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lundi 19 mai 2025

14.80 - MON AVIS SUR LE FILM L'ESPION QUI M'AIMAIT DE LEWIS GILBERT (1977)


Vu le film L’Espion qui m’aimait de Lewis Gilbert (1977) avec Roger Moore Barbara Bach Richard Kiel Curd Jurgens Caroline Munro Desmond Llewyn Bernard Lee Lois Maxwell Vernon Dobtchef Walter Gobel 

Pour retrouver deux sous-marins nucléaires qui ont mystérieusement disparu, James Bond fait équipe avec l'agent soviétique Anya Amasova. Leur mission les conduit à affronter un ennemi redoutable, Requin, un géant de près de deux mètres vingt quasiment indestructible et armé d'une mâchoire en acier coupante telle un rasoir. 007 devra également affronter Karl Stromberg, l'employeur de Requin, qui désire se servir des sous-marins nucléaires volés pour détruire le monde. 

Voici sans doute l’un des meilleurs opus de l’ère Roger Moore, un film-somme du Bond spectaculaire, débordant d’action, d’humour, de glamour et de gadgets farfelus, le tout avec une élégance presque décontractée. L’Espion qui m’aimait ne prétend pas à une grande vraisemblance — et c’est précisément là sa force. Il assume son statut de fantasme d’espionnage, d’aventure cartoonesque à grand spectacle, en puisant dans toutes les obsessions de la série. 

L’histoire est simple, linéaire mais efficace : des sous-marins nucléaires de l’URSS et du Royaume-Uni disparaissent mystérieusement. Les services secrets des deux puissances — pourtant ennemies dans la réalité de la guerre froide — sont contraints de collaborer. C’est ainsi que James Bond (Roger Moore), agent du MI6, fait équipe avec la Major Anya Amasova (Barbara Bach), espionne du KGB, pour traquer un certain Stromberg (Curd Jürgens), mégalomane reclus dans sa base sous-marine, qui rêve de détruire le monde terrestre pour le remplacer par une civilisation aquatique. Rien que ça. 

Le film commence fort, très fort, avec une séquence d’ouverture d’anthologie dans les Alpes autrichiennes, culminant avec un saut en ski agrémenté d’un parachute frappé de l’Union Jack : voilà tout Moore résumé en un plan — cool, invincible, so british. Cette introduction explosive donne le ton : on ne va pas s’ennuyer. 

Le réalisateur Lewis Gilbert (déjà derrière On ne vit que deux fois) reprend la recette du « Bond à la japonaise » et la transpose sous la mer. Il magnifie l’exotisme (Égypte, Sardaigne, océan) et soigne la mise en scène de l’action. Le rythme est soutenu, les cascades spectaculaires (la Lotus Esprit amphibie, la poursuite en moto avec side-car lance-missiles, les décors titanesques de Ken Adam), la musique signée Marvin Hamlisch plutôt funky pour l’époque, et même la chanson de Carly Simon (« Nobody Does It Better ») est devenue un classique. 

Roger Moore, dans son troisième Bond, est au sommet de son art. Plus désinvolte que Sean Connery, plus charmeur que brutal, il incarne une version plus légère et ironique du personnage. Son duo avec Barbara Bach fonctionne bien : elle n’est pas qu’un faire-valoir, mais une vraie partenaire (même si la dimension féministe reste sommaire). Mention spéciale à Richard Kiel en « Requin » (Jaws), l’un des méchants les plus emblématiques de la saga : un colosse muet aux dents d’acier, invincible et... étonnamment drôle. 

Quant au méchant Stromberg, il reste un cran en-dessous d’un Blofeld ou d’un Goldfinger, mais sa démesure (et son repaire aquatique) compense largement un certain manque de charisme. Son plan, totalement absurde, est typique de l’époque : dominer le monde depuis les abysses. Le fantasme technologique est omniprésent, tout comme la paranoïa post-nucléaire. 

On pourrait reprocher au film quelques longueurs (le passage dans le désert) et une naïveté presque enfantine dans sa vision du monde. Mais ce serait passer à côté de sa vraie nature : L’Espion qui m’aimait n’est pas un thriller réaliste mais un opéra pop d’espionnage, un spectacle total, un pur produit des années 70 entre psychédélisme en déclin, géopolitique simplifiée et goût du grandiose. 

Il s’inscrit comme un modèle du genre pour ceux qui aiment le Bond baroque, plus proche d’un film de super-héros que d’un roman d’espionnage à la John le Carré. Il annonce aussi l’évolution de la franchise vers le grand n’importe quoi (Moonraker, c’est l’année suivante), mais ici, l’équilibre entre fun, style, et action reste miraculeusement tenu. 

L’Espion qui m’aimait, c’est James Bond dans tout ce qu’il a de plus jubilatoire, clinquant et généreux. Un pur plaisir de spectateur, pour peu qu’on accepte les règles du jeu : du grand divertissement, porté par une mise en scène énergique, un héros impavide, des gadgets irrésistibles, une méchante mégalo, une James Bond girl compétente, et ce sentiment que, non, décidément, Nobody Does It Better. 

  

 NOTE : 14.80

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