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mardi 7 octobre 2025

17.80 - MON AVIS SUR LE FILM UNE BATAILLE APRES L'AUTRE DE PAUL THOMAS ANDERSON (2025)


 Vu le Film Une Bataille Après l’Autre (One Battle After Another) de Paul Thomas Anderson (2025) avec Léonardo Di Caprio Sean Penn Benicio Del Toro Regina Hall Chase Infiniti Teyana Taylor Alana Haim Wood Harris Tony Goldwyn 

Pat Calhoun, dit « Ghetto Pat », et Perfidia Beverly Hills sont membres d'un groupe révolutionnaire d'extrême-gauche, les French 75. Libérant des migrants d'un centre de détention en Californie, Perfidia en profite pour humilier le commandant de la base, le capitaine Steven J. Lockjaw, qui développe une fascination sexuelle pour elle. Pat et Perfidia deviennent amants tandis que les French 75 attaquent des bureaux de politiciens, des banques et même le réseau électrique. Pendant une opération, Lockjaw surprend Perfidia en flagrant délit de pose d'une bombe, mais la libère après qu'elle ait accepté une relation sexuelle dans un motel le soir même. 

Il y a des films qu’on prend en pleine face dès la première minute, qui vous happent et vous tiennent par les corones pendant 2 h 40. Une Bataille après l’autre, le nouveau long métrage de Paul Thomas Anderson, fait partie de ceux-là — un film-monde, à la fois brut, poétique et ravagé. Anderson y retrouve sa grandeur tragique : celle d’un cinéaste capable de mêler l’intime au politique, la chair à l’idée, la fureur à la grâce. 

Le film s’ouvre sur le tumulte d’une révolte urbaine dans une Californie asphyxiée. Les images, filmées à hauteur d’homme, mêlent la poussière, les cris, la sueur. Bob Ferguson (Leonardo DiCaprio), ancien professeur d’histoire devenu militant anarchiste, mène un groupe armé contre les forces autoritaires d’un État vacillant. Face à lui, le Colonel Lockjaw (Sean Penn), vétéran impitoyable, incarne la rigidité d’un ordre en décomposition. Ce duel entre deux absolus, deux visions irréconciliables du monde, porte tout le premier acte. 

Entre ces pôles s’immisce Perfidia (Teyana Taylor), jeune insurgée à la lucidité désarmante. Leur rencontre — filmée par Anderson dans un long travelling tournoyant — bouleverse l’équilibre. Une tendresse inespérée naît au milieu du chaos. Mais Perfidia, tombée enceinte, choisit de fuir : trahison aux yeux de ses camarades, hérésie pour la cause. Elle devient alors la cible de tous, poursuivie autant par Ferguson que par Lockjaw, dans une Amérique en flammes. 

La première partie du film s’achève dans le désert mexicain. Perfidia accouche seule, dans un camion abandonné. Anderson filme ce moment dans un silence total, baigné de lumière blanche : un accouchement comme un sacre, une délivrance et une mort à la fois. Quelques minutes plus tard, Perfidia s’éteint, laissant derrière elle un nourrisson et une lettre adressée à un père qu’elle n’a pas pu sauver. L’écran s’assombrit. Le générique intermédiaire apparaît, presque religieux. 

Seize ans passent. 
Et le film renaît — littéralement. Nouvelle lumière, nouveaux décors, autre tempo. C’est désormais Willa, la fille de Perfidia, qui en est le centre. Chase Infiniti lui prête ses traits et sa présence magnétique : un mélange d’innocence blessée et de colère silencieuse. Elle erre dans un monde brisé, entre ruines industrielles et routes désertes. Les révolutions d’hier ont laissé place à un paysage de ruines, et Lockjaw, toujours en vie, dirige une milice vouée à effacer les derniers témoins du soulèvement. 

La relation entre Willa et Lockjaw est d’une intensité saisissante. Il la poursuit sans comprendre qu’elle est l’enfant de celle qu’il avait jadis traquée. Anderson installe ici un jeu de miroir saisissant : Willa incarne l’avenir que Lockjaw refuse de voir, le fruit même de cette violence qu’il pensait contenir. Chaque rencontre, chaque silence, chaque échange de regard devient une menace. 

En parallèle, Ferguson, vieilli, rongé par la culpabilité, refait surface. Anderson le filme comme une apparition : un homme détruit, marginal, vivant dans la pénombre d’un garage en bord de mer.  le film atteint une émotion rare. DiCaprio, visage creusé, voix cassée, offre une performance d’une justesse bouleversante. C’est un rôle de fin du monde, à la fois testamentaire et rédempteur. 

Anderson montre dans ce dernier acte des idéologies qui se croisent puis de rassemblent , Lockjaw à la poursuite de Ferguson et de Willa est-il le seul décisionnaire , ne pas y croire sera son tombeau.  

Après une séquence de poursuite dans le déser mexicain avec des plans ahurissant de cette route au milieu du vide est exceptionnelle tout comme le purgatoire de Lockjam; 

La musique de Jonny Greenwood s’élève, entre lamentation et délivrance. Fergusson et Willa pourront reprendre leurs vies avant un nouveau combat un jour après l’autre 

Les acteurs sont tous au sommet de leur art. DiCaprio, intense, compose un Ferguson halluciné, presque mystique. Sean Penn, en Colonel Lockjaw, livre un rôle d’anthologie : figure de domination, mais aussi de solitude, de peur, de déclin. Teyana Taylor, magnifique dans la première partie, incarne Perfidia avec une intensité rare — femme, mère et martyre tout à la fois. Et Chase Infiniti, révélation absolue, donne au film sa respiration finale : fragile, combative, d’une présence magnétique qui traverse l’écran. 

La mise en scène, d’une précision chirurgicale, est un chef-d’œuvre à elle seule : plans-séquences fluideslumière de Robert Elswitmontage organiquerythme musical. Anderson construit son film comme une symphonie : chaque époque est un mouvement, chaque image une note. Le son, la couleur, la poussière deviennent des éléments narratifs à part entière. 

Une Bataille après l’autre est un film sur la transmission et la transformation. Il raconte comment les révolutions enfantent leurs fantômes, comment la violence se transmet par le sang. Anderson, avec sa virtuosité habituelle, filme la filiation comme une métaphore de l’Amérique elle-même : un pays né dans la révolte, condamné à rejouer sans fin ses propres guerres. 

En sortant de la salle, on a la tête qui tourne. On reste saisi par l’ampleur, par la beauté, par la mélancolie de ce film-monde. Une Bataille après l’autre n’est pas seulement un chef-d’œuvre de mise en scène — c’est une expérience, une traversée, une brûlure. 
Paul Thomas Anderson signe ici une œuvre totale : politique, charnelle, spirituelle. Un film qui vous prend par les tripes, et vous les tord jusqu’à l’éblouissement. 

NOTE : 17.80

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation et scénario : Paul Thomas Anderson, basé sur le roman Vineland de Thomas Pynchon
  • Directeurs artistiques : Andrew Max Cahn et May Mitchell
  • Décors : Florencia Martin
  • Costumes : Mark Bridges
  • Photographie : Michael Bauman
  • Montage : Andy Jurgensen
  • Musique : Jonny Greenwood
  • Producteurs : Paul Thomas Anderson, Sara Murphy et Adam Sommer
    • Producteur exécutif : Will Weiske
  • Société de production : Ghoulardi Film Company
  • Société de distribution : Warner Bros. Pictures
  • Budget : 130–175 000 000 $

DISTRIBUTION

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