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dimanche 26 octobre 2025

9.20 - MON AVIS SUR LE FILM MARCHE OU CREVE DE FRANCIS LAWRENCE (2025)


 Vu le Film Marche ou Crève de Francis Lawrence (2025) avec Mark Hamill Davis Jonsson Cooper Alexander Hoffman Ben Wang Roman Griffin Davies Garret Wareing Charlie Plummer Judy Greer 

 

Le jeune Garraty va concourir pour "La longue marche," une compétition qui compte cent participants. Cet événement sera retransmis à la télévision, suivi par des milliers de personnes, mais ce n'est pas une marche comme les autres, plutôt un jeu sans foi ni loi. 

Le film s’ouvre sur une troupe para-militaire chargée de survivre dans un monde qui ne croit plus à rien. Rien de très « jambes de bois » (ni de pitrerie de scouts) ici : l’enjeu est brut, la marche est forcée, l’espoir dérisoire. Lawrence installe d’emblée un climat de dystopie où l’on sent que tout peut basculer — non pas dans une surenchère cathartique mais dans un glissement vers l’absurde, l’inévitable. Le scénario nous plonge dans un univers où l’espoir devient vain ; et c’est là que le film me heurte. Le thème est grave, pertinent — car les dystopies, si on n’y prend garde, peuvent se développer et s’accroître dans un monde qui « ne croit plus à rien ». Mais ce fond, je le trouve non seulement épouvantable, mais insupportable. 

Car ce que Lawrence nous donne n’est pas simplement un récit sombre : c’est un carnage sans discernement. Le sang coule « pour du sang » cdes scènes sales, dégueulasses, souvent gratuites dans leur représentation de la souffrance. On ne sent pas que le réalisateur aime son propos, ou du moins qu’il le vit avec nuance. On sent plutôt une mécanique de violence, froide, mécanique, dépourvue d’air. Il manque cette respiration, cette pause, ce moment de grâce — ou de répit — qui permettrait de ressentir la perte, la désillusion, la tragédie. Ici, tout s’étouffe dans la noirceur. D’où mon verdict : « un film détestable sur le fond, mitigé sur la forme ». 

Pourtant — et c’est presque un paradoxe — le film est sauvé à plusieurs reprises par ses comédiens. La présence de Mark Hammill (Mark Hammill) apporte une assise, un visage usé par le temps, un témoin de ce monde en ruine. Et les gamins — David Jonson, Cooper Alexander Hoffman, Roman Griffin Davis, Garrett Wareing Charlie Plummer — tous formidables, donnent vie à ces jeunes condamné·es à marcher, à souffrir, à subir. Ils sont la lumière — bien pâle peut-être — mais la seule lumière du film. Tout autour, le décor se fait étouffant. La mise en scène de Lawrence concentre ses efforts sur l’affliction, rarement sur l’espoir, et c’est précisément là que ça pose problème : quand on ne ménage aucun souffle, on finit par piétiner le spectateur. Le regard devient lassé, la douleur — attendue — perd de sa portée. 

Scénario : ok, l’idée est solide. Il y a ce désir de montrer l’effort, la contrainte, la disparition de l’innocence. Mais dans son fonctionnement, on reste dans une succession de séquences de souffrance, de perte, de recul sans réel moment de recul. Aucun passage ne permet de respirer, d’espérer — alors que paradoxalement le thème aurait pu s’y prêter. Le film se prive de toute ellipse poétique, de tout moment suspendu. Résultat : la représentation est efficace mais… vide. Le message finit par se débattre dans la forme comme dans le fond. Et c’est dommage. 

Concernant la mise en scène : visuellement, le film tient ses promesses en terme d’ambiance, d’atmosphère lourde, mais la caméra ne parvient pas à construire un paysage intérieur pour les personnages. On voit leur marche, leur souffrance, mais on ne ressent pas suffisamment leur désir. On perçoit la fin inéluctable, mais pas la tragédie intérieure. On manque d’intimité, de gros-plan salvateur, de respiration. Le rythme, souvent monotone, finit par rendre le spectateur plus passif que témoin. Le parti pris de dureté absolue est courageux, mais en l’absence de contraste il se retourne contre lui-même. 

Pour revenir au casting : Hammill impose une présence forte, l’un des rares à transcender le matériau. Les jeunes acteurs sont crédibles, attachants, et méritent qu’on remarque leur performance — ils supportent le poids du film. C’est peut-être grâce à eux que l’on reste jusqu’au bout. Ils apportent une humanité que le scénario ne cultive pas assez. Sans eux, ce film serait une simple démonstration d’horreur dystopique gratuite. 

 Marche ou crève est une œuvre dont le fond est abject — j’ai dit et je le répète « je n’ai pas de mots pour qualifier une telle abjection de scénario, de réalisation et une telle négation de toute humanité ». Et cependant la forme est mitigée : pas insupportable techniquement, mais insuffisante pour porter un tel propos. Les acteurs sauvent beaucoup. Mais la marche est trop longue, l’air trop rare, la lumière trop faible. Quand on quitte la salle, on ne se sent pas enrichi — juste vidé. Et ce vide, ce manque d’air, est peut-être la plus grande faute du film. 

NOTE : 9.20

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Francis Lawrence
  • Scénario : J. T. Mollner, d'après le roman Marche ou crève de Stephen King
  • Musique : Jeremiah Fraites
  • Direction artistique : Kathy McCoy
  • Décors : Nicolas Lepage
  • Costumes : Heather Neale
  • Photographie : Jo Willems
  • Montage : Mark Yoshikawa
  • Production : Francis Lawrence, Roy Lee, Cameron MacConomy et Steven Schneider
    • Production déléguée : K. Blaine Johnston, Mika Saito et Christopher Woodrow
  • Sociétés de production : Vertigo Entertainment et Media Capital Technologies
  • Sociétés de distribution : Lionsgate (États-Unis) ; Metropolitan Filmexport (France)

DISTRIBUTION

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