Vu le Film 6 Jours de Juan Carlos Medina (2024) avec Sami Bouajila Julie Gayet Anne Azoulay Yannick Choirat Philippe Résimont Dimitri Storoge Manon Azem Marilyne Canto Olivia Bonamy Gilles Cohen
Nord de la France, 2005 : Malik, inspecteur de police, assiste impuissant à la mort d’une enfant suite à un kidnapping. En charge de l’enquête, il échoue à retrouver le meurtrier. DIX ANS PLUS TARD, sans élément nouveau, sans trace d'un dangereux criminel qui court toujours, l'affaire s’apprête à être classée définitivement. Mais quand de nouveaux faits en lien avec l’affaire se révèlent, Malik entame une course contre la montre dans l’espoir de résoudre l'enquête avant l’expiration du délai de prescription. Dans Six Jours. C’est le temps qui lui reste pour retrouver le coupable.
6 Jours a tout d’un paradoxe : film de production française, réalisateur américain, remake d’un film coréen frustrant inaccessible en France. Et c’est peut-être là que tout se fissure. Medina tente de reproduire l’ADN du thriller coréen – pluie diluvienne, photo poisseuse, ambiance sombre et oppressante – mais à force d’imiter, le film oublie d’exister par lui-même. On coche les cases, mais on ne ressent rien. L’âme s’est évaporée quelque part entre Séoul et Paris.
Le plus gênant, c’est la mise en scène, d’une étonnante platitude. On a l’impression de regarder un téléfilm TF1 du mardi soir, avec ce qu’il faut de blue filter et de faux rythme pour paraître « cinéma », sans jamais atteindre le souffle qu’il prétend. Le montage confus, des ellipses bancales, et même des bourdes visuelles – comme ce passage absurde d’une soirée à une nuit profonde sur une même route, même voiture, même décor – finissent d’achever la suspension d’incrédulité. On sourit, parfois jaune, devant ces incohérences qu’on ne devrait jamais avoir à remarquer.
Le scénario, lui, se contente d’un déroulé sans surprise. On voit le coupable arriver comme si son nom était écrit sur son front. Les retournements n’en sont pas, l’émotion n’affleure jamais, et le fameux « morceau de bravoure sous la pluie », censé être le sommet dramatique, tombe à plat tant sa logique interne s’écroule. On devine une histoire qui aurait pu être émouvante, tendue, élégante… mais qui reste à l’état d’esquisse.
Et pourtant, les comédiens font le job. Eux sauvent ce qui peut encore l’être. Ils jouent juste, ils s’investissent, ils donnent de la densité à des personnages que le script maltraite. On aurait voulu les voir sublimés par une mise en scène inspirée ; ils finissent coincés dans un film qui ne les accompagne pas.
Au fond, 6 Jours donne l’impression d’un projet pressé, bricolé, comme si la production avait manqué de temps ou de recul. Le film laisse derrière lui beaucoup de regrets : de bonnes idées, une histoire potentiellement forte, mais un résultat sans élégance, sans émotion, sans respiration, qui s’écroule dès qu’on regarde le cadre ou la timeline de trop près.
À voir, peut-être, un soir à la TV s’il n’y a vraiment rien… mais alors vraiment rien. Un thriller qu’on consomme distraitement, faute de mieux, et qu’on oublie aussitôt.
NOTE : 7.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Juan Carlos Medina
- Scénario : Denis Brusseaux et Guillaume Mautalent avec la collaboration de Juan Carlos Medina, d'après le film original de Jeong Guen-seop
- Musique : Johan Söderqvist
- Décors : Philippe Chiffre
- Costumes : Emmanuelle Youchnovski
- Photographie : Renaud Chassaing
- Son : Antoine Deflandre
- Montage :
- Production : Thierry Desmichelle, Rémi Jimenez, Éric Laroche, Evelyne Quesnel, Raphaël Rocher et Nicolas Rolland
- Coproduction : Guy Boutros, Véronique Bénabou, Julia Gabreau, Daniela Romano, Jérôme Rougier et Bastien Sirodot
- Production déléguée : David Giordano
- Sociétés de production : Empreinte Digitale
- Sociétés de distribution : SND
- Sami Bouajila : Malik
- Julie Gayet : Anna
- Anne Azoulay : Catherine
- Yannick Choirat : Fred
- Philippe Résimont : Frank
- Dimitri Storoge : Joubert
- Manon Azem : Nowak
- Marilyne Canto : Le Goff
- Olivia Bonamy : Juge Salvo
- Gilles Cohen : Commissaire Da Costa

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