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dimanche 26 octobre 2025

13.10 - MON AVIS SUR LA SEIR CULTE TO BE 3 DE YAEL LANGMANN

 


Vu la Série Culte TO be 3 de Yael Langmann (2025) avec Antoine Sibony Namory BakayokoMarin Judas-Bouissou Daphné Burki Gladys Gambie Marc Robert Grégory Montel Franck Delay Adrien Dantou Ludmilla Makowski Cécile Cassel 

 

 

Longjumeau, 1996. Filip, Adel et Frank, meilleurs amis de toujours, rêvent de franchir les murs de leur ville de banlieue. Partis de rien mais portés par une volonté hors normes et des corps de statues grecques, ils vont tordre le bras au destin pour devenir les 2Be3 : le tout premier boys band français, les héros d’une France trop heureuse de tomber amoureuse de ces trois garçons qui lui ressemblent. 

Fans en délire, concurrence ultra agressive, surexposition médiatique… Plongés dans le tourbillon du succès, ils vont aussi faire l’expérience d’une industrie impitoyable qui ne voit en eux qu’un produit jetable. Parviendront-ils à survivre à leur rêve et rester fidèles à leur amitié ? 

Avec Culte – To Be 3, Yaël Langmann s’attaque à un phénomène aussi populaire qu’éphémère : l’ascension fulgurante puis la chute brutale du boys band To Be 3. La série ne cherche pas à déboulonner un mythe ni à sanctifier un souvenir ; elle le dissèque. Ce qui aurait pu tourner au simple produit nostalgique prend ici la forme d’un récit humain sur la gloire, le vide qu’elle cache, et les dégâts qu’elle laisse derrière elle. 

L’histoire suit Filip, Adel et Frank, trois amis de Longjumeau qui croient en leur destin et voient soudain le rêve se matérialiser : plateaux télé, fans en transe, merchandising, tubes calibrés pour Hit Machine. Mais le vernis craque vite. Le scénario montre, sans détourner le regard, l’envers d’un système qui transforme des garçons en marque, des corps en arguments commerciaux, et un sourire en business model. Car au-delà des projecteurs, il y a les « conseillers », les agents, les profiteurs, ceux qui gravitent autour de Filip pour ses abdos ou pour le fric qu’il génère. La série ne nomme pas tout, ne révèle pas toutes les ombres, mais suggère assez pour que l’on comprenne. 

Au centre du récit, Filip Nikolic apparaît comme le cœur battant et brisé de cette aventure. Rayonnant en façade, fragile en profondeur, il devient l’incarnation d’un succès trop lourd pour lui. La mise en scène, pudique, refuse le sensationnalisme ; elle filme l’illusion, puis lentement sa décomposition. On retrouve les codes visuels et médiatiques des années 90, mais Langmann évite le kitsch : la nostalgie n’est jamais un prétexte, elle sert le propos. 

La plus grande réussite repose sur l’interprétation d’Antoine Simony, déjà remarqué dans Été 85. Il trouve ici un rôle à sa mesure : il ne copie pas Filip, il l’habite. Physique, sourire, posture, failles : tout sonne juste. Il capte la lumière mais montre aussi la fêlure, et porte la série sur les épaules. Le reste du casting joue avec sobriété, à l’exception notable de Daphné Bürki, en productrice, dont la présence détonne. Ses apparitions cassent le ton, comme si elle venait d’une autre série. Pour qui en avait déjà assez de la voir surexposée pendant les JO 2024, la pilule est encore plus amère : c’est l’erreur de casting la plus flagrante. 

Le scénario, bien construit, prend le parti de la retenue. On suit l’ascension, l’euphorie, puis l’enfermement, jusqu’au désenchantement final. Le choix de ne pas tout révéler frustre parfois, mais on comprend l’intention : respecter sans trahir, raconter sans violer l’intime. Ce positionnement, cohérent, sert le portrait d’un milieu plus que le règlement de comptes. 

Culte – To Be 3 est une série agréable, sincère et touchante, qui offre un regard lucide sur le star-system des années 90 et redonne un visage humain à Filip Nikolic. Sans complaisance, sans cynisme, elle rappelle ce que beaucoup avaient oublié : derrière les chorégraphies et les cris des fans, il y avait un gamin qui rêvait — et qu’on a laissé se brûler à la lumière. 

NOTE : 13.10



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