Vue le film Par Amour de Elize Otzenberger (2024) avec Cécile de France , Arthur Igual Antoine Chappey Darius Zarrabian Navid Zarrabian Victor Estivant Xiao Han Elise Atlan
Anna, mère de deux enfants et infirmière épuisée par un quotidien pesant, vit dans une petite ville côtière. Sa vie déjà difficile bascule lorsque Nathan, son fils aîné de 12 ans, disparaît un jour à la plage sans laisser de trace. Il réapparaît 48 heures plus tard, sain et sauf mais… différent. Silencieux, énigmatique, et habité par des visions qu’il ne comprend pas lui-même, Nathan se met à entendre des voix venues de l’eau, à parler de choses qu’il ne devrait pas savoir, et à manifester une relation étrange avec la mer. Anna, d’abord sceptique, s’enfonce dans le doute, l’inquiétude, puis une forme d’obsession qui va remettre en question toute son existence, son rôle de mère, et ses certitudes sur la réalité.
Avec Par amour, Élise Otzenberger signe un film à la croisée des genres : drame familial, thriller psychologique, et conte fantastique. Porté par une Cécile de France investie et nuancée, le récit explore la frontière trouble entre la folie et le merveilleux, entre ce que l’on voit et ce que l’on ressent.
Le cœur du film, c’est la parentalité mise à l’épreuve de l’inexplicable. Comment réagir quand son propre enfant devient un mystère vivant ? Comment croire ce qu’on ne comprend pas ? La réalisatrice brosse un portrait sensible de cette mère dont la rationalité vacille peu à peu, submergée par l'incompréhension et l'amour inconditionnel.
L’élément fantastique, discret mais omniprésent, s’incarne dans la figure de Nathan, dont les visions — voix, murmures, messages de l’océan — bousculent notre perception. Le spectateur oscille entre hypothèse psychiatrique et élan mystique. Est-il malade ? Traumatisé ? Ou bien touché par une force supérieure, une conscience que seuls les enfants savent écouter ?
L’eau, élément central du film, est métaphorique et sensorielle. Elle est source de vie, de peur, de révélation. Présente dans chaque plan, elle enveloppe l’intrigue d’un voile poétique. La mer n’est plus un simple décor : c’est un personnage à part entière, murmurante, changeante, inquiétante, presque divine.
La mise en scène épouse cette ambiance trouble. Le rythme est lent, contemplatif, mais jamais ennuyeux. Les silences sont habités, les regards éloquents. La photographie, froide et bleutée, renforce ce sentiment de déréalisation, comme si tout le film se déroulait à la lisière d’un rêve.
Mais là où Par amour séduit dans sa montée en tension, il trébuche dans son dernier acte. La révélation finale, censée donner sens à l’étrangeté ambiante, arrive trop brutalement, avec une explication un peu trop littérale pour un film qui avait si bien cultivé le doute. Ce basculement explicatif affaiblit l’expérience sensorielle et émotionnelle. Ce qui aurait pu être une conclusion ouverte, ambigüe et puissante, devient une forme de solution simpliste, presque paresseuse.
Cela dit, les performances sauvent en grande partie le propos. Cécile de France porte le film sur ses épaules, intense et crédible. Le jeune acteur jouant Nathan réussit à rester mystérieux sans en faire trop. Et les rôles secondaires, sobres et justes, donnent au film une épaisseur humaine précieuse.
Par amour est une œuvre à part, touchante et atmosphérique, qui interroge le lien filial à l’épreuve de l’inconnu. Si la conclusion laisse un goût amer, le film, par son ambiance, sa finesse psychologique et son audace narrative, mérite qu’on s’y attarde. On en sort troublé, un peu frustré, mais marqué. Un film imparfait mais habité.
NOTE : 12.50
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Élise Otzenberger
- Scénario : Élise Otzenberger, Maud Ameline, Mauricio Carrasco et Louise Groult
- Musique : Robin Coudert
- Décors : Sébastien Danos
- Costumes : Pauline Bertrand
- Photographie : Ludovic Zuili
- Son : Thomas Gastinel
- Montage : Joseph Comar
- Production : Marine Bergère et Romain Daubeach
- Coproduction : Chloé Ceotto-Servel
- Sociétés de production : Mamma Roman et Solab Films
- Sociétés de distribution : Tandem
- Cécile de France : Sarah
- Arthur Igual : Antoine
- Darius Zarrabian : Simon
- Navid Zarrabian : Louis
- Antoine Chappey
- Victor Estivant
- Xiao Han
- Elise Atlan

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