Vu le Film Robocop 2 de Irvin Kerchner (1990) avec Peter Weller Nancy Allen Dan O’Herlily Tom Noonan Belinda Bauer Robert Doqui Gabriel Damon
Alors que la police est en passe d'être en grève, une bande de malfrats attaque un magasin d'armes, mais Robocop arrive sur les lieux et les neutralise. Il demande à un des malfrats où se fabrique le Nuke, une drogue très dangereuse ; celui-ci, sous la contrainte, lui indique l'endroit. Robocop s'y rend et y fait une descente. Il y retrouve Caïn, Angie et Hob, secondé plus tard par sa collègue Lewis attirée par les coups de feu. Ils parviennent également à sauver un enfant qu'une fabricante clandestine avait laissé auprès d'elle.
On est passé d’un créateur visionnaire à un réalisateur exécutant : il n’y a pas de mystère, RoboCop 2 n’est pas conçu par Paul Verhoeven mais par Irvin Kershner, cinéaste solide, pro, mais ici guidé par la commande. Résultat : on troque la dissection psychologique, acide et quasi christique du premier épisode pour un récit qui fonce dans le tas. L’introspection passe à la trappe, les balles et les explosions, elles, ne manquent jamais. La nuance ? Moins que dans un spot publicitaire d’OCP.
L’histoire reprend pourtant une idée brillante : la ville de Detroit étouffe sous la drogue et la criminalité, tandis qu’OCP rêve de rentabiliser RoboCop en produisant une nouvelle version, plus puissante, plus impressionnante… et surtout plus profitable. Alex Murphy, toujours campé avec dignité par Peter Weller, reste un flic-cyborg déchiré entre souvenirs humains et directives robotiques, mais cette fois, le film préfère le transformer en rempart de titane plutôt qu’en tragédie grecque.
Face à lui, Nancy Allen reprend son rôle en coéquipière fidèle, pendant que les pontes d’OCP, cyniques comme des banquiers en solde, préparent leur “Robocop 2” : un monstre métallique alimenté par le cerveau d’un criminel drogué. Et là, le film dit sa vérité : il reproduit dans son scénario ce qu’il vit en tant que suite — refaire la même chose, mais plus gros, plus clinquant, quitte à s’autodétruire. La scène des prototypes ratés, qui se suicident devant le conseil d’administration, résume tout : satire, désespoir et auto-critique. Verhoeven aurait souri. Ou crispé. Peut-être les deux.
La mise en scène de Kershner va jusqu’au bout : violence graphique, rythme sans pause, décors déglingués, corps broyés et métal qui hurle. C’est bourrin, mais assumé. Le film refuse la finesse, quelques fois au bord du grotesque, mais il tient sa ligne : si on ne peut pas égaler l’esprit du premier, autant pousser le curseur jusqu’à la rupture. De ce point de vue, respect : RoboCop 2 est un film kamikaze.
Certes, l’émotion se fait plus rare, les enjeux humains moins puissants, et l’humour noir moins inspiré. Mais il reste une suite cohérente dans son excès, un miroir déglingué de l’original. Ni honteux, ni trahison : plutôt un prolongement suicidaire, un enfant muté qui a voulu ressembler à son père… et s’est brûlé les circuits.
Pas le génie de Verhoeven, mais un jusqu’au-boutisme qui, lui, force le respect. RoboCop 2, c’est la suite qui fonce, qui explose, qui se répète, qui se critique elle-même — et qui finit par exister, cabossée, mais debout.
NOTE : 11.90
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Irvin Kershner
- Scénario : Frank Miller et Walon Green, d'après une histoire de Frank Miller, d'après les personnages créés par Edward Neumeier et Michael Miner
- Musique : Leonard Rosenman
- Direction artistique : Pamela Marcotte
- Décors : Peter Jamison et Ronald R. Reiss
- Costumes : Rosanna Norton
- Directeur de la photographie : Mark Irwin
- Son : Edward Tise
- Montage : Armen Minasian, Lee Smith et Deborah Zeitman
- Production : Jon Davison
- Producteur délégué : Patrick Crowley
- Producteurs associés : Phil Tippett et Jane Bartelme
- Sociétés de production : Orion Pictures et Tobor Productions
- Distribution : Orion Pictures (États-Unis), 20th Century Fox (France)
- Peter Weller (VF : Jean-Luc Kayser) : Alex Murphy / RoboCop
- Nancy Allen (VF : Marie-Christine Darah) : l'officier Anne Lewis
- Dan O'Herlihy (VF : Roland Ménard) : le président de l'OCP, dit « le vieil homme »
- Tom Noonan (VF : Joseph Falcucci) : Cain
- Belinda Bauer (VF : Anne Deleuze) : Dr Juliette Faxx
- Robert DoQui (VF : Jean-Pierre Moulin) : le sergent Warren Reed
- Gabriel Damon (VF : Emmanuel Garijo) : Hob
- Felton Perry (VF : Guy Chapellier) : Donald Johnson
- Willard E. Pugh (VF : Nicolas Marié) : le maire Kuzac
- Jeff McCarthy (VF : Edgar Givry) : Holzgang
- Galyn Görg (VF : Céline Monsarrat) : Angie
- Ken Lerner : Tom Delaney
- Michael Medeiros : Catzo
- George Cheung (VF : Vincent Violette) : Gilette
- Stephen Lee (VF : Marc Alfos) : le sergent Duffy
- Phil Rubenstein (en) (VF : Antoine Marin) : Poulos
- John Doolittle (VF : François Leccia) : Dr Schenk
- Roger Aaron Brown (VF : Tola Koukoui) : l'officier Whittaker
- Tzi Ma (VF : Daniel Lafourcade) : Tak Akita
- Wanda De Jesus (VF : Tamila Mesbah) : l'officier Estevez
- Mario Machado (VF : Yves-Marie Maurin) : Casey Wong
- Leeza Gibbons : Jess Perkins
- Mark Rolston : Stef
- Thomas Rosales Jr. : Chet
- Brandon Smith : Flint
- John Glover : le vendeur de Magnavolt
- Frank Miller : Frank, technicien du laboratoire de Cain (caméo, non crédité)
- Gage Tarrant (VF : Emmanuèle Bondeville) : une prostituée
- Wayne Dehart (VF : Pascal Renwick) : le vendeur de hot-dogs
- Carl Ciarfalio (VF : Pascal Renwick) : l'un des membres d'un gang qui dévalise l'armurerie au début du film

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