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vendredi 16 mai 2025

11.40 - MON AVIS SUR LE FILM L'ANIMAL DE CLAUDE ZIDI (1977)


 Vu le film l’Animal de Claude Zidi (1977) avec Jean Paul Belmondo Raquel Welch Aldo Maccione Charles Gérard Julien Guiomar Claude Chabrol Johnny Halliday Josiane Balasko Dany Saval Richard Bohringer Raymond Jérôme 

Michel Gaucher est probablement le pire cascadeur du cinéma : maladroit et bon à rien, il n'arrête pas d'enchaîner les gaffes. Sa compagne, américaine, pratique le même métier et ne supporte plus ses catastrophes. Alors qu'ils sont sur le point de se marier, Jane le quitte pour un comte... Plus personne ne veut engager Michel. Mais la chance va lui sourire rapidement : Bruno Ferrari, la star du moment, souffre de vertiges et le cascadeur qui lui ressemble le plus est... Michel, qui va tout faire pour que Jane soit également embauchée et retourne dans ses bras. 

L’Animal (1977) de Claude Zidi n’est certes pas un monument du cinéma français, mais il incarne à merveille une certaine tradition populaire de la comédie hexagonale, entre burlesque, slapstick et hommage bon enfant à la figure du cascadeur. Jean-Paul Belmondo, ici en pleine période "cascadeur de lui-même", incarne Mike Gauché, un professionnel de la cascade qui enchaîne les plans foireux, les chutes involontaires, les blessures imprévues et les échecs sentimentaux. Son ex-compagne Jane (incarnée par Raquel Welch), lassée de ses frasques et de sa maladresse, refuse de continuer à travailler avec lui, jusqu’à ce qu’un nouveau tournage leur donne l’occasion de se recroiser… Mike va alors tout tenter pour la reconquérir, quitte à s’inventer un frère jumeau — un "gentleman" aux antipodes de sa nature rustre. 

L’histoire est un prétexte à une succession de gags, de cascades plus ou moins réussies (parfois volontairement ratées), et de situations rocambolesques. Claude Zidi, qui venait du monde du gag visuel (ancien chef opérateur lui-même, faut-il le rappeler), orchestre le tout dans un rythme soutenu, avec une volonté claire de divertir, sans jamais chercher la subtilité. 

On ne regardera L’Animal ni pour son écriture, ni pour sa direction d’acteurs (très variable), ni pour sa photographie. D’ailleurs, Claude Renoir, petit-fils d’Auguste et chef-opérateur sur La Grande Illusion ou French Connection II, fait ici un boulot qui semble surtout alimentaire. Il faut bien vivre, comme on dit. Ce film n’est pas celui sur lequel on jugera sa carrière, et ce n’est pas grave. Ce n’est d’ailleurs pas sur L’Animal que l’on juge qui que ce soit. C’est un film qui se veut modeste, même si la présence de Belmondo, du duo Maccione/Gérard et d’une star internationale comme Welch, donne l’illusion d’un projet plus ambitieux qu’il ne l’est réellement. 

Belmondo, en revanche, porte littéralement le film sur ses épaules. Sans lui, L’Animal serait sans doute tombé dans l’oubli total, fondu dans la masse de comédies bruyantes des années 70. Il y met une énergie folle, souvent contagieuse, et accepte de se tourner en dérision, à mi-chemin entre Chaplin et Buster Keaton version gauloise. Le film est aussi une déclaration d’amour au métier de cascadeur, profession de l’ombre rarement mise à l’honneur, même si ici elle devient sujet de comédie plus que de célébration sérieuse. 

Les moments les plus réussis sont souvent les plus simples : une cascade ratée, une poursuite en voiture un peu trop ambitieuse, ou les échanges entre Belmondo et Aldo Maccione, qui fonctionne comme une vraie mécanique comique. Le reste est plus inégal, parfois poussif, parfois franchement lourdingue — on pense à certaines scènes avec des animaux (le gorille notamment), qui semblent écrites pour remplir le temps plus que pour faire avancer l’histoire. 

Mais soyons justes : on rit, ou du moins on sourit souvent. Et à une époque où les comédies françaises semblent avoir perdu le sens du rythme et du burlesque, L’Animal garde un charme vintage, un peu désuet, mais sincère. C’est une œuvre symptomatique de son époque : potache, inégale, mais généreuse. 

L’Animal n’est ni un grand film, ni un ratage honteux. C’est une comédie "grand public" qui fait le boulot : elle amuse, distrait, et permet de passer une soirée sans ennui, à condition d’accepter ses codes, son rythme et son humour un peu daté. Si elle ne mérite pas un piédestal, elle n’a pas à rougir non plus, surtout comparée à certaines productions actuelles qui peinent à décrocher un sourire. 

Belmondo cabotine ? Oui. Mais avec talent. Et ça, on le prend. 

NOTE : 11.40

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