich (auteur de la nouvelle It Had to Be Murder à l’origine du classique hitchcockien) aient tenté de porter plainte. Mais qu’on se rassure justement : D.J. Caruso n’est pas Hitchcock, et c’est ce qui rend l’exercice paradoxalement sympathique. 

Le film suit Kale Brecht (Shia LaBeouf), ado rebelle au regard triste, assigné à résidence après avoir frappé un professeur. Privé de liberté, il comble l’ennui en espionnant ses voisins. Très vite, ce passe-temps innocent se mue en obsession : il est convaincu qu’un de ses voisins, Mr. Turner, cache un lourd secret – peut-être même qu’il est un tueur en série. Avec l’aide de son meilleur ami et de la nouvelle voisine dont il tombe amoureux, Kale va tenter de découvrir la vérité, tout en étant lui-même en danger. 

La force du film réside dans son rythme et son ancrage adolescent. Paranoïak modernise Fenêtre sur cour en y ajoutant une touche de teenage movie : Xbox, YouTube, téléphone portable, lycée américain typique. Cela pourrait être irritant, mais la mise en scène de Caruso sait se faire nerveuse, efficace, calibrée. Le film ne perd jamais de temps, offre une montée en tension bien construite, et certaines séquences flirtent avec un vrai suspense hitchcockien, notamment quand Kale tente de fouiller la maison du voisin. 

Mais l’atout majeur du film, c’est Shia LaBeouf. Encore jeune et déjà cabossé par les tabloïds, il compose ici un personnage attachant, vulnérable et crédible. Là où d’autres jeunes acteurs se contentent de jouer le rebelle beau gosse, LaBeouf injecte une véritable intensité émotionnelle, une nervosité intérieure, une sincérité désarmante. Il porte littéralement le film sur ses épaules. Ce rôle confirmait déjà un potentiel que peu ont su exploiter par la suite, en grande partie à cause de ses écarts personnels plus que de ses choix artistiques. 

Le reste du casting fonctionne bien, notamment David Morse en voisin glaçant, mutique et inquiétant à souhait, et Sarah Roemer en love interest pas aussi lisse qu’on pourrait le craindre. Il n’y a rien de révolutionnaire dans l’ensemble, mais le film a cette efficacité presque mécanique qui fait son charme : un bon petit polar de fin de soirée, qui ne prétend pas à l’éternité mais sait captiver. 

Certes, Paranoïak n’a ni la profondeur psychanalytique ni le raffinement formel du modèle hitchcockien. Là où Fenêtre sur cour parlait aussi du regard, du fantasme, de l’implication morale du spectateur, Paranoïak se contente d’un divertissement tendu et linéaire. Mais il ne faut pas forcément lui reprocher : c’est un film de genre bien tenu, qui assume ses références sans prétention, et qui a le mérite de susciter une relecture de son illustre ancêtre. 

Au fond, Paranoïak réussit là où beaucoup échouent : il divertit intelligemment, parle aux jeunes sans les prendre pour des imbéciles, et surtout, remet sur le devant de la scène une figure hitchcockienne transposée à l’époque des réseaux sociaux et de la surveillance généralisée. 

Un petit film nerveux, efficace, honnête — et au final, plus attachant qu’il n’en a l’air, en grande partie grâce à LaBeouf, acteur trop souvent résumé à ses provocations. Et puis, comme vous le notez malicieusement : si Paranoïak ne révolutionne rien, il a au moins ce mérite fondamental… il donne envie de revoir Fenêtre sur cour. Et rien que pour ça, il mérite sa place sur l’étagère des thrillers bien ficelés. 

NOTE ; 12.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION 

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