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samedi 4 octobre 2025

12.20 - MON AVIS SUR LE FILM PRIS AU PIEGE DE DARREN ARONOFSKY (2025)

 


Vu le Film Pris au Piège de Darren Aronofsky (2025) avec Austin Butler Zoe Kravitz Matt Smith Bas Bunny Liev Schreiber Nikita KouKouchkine Action Bronson Regina King Carol Kane Griffin Dune Vincent d’Onophrio 

Hank Thompson a été un joueur de baseball prodige au lycée, mais désormais il ne peut plus jouer. À part ça, tout va bien. Il sort avec une fille géniale, il est barman la nuit dans un bar miteux à New York, et son équipe préférée, donnée perdanteest en train de réaliser une improbable remontée vers le titre. Quand son voisin punk lui demande de s'occuper de son chat pendant quelques jours, Hank ignore qu'il va se retrouver pris au milieu d'une bande hétéroclite de redoutables gangsters. 

Pris au Piège de Darren Aronofsky est un objet filmique inattendupresque un ovni dans sa carrière. Quand on pense au cinéaste, on imagine plutôt des fresques hallucinées comme Requiem for a Dream, des plongées dans l’obsession (Black Swan), ou des méditations mystiques comme The Fountain. Le voir se lancer dans un polar d’action nerveuxpeuplé de flingues, de caisses qui explosent et de courses-poursuites saturées d’adrénalinec’est comme croiser un philosophe dans une rave-party : surprenantmais pas nécessairement déplacé. Le film, mine de rien, porte encore la marque de son auteur : une énergie fiévreuse, un montage qui coupe dans la chair, et une volonté de mettre le spectateur en tension permanente. 

L’histoire suit Eddie (Austin Butler), un jeune type qui se retrouve embarqué dans une spirale infernale après un braquage raté. Eddie, loin d’être un héros badass à la Guy Ritchie, est un corps meurtri, un esprit fragile, constamment sur la défensive. Aronofsky prend plaisir à le malmener, à l’entraîner dans une succession de traquenards et de coups tordus. Le spectateur, loin de jubilerfinit par éprouver une empathie réelle pour ce personnage : son visage tuméfiésa fatigue nerveuse, son regard qui supplie, tout cela nous le rend profondément humain. Butler, dans ce rôle, ne cabotine pas : il incarne la douleur dans ce qu’elle a de plus tangible. 

Autour de lui gravite une galerie de personnages savoureuxZoë Kravitz, dans le rôle de sa petite amie, incarne une présence à la fois rassurante et désespérée. Elle croit encore en luimais l’ombre du désastre plane sur leur relation, et chaque retrouvaille ressemble à une fuite en avantMatt Smithen voisin punk déjantéamène une touche de folie doucecomme un écho aux seconds rôles mémorables des frères Coen : imprévisibleinquiétantparfois comique malgré lui. Quant à Griffin Dunne, il campe un patron cynique, un homme qui semble toujours avoir une longueur d’avance sur Eddie, et qui manipule son entourage comme un joueur d’échecs fatigué mais dangereux. Les antagonistesdisséminés tout au long du récitsont volontairement caricaturaux : trafiquants véreux, flics borderline, caïds imprévisibles. Aronofsky se permet même quelques clins d’œil tarantinesques dans les dialogues et dans la manière de filmer des scènes de violence qui flirtent avec le grotesque. 

Visuellement, on retrouve par moments la grammaire Aronofsky : caméras accrochées aux personnages, gros plans hallucinés, montage syncopé. Mais il se laisse aussi aller à des compositions plus "cool", avec des ralentis, des plans-séquences élégants dans des parkings ou des arrière-salles cradesL’ambiance fin des années 90 est parfaitement restituée : musique électro-rock, téléphones portables à clapetfringues délavées, voitures tunées. On se croirait parfois dans un cousin américain de Snatchmais avec une noirceur plus existentielle. 

Le film fonctionne parce qu’il ne se contente pas d’être une copie  Guy Ritchie aurait misé sur l’humour et le fun, Aronofsky injecte une dose de malaise et d’angoisse  les Coen auraient cherché le burlesque, lui appuie sur la douleur physique et morale. Et dans cette alchimie bancale mais fascinante, on se retrouve avec une œuvre hybride, à mi-chemin entre le polar pop-corn et le drame existentiel. 

Alors oui, on peut s’interroger : qu’est-ce qui pousse Aronofsky à tourner un tel film ? Des impôts à payer, une envie de respirer en sortant de ses grands projets métaphysiquesou simplement un défi personnel ? Qu’importe : le résultat est plus qu’honorable. On en ressort étonnéparfois dubitatifmais jamais ennuyé. 

Pris au Piège est un film nerveux et cool, qui porte la patte de son auteur tout en flirtant avec des univers qui ne sont pas les siens. Aronofsky y réussit une greffe improbable : celle de la réflexion existentielle et du film d’action survitaminéGrâce à Austin Butler, véritable colonne vertébrale du récit, le film garde une intensité émotionnelle qui l’élève au-dessus du simple exercice de style. 

NOTE ; 12.20

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